Quand tout est média

L’agence de design Berg et l’agence de communication créative Dentsu London avec l’aide du designer Timo Arnall ont publié une intéressante réflexion sous forme de deux petits films (1re vidéo, 2nde vidéo) pour montrer comment s’envisage un avenir où tout est média.

Comment les médias vont-ils être amenés à se déplacer sur toutes les surfaces de notre vie quotidienne ? Comment vont-ils nous parler plus souvent – et peut-être plus silencieusement ?

Dans le premier film, ces médias « d’importance secondaire » (incidental media) partent du présupposé que toutes les surfaces, tous les objets ont une connectivité et plutôt que d’êtres un canal supplémentaire où se déverse l’information, chacun s’adapte au contexte, aux personnes et aux environnements des utilisateurs. Que se passerait-il si les programmes télé contenaient aussi des services et des informations en provenance de notre réseau social ? Si nos écrans écoutaient la radio pour afficher des images relatives à ce que nous écoutons ? Si les facturettes imprimaient des informations provenant de réseaux sociaux géolocalisés ou de nos sites d’information préférés ? Si les vitrines des magasins volaient les couleurs des vêtements des passants pour contextualiser les produits qu’elles proposent ?

Media surfaces : Incidental Media from Dentsu London on Vimeo.

Le second film, le Voyage, observe la panoplie de médias utilisables dans une gare : écrans, tickets, morceaux de documents imprimés de manière éphémère… Le but est de rendre le voyage plus familier, moins stressant, peut-être plus agréable en se contextualisant en permanence par l’intégration de l’ombre informationnelle qui accompagne chacun d’entre nous.

Media surfaces : The Journey from Dentsu London on Vimeo.

Certes, la vision subtile et poétique que proposent les designers est assez éloigné de celle très agressive imaginée par le film Minority Report, et souligne les limites de notre capacité d’attention via des surfaces médiatés qui deviennent ignorables, accidentelles, fortuites. Si les designers ont affiché des principes à leur réalisation (les médias secondaires sont censés ne pas être interruptifs, être sensibles au contexte plutôt qu’intrusif, être créatifs et magiques plus qu’efficaces ou rapides), il n’est pas sûr que cette présence des médias dans tous nos environnements soit complètement enchanteresse pour autant. Peut-on vraiment présenter des messages et des écrans – avec leur scintillement et leurs défilements permanents qui attirent l’oeil – comme étant ignorables, comme autant d’information qu’on ne regarde pas ? Peut-être est-ce le cas dans un monde où ils sont partout effectivement, où les flux sont devenus si nombreux qu’ils se vident en partie de sens… C’est peut-être cela que réussissent le mieux ces vidéos : montrer que l’information est devenue un océan omniprésent sur lequel surfe notre indifférence au monde.

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0 commentaires

  1. Toute surface médiatise quelque chose, c’est le principe de la pulsion scopique… Que les marketeux s’en empare un jour ou l’autre n’a rien d’étonnant, maintenant il s’agit effectivement de se demander comment bien le faire et comment nos sacrosaintes et traditionnelles règles du « message » vont s’adapter à ces nouveaux environnements, nouvelles éthiques, nouvelles opportunités.
    http://www.plurial.pro/article-50-realite-augmentee-la-revanche-du-corps

  2. Important article. L’avènement du 5e écran est poussée à son paroxysme (pour l’heure !). Maintenant, la question bascule dans les contenus. S’agit-il de sur information comme le formule Hubert Guillaud ou d’un renversement de l’attention ? C’est l’individu qui organise l’égocentrisme de son attention. Une théorie de l’attention « discriminée ». Je ne vois que ce qui appelle mon attention.

  3. intéressant.. hyper connecté mais zen quand même, la technique se fait de plus en plus discrète dans cette vision, seule l’information émerge délicatement.. j’aime bien

  4. … « Peut-on vraiment présenter des messages et des écrans – avec leur scintillement et leurs défilements permanents qui attirent l’oeil – comme étant ignorables, comme autant d’information qu’on ne regarde pas ? »

    Cela me fait penser à une chose toute bête : les télécommandes des télés ont un bouton pour couper le son, mais aucun bouton du même type pour couper l’image (en conservant le son).
    Ce primat de l’image « obligatoire » est si pregnant que l’on n’y a même pas pensé apparemment.

    Pourtant pour moi cela a un intérêt réel.
    Il y a des débats politiques ou des concerts retransmis à la télé ou l’image est parfaitement inutile, voire est gênante.
    Il y a une émission, le soir tard, je ne sais plus sur quelle chaine, où un acteur, assis dans un fauteuil, lit un roman. Le fait qu’il y ait l’image de cette personne assise, comme une présence non désirée, me gêne pour écouter l’histoire qui est racontée.
    On me dira que la radio existe, mais à la radio… je sais couper l’image 😉