Patrice Flichy : Libérer le travail ?

Le sociologue Patrice Flichy était l’invité de la 21 édition d’Aux sources du numérique, une rencontre mensuelle organisée par Le Tank et Renaissance numérique. L’occasion de porter un regard sur son dernier livre, Les nouvelles frontières du travail à l’ère du numérique.

Comme le souligne Henri Isaac (@hisaac25), président du think tank Renaissance numérique, le débat actuel sur le travail numérique se focalise entièrement sur l’automatisation. Rares sont les points de vue qui explorent la question autrement, notamment depuis l’individu. D’où l’intérêt du nouveau livre du sociologue Patrice Flichy du Laboratoire Techniques Territoires et Société cofondateur de la revue Réseaux, Les nouvelles frontières du travail à l’ère du numérique.

Effectivement, souligne l’auteur de L’imaginaire d’internet (2001) et du Sacre de l’amateur (2010, voir notamment le dossier que nous consacrions au sujet à l’époque), aujourd’hui, le coeur du débat s’inscrit sur la transformation du travail, la manière dont il recomposerait le salariat et bien sûr la menace que l’automatisation fait peser sur l’emploi. Pourtant, nous n’en sommes pas là. Ou plutôt, comme il le souligne dans son livre, le numérique n’explique pas tout. Si le nombre d’emplois salariés en France ne progresse plus, le statut d’indépendant a surtout progressé avec l’émergence du statut d’autoentrepreneurs, qui a surtout accompagné le développement de la pluriactivité. Quant au rapport de l’automatisation sur l’emploi, il est difficile d’établir une balance entre création et disparition souligne le chercheur en pointant vers le rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi.

L’activité : le travail au-delà du travail

Mais pour le sociologue, l’important est ailleurs. Il est nécessaire de repartir d’une réflexion sur « qu’est-ce que le travail ? ». Pour lui, le travail est un engagement dans une activité, pour la mener à bien, en gérer sa pénibilité, et se réaliser. C’est une articulation entre un projet, ses difficultés et sa réalisation. En se sens, ce n’est pas seulement avoir un emploi ou travailler dans une entreprise : « c’est quelque chose avec des frontières plus floues ».

Dans cette acception, le travail n’est pas uniquement marchand. Quand on s’intéresse à l’activité de travail, on constate qu’elle est la même, pour quelqu’un qui prend sa voiture pour conduire un ami quelque part, un covoitureur ou une personne qui conduit un VTC. Si on se focalise sur l’activité, ces différentes situations se ressemblent : elles consistent toutes à conduire depuis les mêmes outils. Le guide de montagne et son client effectuent le même parcours, quand pour l’un cet effort est un travail et l’autre un loisir, souligne-t-il dans son livre.

En s’appuyant sur l’enquête de l’Insee, histoires de vies, et sur nombres d’entretiens qu’il a réalisés, le sociologue souligne que les gens qui s’investissent le plus dans des loisirs ou des passions ne se désinvestissent pas de leur travail. L’investissement est non seulement identique, mais corrélé. Contrairement aux sociologues du loisir qui montrent souvent celui-ci comme une compensation des frustrations du travail, ce n’est pas le cas. Ceux qui s’investissent dans des activités s’y investissent, quelles que soient les formes de ces activités. Et ce d’autant, que, à l’inverse, les désinvestis du travail, comme les chômeurs, ne se précipitent pas nécessairement dans les activités de loisirs (en partie pour des questions de moyens).

Pour Patrice Flichy, si on retient cette acception du travail, si on s’intéresse aux passions, on peut considérer qu’on est passé à un nouveau régime du travail, celui du « travail ouvert ». Les ouvriers du monde rural notamment ont toujours mené d’autres activités, comme le pointait l’ethnographe Florence Weber dans son livre Le travail à côté, qui montrait qu’à côté de leur travail, les ouvriers du monde rural avaient conservé des activités liées à la terre, comme d’autres exploitaient leurs savoir-faire mécaniques pour entretenir une activité tiers. La transformation qu’à accomplit le numérique notamment, c’est d’avoir fait passer ce travail ouvert d’un monde local et fermé à un écosystème ouvert et mondialisé, à l’exemple de ces jeunes femmes qui utilisent la plateforme Etsy pour vendre leurs productions.

Ce modèle du travail ouvert s’appuie sur plusieurs utopies, allant de l’utopie punk, à l’utopie hacker en passant par le mouvement du DIY qui permettent à fois de valoriser ce que l’on réalise et de faire circuler informations et compétences. Mais ce qui explique l’arrivée du travail ouvert c’est surtout que le niveau de compétence des gens s’est transformé. Plus éduqués, les gens peuvent se réinvestir dans de nouveaux projets d’activité. Ce niveau de compétence élevé a créé un écart entre le travail disponible et les compétences, comme le montrait par exemple la grande enquête de la CFDT « Parlons travail », qui pointait notamment la très forte demande d’autonomie des salariés et leur très forte remise en cause de l’organisation du travail (2/3 des répondants estiment que leur hiérarchie ne sert à rien, 82 % préféreraient plus d’autonomie et 60 % souhaiteraient changer de travail). La disparition du modèle de l’entreprise qu’on rejoint de 20 à 65 ans est intégrée : les gens souhaitent être mobiles et créer un travail qui ait plus de sens. En cela, le numérique leur offre des opportunités nouvelles.


