#Lift12 : L’impression 3D va bouleverser l’industrie

Lisa Harouni (@lisaharouni) est la fondatrice de Digital Forming, une société britannique spécialisée dans l’impression 3D et c’est justement de cela qu’est venu parler Lisa Harouni sur la scène de Lift à Genève : que va-t-on pouvoir faire avec l’impression 3D dans un futur proche ?

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Image : Lisa Harouni sur la scène de Lift, photographiée par Ivo Näpflin pour LiftConference.

« Il y a 5 ans, un ami jouait avec une étrange et étonnante structure complexe de 3 cm », explique Lisa Harouni. « Quand je lui ai demandé ce que c’était, il m’a expliqué que c’était un prototype fait avec une machine qui va provoquer une véritable révolution industrielle. Et c’est ainsi que je me suis passionnée pour l’impression 3D ».

L’impression 3D n’est pas une technologie nouvelle pourtant, rappelle l’entrepreneuse dans sa présentation (.pdf) (voir notre article : L’impression 3D est-elle le moteur de la fabrication de demain ?). Elle montre à l’assistance une large gamme d’objets réalisés via cette technique allant des lampes, à des chaussures, en passant par des robes, des housses pour téléphones mobiles, des implants… « L’impression 3D ressemble à l’impression 2D, mais plutôt que d’imprimer des modèles sur des feuilles de papier, ici, l’idée est de les imprimer en 3 dimensions pour leur donner une existence concrète. L’impression 3D lit des modèles générés par des logiciels de conception professionnels, et l’imprimante les assemble couche par couche. Les matériaux utilisés sont très variés, allant des plastiques souples à des plastiques très durs, en passant par des mélanges de plastiques, l’inox, l’aluminium, la céramique, le verre, voire même la nourriture comme le chocolat. Les machines sont capables d’utiliser tous les matériaux pouvant être fondus. Elles peuvent produire de très grandes structures (allant jusqu’à 2 mètres de haut) par dépose de couches de 5 mm d’épaisseur à des structures nanométriques (avec des couches de 4 microns), ce qui permet d’envisager un spectre de réalisations très varié. »

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Image : exemples de prototypes réalisés via l’impression 3D, présentés par Lisa Harouni dans sa présentation (.pdf).

L’impression 3D existe maintenant depuis une vingtaine d’années. La qualité à laquelle nous sommes arrivés permet non plus seulement de faire des prototypes, mais également des pièces de fin de chaines. Elle permet de produire des produits d’utilisation courante, mais également des produits plus originaux bâtis en structures imbriquées complexes qu’on ne saurait réaliser autrement que par l’impression 3D.

Elle ne sert pas seulement à faire des articles de consommation, on l’utilise aussi pour faire des blocs moteurs de véhicules, permettant d’en minimiser le poids, d’optimiser les circuits de refroidissements. Elle permet de développer des structures complexes, favorisant l’acceptation par le corps d’implants médicaux leur permettant de mieux s’imbriquer aux tissus humains qui vont les recevoir.

L’avantage des imprimantes 3D n’est pas tant de répliquer des produits existants, d’utiliser le numérique pour faire ce qui relevait avant du travail manuel, que de faire des produits très complexes, sur mesure. L’impression 3D est une économie sans économie d’échelle, qui permet de faire des produits à l’unité, sur mesure. Alors que dans l’économie de grande consommation on a du mal à produire des produits pour les besoins spécifiques de chacun, ici, tout le monde peut s’exprimer plus simplement. Les designers peuvent désormais faire des séries d’un seul exemplaire. Elle permet de créer des formes et de les adapter à chacun de ses besoins. Pour Lisa Harouni, l’impression 3D annonce la prochaine génération industrielle, celle de l’individualisation. Chacun pourra adapter des modèles existants. La production n’aura plus besoin d’entrepôts : on pourra fabriquer sur demande et localement… A l’image du presse-citron ou du coquetier qu’elle a elle-même imaginé. L’impression 3D permet à chacun d’imaginer pléthore de produit, des les adapter. Elle permet de personnaliser des objets de haut niveau, qu’ils soient le fait d’ingénieurs ou de designers, comme les objets de notre quotidien.

