Interfaces tangibles : à quoi nos gestes vont-ils servir ?

interactivegestures.jpgPour Dan Saffer, designer chez Adaptive Path, les designers d’interactions sont en passe de définir les principes fondateurs de nouveaux outils qui risquent d’être aussi importants que ceux définis dans les années 60 et 70 – et que nous utilisons toujours – comme ceux conçus par Larry Tesler (l’inventeur du copier-coller), Doug Engelbart (l’inventeur de la souris, des fenêtres, de la sélection, du pointeur et du clic) ou Tim Mott (l’inventeur de la métaphore du bureau d’ordinateur). D’où l’idée d’un manifeste pour mieux comprendre la grammaire des mouvements, d’un « appel à la mobilisation générale des designers d’interactions » :

« Nous avons besoin non seulement d ‘identifier nos gestes courants et ce qu’ils pourraient signifier en interaction avec une grande variété d’outils et d’environnements, mais aussi de prototyper et documenter ces gestes. Maintenant que la Wii et l’iPhone ont fait connaitre les interactions physiques auprès du grand public, il est temps d’approfondir et de commencer à faire un effort pour définir et documenter un ensemble commun de mouvements qui pourraient être utilisés pour innover sur une grande variété de plates-formes. »

Les designers doivent se placer à l’origine de ce basculement vers de nouvelles interfaces, plutôt que se mettre à la remorque des technologies, explique-t-il. Dans le cas contraire, les fournisseurs de technologie continueront comme aujourd’hui à nous imposer leurs manières de voir. Devrons-nous nous souvenir de gestes différents selon l’outil que nous utilisons ? Selon sa fonction plus que selon sa marque ? Des normes et des bibliothèques de modèles aideraient à y voir clair précise-t-il. Que doit-on associer à un geste circulaire ? A un mouvement de doigt vers l’avant ? Comme il le dit dans l’interview que lui consacre ReadWriteTalk : « Je pense que c’est quelque chose de très important pour les designers d’interactions, autrement, nous risquons de nous perdre avec une centaine de façons différentes d’allumer notre télévision : suis-je face à une télé Microsoft où je dois claquer des doigts trois fois où suis-je face à une télé Apple où il me faut faire un cercle avec mon doigt ? »

Et d’en appeler à la construction de standards, ou, a minima, à un travail partagé de recensement des schémas gestuels émergents. Il souhaite demander à l’Association des designers d’interaction, au bureau de laquelle il siège, de dégager des ressources dans ce but. En attendant mieux, Dan Saffer a ouvert un wiki pour commencer la collecte et la documentation.

Via Nicolas Nova.

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. Par rapport aux fondations historiques rappelées ici, constatons quand même que la gestuelle fait partie de la proposition d’usage et constitue en elle-même un élément de différentiation (pensez à la molette de l’iPod).
    En même temps, les écrans multipoints sont industrialisés depuis un certain temps et les gestes qu’ils acceptent n’ont pas attendus d’être standardisés. C’est important de faire un état des lieux, mais ça me semble donc difficile de définir des standards, on peut au moins se mettre d’accord sur la fonction de l’instrumentation déjà disponible. À ce propos, constatons déjà les manques, ainsi sur l’iPhone le copier-coller ou la sélection.

  2. Tout à fait Alexis. On pourrait faire d’autres critiques d’ailleurs, comme celles que signalent Joss d’IHM-Media sur le blog de Nicolas Nova : les interfaces gestuelles ne sont pas auto-révélantes, c’est-à-dire qu’on ne connait pas forcément leur mode d’emploi – et que si on le connaissait, il ne serait peut-être pas évident à accomplir exactement -, et elles ne donnent pas forcément confirmation que l’action a bel et bien été accomplie.

    Oui, elles sont aujourd’hui des éléments de différentiation et c’est ce qui me semble difficile dans le projet de Dan Saffer. Aujourd’hui, les interfaces gestuelles et les fonctions associées sont des éléments différentiants et je pense qu’elles le sont encore pour quelques années : mais pour combien de temps ? Peut-on croire effectivement, à long terme, que ce secteur n’ait pas besoin de standards ? Quand on regarde par exemple cette télévision qui se pilote avec les mains, on se dit que se passe-t-il quand le concurrent développe son modèle selon un autre code ? Peut-on personnaliser le modèle, comment ?…

    Si on accepte que l’informatique sorte de l’informatique (Everyware), il va bien falloir un peu plus documenter tout ce qui s’y rapporte et qui ne tient pas de l’informatique. Allons plus loin, que se passe-t-il si, dans une salle de contrôle du futur, je frappe trois fois des mains pour applaudir un ami et toutes les télés s’éteignent ? Assurément, si l’informatique va au-delà de l’informatique, pourrons-nous reposer seulement sur des standards techniques ? Est-ce que la standardisation ne va pas envahir d’autres de nos pratiques ?