Image : Nicolas Vanbremeersch, Patrice Flichy et Henri Isaac au Tank, photographiés par Renaissance Numérique.

Un numérique des opportunités ?

Le numérique, rappelle Patrice Flichy, offre des outils de travail permettant l’autonomie et la coopération. Les plateformes permettent d’accéder à des dispositifs de coopération large et également à des marchés plus vastes. Autant d’opportunités qui permettent de changer le travail voire pour beaucoup de faire le grand saut. Une enquête de l’APEC montrait ainsi que 15 % des diplômés Bac+5 avaient changé radicalement de travail dans les 2 ans après leur arrivée en activité. Une tendance qu’illustre très bien par exemple le livre du journaliste Jean-Laurent Cassely, La révolte des premiers de la classe. Mais ce n’est pas le cas de tous, souligne Flichy. De nombreuses personnes ne souhaitent pas ou ne peuvent pas faire cette mutation radicale d’activité et articulent plusieurs activités, explique-t-il en évoquant un Stewart d’Air France qui monte des cours de cuisine ou une assistante médicale qui vend des bijoux sur Etsy. Beaucoup de réalisateurs de vidéos sur Viméo par exemple sont des professionnels qui utilisent ces outils pour refuser la division du travail que leur activité professionnelle leur impose, à l’image de preneurs de sons ou de monteurs qui élargissent leurs compétences en réalisant des films qu’ils y exposent. En continuant par ce livre son enquête sur les pratiques amateures, Patrice Flichy montre que celles-ci s’inscrivent aussi dans une réaction aux limites du cadre de travail et une volonté de se construire une identité, une réputation.

Ces nouveaux travailleurs mobilisent des compétences en friches, issues de leur formation, mais également beaucoup de compétences développées par eux-mêmes. Pour de nombreux enquêtés, « le principal lieu de formation désormais, c’est YouTube ! » Un dispositif qui est pourtant complètement mis de côté dans les politiques d’accès à la formation, rappelle le chercheur. Autre lieu de formation souvent mis en avant par les gens également : les lieux de coopération, comme les Fablabs.

Patrice Flichy dresse un constat critique sur l’idée qu’il faudrait se libérer du travail pour créer du « temps à soi ». Pour lui, l’enjeu est plutôt de libérer le travail de ses pesanteurs, notamment en élargissant le compromis social à toutes les situations hors salariat pour étendre les droits de tous. Reste qu’« il faut être conscient que les individus ne sont pas égaux face à ces nouvelles opportunités ». D’un côté, il y a les travailleurs digitaux intégrés (les cadres et ceux qui occupent des professions cognitives…) qui trouvent via le numérique des opportunités nouvelles. De l’autre, les travailleurs du clic, des gens désaffiliés, pour qui ces nouvelles formes de travail se révèlent d’abord et avant tout profondément aliénantes.

Concilier plateformes, droits et ouvertures

Le problème des activités de plateforme, souligne encore Patrice Flichy, c’est que la rémunération ne donne pas droit à une protection sociale adaptée, ce qui est quelque chose à corriger. Le problème, pointe-t-il, est que souvent le développement de droits s’accompagne d’une fermeture des professions. Comme il le souligne dans son livre : la montée de la précarisation du travail s’accompagne d’une crise des professions, « les barrières qui les protègent sont en train d’être abaissées ». Pour l’instant, ces dispositifs de travail ouverts (terme qui renvoie à la fois aux logiciels ouverts et au fait que cette ouverture permette de contourner les barrières d’entrées professionnelles) en font leur force. Mais cela pourrait ne pas durer. L’examen d’entrée par exemple à la profession de voitures de transport avec chauffeur a beaucoup évolué depuis qu’il a été mis en place. Si au début, il était une simple formalité, désormais, la moitié de ceux qui le passent ne l’obtiennent pas. Le fait est qu’on leur impose des épreuves inadaptées, comme une dictée. Le problème est que cela ne permet plus à des gens sans diplômes ou sans grande expérience professionnelle d’entrer sur ce marché. Les premières enquêtes sur les chauffeurs montraient pourtant qu’un quart d’entre eux étaient auparavant chômeurs et que la moitié de ceux-ci étaient d’anciens chômeurs de longue durée (voir notamment « Comment la banlieue parisienne s’est ubérisée »). Pour Patrice Flichy, cela montre qu’il est nécessaire de regarder comment on peut accéder à une profession. Les professions traditionnelles sont encadrées par la puissance publique, via des diplômes ou licences qu’il faut acquérir. Les plateformes ont trouvé des solutions pour contourner les règles, notamment, explique le chercheur par des solutions assurantielles. Les plateformes permettant à des particuliers de proposer des diners à domicile par exemple sont entrées en conflit avec les restaurateurs au sujet des règles sanitaires. Elles ont alors proposé des assurances aux clients comme à ceux qui proposaient une prestation. Cette remise en question de la réglementation publique par une logique assurantielle pose question, estime Patrice Flichy.

