New York comme plateforme

Il n’est pas étonnant que ce soit sous le mandat de Mike Bloomberg que New York ait adopté une approche plus orientée donnée, estime Alex Howard pour O’Reilly Radar, car c’est sur cette déclaration de mission que Bloomberg a fondé son entreprise de données financières. En effet, à l’origine Mike Bloomberg a fondé sa société avec la conviction que l’accès à l’information transformerait les marchés. Est-il en passe d’user du même crédo pour la ville de New York dont il est maire ?

En quelques années, New York est devenu l’épicentre de nombreuses expériences en matière de gouvernance, de participation citoyenne, de budgets participatifs, rappelle Alex Howard… Tant et si bien que New York voit son avenir comme une plateforme de données.

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C’est en tout cas l’idée que défendait Rachel Sterne, responsable des développements numérique de la ville, lors de la conférence Strata 2011 qui se tenait en septembre à New York (vidéo et Présentation).

La stratégie numérique de New York se concentre sur l’accès à la technologie, le gouvernement ouvert, l’engagement et l’industrie. « L’industrie est importante, car nous avons besoin de nous assurer que le secteur privé dispose de tous les supports dont il a besoin pour grandir, s’épanouir et contribuer à créer des solutions qui aideront les autorités locales à mieux servir le public », a déclaré Rachel Sterne.

Pour Rachel Sterne, les données font évoluer le gouvernement en le conduisant à répartir ses ressources de manière plus efficace, mais également en apportant une réalisation plus aboutie et une meilleure réponse en temps réel aux besoins des citoyens. Lors de sa présentation, elle a évoqué bien sûr de nombreuses initiatives portées par la ville, comme celle sur les horaires de bus de l’autorité métropolitaine du transport, qui a été développé localement en open source à très faible coût. Elle a évoqué également comment la ville, en interne, utilise l’analyse prédictive pour construire une application basée sur les violations au code de la construction et des données de logement pour mieux comprendre les risques potentiels d’incendies sur la ville. Pour Sterne, la présence de la ville sur plus de 200 plateformes sociales doit être vue comme un standard numérique, semblable à un standard téléphonique, via lequel les citoyens peuvent poser leurs questions et via lequel les fonctionnaires les dirigent vers les ressources appropriées. Pour Sterne, le plus intéressant dans ce mouvement c’est comment les gens s’informent les uns les autres : « La ville ne doit vous dire quoi faire, mais doit créer un forum pour que la conversation ait lieu ». C’est ainsi que la ville développe plusieurs interface pour que les gens puissent s’adresser à elle ou trouver plus facilement des réponses à ses questions, comme NewYork always asking ou des moteurs de recherche sémantisés comme How we can help (dont une autre version existe), qui sont tout trois en développement.

En mai 2011, quand New York a publié sa feuille de route numérique (.pdf), le fondateur d’ExpertLabs qui aide les citoyens ordinaires à participer aux décisions des autorités locales, Anil Dash, soulignait quelque chose d’important : dans cette feuille de route, la ville pensait le web comme un espace public. Ce qui a de profondes implications sur la façon dont il doit être régulé, traité ou décrit : « Les plus grandes villes du monde devraient traiter les espaces publics partagés en ligne aussi sérieusement qu’ils traitent les espaces publics dans le monde physique. »

Rachel Sterne en parlant de New York évoque la ville comme plate-forme, à la manière dont Tim O’reilly évoquait le gouvernement comme plateforme. La ville de New York doit atteindre le potentiel d’une plate-forme de la même manière que des plateformes commerciales, estime Rachel Sterne. « Comment New York, avec l’énorme quantité de données et de ressources dont elle dispose, peut-elle se penser de la même façon que l’écosystème d’API de Facebook ou de Twitter ? » Cela doit nous permettre de produire une expérience de gouvernement plus centrée sur l’utilisateur, répond-elle, car l’enjeu n’est pas seulement la consommation, mais la coproduction de services publics et de démocratie. Pour Carole Post (vidéo), responsable du département des technologies de l’information et des télécommunications de New York, « la ville doit se considérer comme l’intendant des données qu’elle détient ».

New York vient de lancer son répertoire de données (Socrata), imaginé comme une plateforme, comme « l’interface de programmation de la ville ». « Reste que tous nos travaux d’ouverture de données n’ont aucune importance si nous ne sommes pas capables d’évangéliser et de nous assurer que les gens les utilisent. » D’où l’importance de développer des accès dynamique aux données (des API) ou des concours organisés comme Bigs Apps 3.0 qui a permis de développer plus de 150 applications (New York dispose d’ailleurs d’un répertoire d’applications), parmi lesquelles Roadify, qui permet de trouver un emplacement de stationnement de manière communautaire ou Don’t eat at qui permet de vérifier si le restaurant dans lequel on se géolocalise via Foursquare n’est pas sous le coup d’une infraction sanitaire.

Comme le rapportait déjà Alex Howard, plus qu’un internet des objets, les situations d’urgence s’appuient sur un internet des gens, où les citoyens agissent comme autant de capteurs. Lors du passage de l’ouragan Irene, la mise à disposition d’information sur les zones d’évacuations a permis à d’autres organisations de construire des cartes et des applications qui ont servi à informer et à mobiliser le public. Les autorités locales se sont alors tournées vers l’internet pour partager des ressources importantes (notamment via le canal twitter et youtube officiel du maire).

Bien sûr, si l’exemple de la mégapole new-yorkaise est riche et stimulant, c’est aussi une question de moyens et de taille, permettant de mettre des ressources importantes sur la question numérique (même si elles demeurent mesurées dans le budget global et toujours à la recherche d’économies, comme l’exprimait Rachel Sterne). En observant les grandes villes qui ont des actions numériques très diversifiées et complètes, on se dit que toutes ne seront pas égales, notamment en moyens. Une récente étude du laboratoire M@rsouin (qui s’intéressait seulement aux sites web communaux bretons, autant dire que nous changeons d’échelle) soulignait que le risque est demain de voir apparaître une fracture éditoriale, entre les villes qui seront capables de devenir une plateforme multimodale, et celles qui n’en auraient pas les moyens.

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0 commentaires

  1. Excellent, vive NYV.
    Vive la France! Un bon exemple avec les sites RATP et Stif où on ne trouve nulle part le tarif d’un billet banlieue-banlieue, encore moins un lien entre trajet et tarif.

  2. Il faudra voir dans le temps si les gens suivent. A la lecture, j’ai plus l’impression que c’est impulsé par la ville et que ce n’est pas forcément un besoin exprimé par la population.

    MAIS, tout projet qui permet la participation des habitants dans la co-construction de leur environnement social, économique, urbain…est à saluer.

    Après, NY est une grade ville et même si des projets sont en cours en France dans le même genre, je serais étonné de voir ce que ça donne dans des aires plus petites où la proximité sociale est plus forte entre les habitants.