Cette technologie n’est pas sans poser de question. Peut-on fabriquer des choses uniquement sur demande ? Va-t-on créer des produits plus facilement pour les jeter plus rapidement ? Pourra-t-on demain télécharger des pièces détachées de nos produits pour les réparer ? Téléchargera-t-on des données de produits comme on télécharge de la musique ? L’industrie de la fabrication de produits va-t-elle connaitre les mêmes vicissitudes que celle de la musique ? Lisa Harouni en est persuadée. « Nous sommes là face à une technologie qui va transformer le paysage de l’industrie tel qu’on le connaît ». Pour preuve, elle nous montre un vélo, dont 60 % des pièces en métal ont été faites depuis une imprimante 3D (à ne pas confondre avec le vélo tout à fait fonctionnel lui aussi, réalisé par EADS, entièrement par impression 3D à base de nylon – vidéo). On peut imaginer demain une usine de vélo qui utiliserait une dizaine d’imprimantes 3D pour fabriquer les différentes pièces d’un vélo… ou une seule machine pour les imprimer toutes.

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Image : le vélo en métal, dont 60 % des pièces ont été faites depuis une imprimante 3D.

L’impression 3D est encore limitée par les matériaux utilisables nuance Lisa Harouni en conclusion. On ne sait pas encore dupliquer un iPod par exemple. Actuellement, on sait imprimer quelque chose depuis un seul matériel, mais on peut assembler des pièces construites depuis différents matériaux. « Je ne sais pas si on saura imprimer quelque chose d’aussi complexe qu’un iPod avant une cinquantaine d’années ».

Voilà qui laisse encore quelques perspectives !

Hubert Guillaud

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0 commentaires

  1. La lecture de cet article laisse songeur. Voire rêveur.
    Cette technologie pourrait ouvrir la voie du recyclage familial : utiliser nos déchets (par exemple plastiques) pour créer de nouveaux objets.
    Je m’imagine bien « construire » un design et l’envoyer pour fabrication à l’imprimante 3d ; de même que j’imagine bien madame télécharger un design de vêtement pour utilisation dès le lendemain.
    Vivement demain.

  2. Une personne qui travaille dans ce domaine peut nous donner de beaux arguments, mais elle a le défaut de prêcher pour sa paroisse.

    D’autres pensent que pour l’instant en tout cas, l’utilisation que peut en faire un particulier est des plus limités.

    En dehors des industries (design), un artiste, un artisan doué, un maquettiste ou fanatique de modèles réduits peut y trouver un usage. Pas le quidam. Et cela reste coûteux. Et il faut maîtriser les logiciels (la création d’objets 3D virtuels reste un vrai métier)…

    On est encore loin de la révolution attendue. Il manque vraiment de la possibilité d’utiliser différents matériaux, par exemple, ainsi que le fait que seuls de petits objets peuvent être fabriqués. Il faudrait pouvoir synthétiser quelque chose imaginé et réalisé simplement, à partir d’un matériau brut qu’on pourrait « transmuter ». Pas demain la veille.

    Gageons que ce n’est que le début d’une belle aventure technologique à venir.

    Après tout, peu de gens se doutaient il y a 40 ans que l’informatique allait connaître une telle évolution et qu’Internet deviendrait quasi-incontournable en dépit de sa lenteur initiale : à cette époque, un pixel faisait quasiment un cm carré, pas de couleurs, des bruits affreux. Seuls les « geeks » y croyaient et se moquaient…

  3. Je trouve ça absolument fascinant et bien au contraire, plutôt révolutionnaire. Bien sûr, il faut encore progresser technologiquement parlant mais lorsqu’on voit où on l’on est…ça ne serait tarder.