Nicolas Vanbremeersch (@versac), fondateur du Tank, souligne que les plateformes se sont largement glissées dans cette valorisation des savoir-faire qui n’étaient pas valorisés, contournant les formations traditionnelles. Elles ont compris que le monde du travail offrait des possibilités plus larges. Qu’il n’était pas nécessaire d’avoir un diplôme de graphiste pour exercer ce métier par exemple. Tout à fait, souligne Flichy. Dans le monde de la bijouterie par exemple, la fabrique est régulée. Il faut détenir un poinçon pour confectionner des bijoux précieux. C’est à la fois une garantie pour l’acheteur et une barrière à l’entrée. Sur Etsy notamment, on trouve plein de gens qui proposent à la vente des bijoux de fantaisie qui n’entrent pas dans cette norme. Les plateformes ont accompagné ce mouvement visant à contourner des professions trop rigides qui ne répondaient pas à toute la demande. Trouver des compromis d’assouplissement avec les professions existantes risque d’être un débat essentiel dans les années à venir.

Les plateformes offrent aussi un autre rapport à la production. Un producteur de données sur Open Street Map par exemple cartographie ce qu’il a envie, pas ce qu’on lui dit de faire. L’organisation collective souple des plateformes permet souvent à chacun de prendre des initiatives, ce qui est loin d’être le cas dans le monde du travail. En cela, elles proposent un nouveau modèle d’organisation du travail.

Pour autant, ne faisons pas des plateformes ce qu’elles ne sont pas toujours, prévient le chercheur. A nouveau, le travail qu’elles permettent d’accomplir n’est pas unique. D’un côté, il y a ceux qui mobilisent les plateformes pour leur travail-passion. De l’autre, il y a ceux qui utilisent des plateformes pour accéder à un travail très contraignant, comme les ouvriers du clic des plateformes de Digital Labor tel le Mechanical Turk d’Amazon. D’un côté, elle libère l’accès à des activités, comme les blogueurs ont pu utiliser les plateformes pour contourner l’activité de ceux qui contrôlaient l’accès à l’information. De l’autre, elle contraint l’accès à des activités. Toute la difficulté semble alors de parvenir à définir ce que les plateformes permettent et transforment… En dresser une typologie semble d’autant plus difficile à établir qu’elles se transforment en continu, affinant et modifiant sans cesse leurs modalités.

Les plateformes ne font pas disparaitre le don, rappelle le chercheur. « Du point de vue du travailleur, il n’y a pas de différence entre un travail qui conduit à une rémunération et un travail gratuit. La seule chose que cela change, c’est la nature de la relation ». Comme le disait une interviewée, quand on fait du stop, souvent, on rémunère celui qui nous prend en stop par la conversation. Avec un VTC, on n’est pas forcé de parler. Avec Blablacar, qui se situe entre les deux, il y a une ambiguïté… sur laquelle d’ailleurs joue le nom du service.

Explorer la recomposition du travail, sans la simplifier

Le livre de Patrice Flichy explore la recomposition du travail, cet endroit où les frontières se brouillent, montrant que la simplifier n’est pas une solution. Les formes de coopérations elles-mêmes ne sont pas si claires, souligne encore le chercheur, en évoquant des dispositifs de coopérations « sauvages », comme ce collectif de chauffeurs VTC qui a mis en place une application pour gérer leurs clients privés entre eux et se les échanger si besoin (contre rémunération).

Tout le problème est de trouver les justes formes de la régulation dans un paysage complexe. La formation des VTC par exemple est devenue trop contraignante. Les travailleurs des plateformes n’ont d’ailleurs pas tous la même vision de ces régulations. Certains collectifs par exemple réclament que leurs contrats d’autoentrepreneur soient transformés en salariat. D’autres, comme les chauffeurs, tiennent plutôt à leur indépendance pour travailler pour plusieurs plateformes. Partout s’exprime le besoin de formes collectives ou syndicales, mais comment les organiser ? Le droit des travailleurs indépendants à besoin d’être construit.

Nicolas Vanbremeersch souligne justement combien ces plateformes sont des univers particuliers. YouTube par exemple a créé des relations privilégiées avec les plus gros youtubeurs et leurs agents, ignorant de plus en plus les « travailleurs de base » et imposant ses règles unilatéralement, comme quand il relève le plafond de rémunération publicitaire des vidéos.

Le pouvoir de changer de façon unilatérale les règles de rémunération des plateformes est un problème. Mais, rappelle le chercheur, tous les créateurs ne sont pas destinés à être rémunérés. Une polémique passée sur la rémunération des choristes, qui contrairement aux musiciens professionnels avec lesquels ils se produisent, ne sont pas rémunérés, soulignait bien par exemple que les frontières strictes que nous projetons sur la professionnalisation des différentes formes de travail ne sont pas si simples.

Ce livre, en continuité avec le travail que Patrice Flichy avait accompli sur les pratiques amateures, souligne la grande diversité des activités. Regarder le travail sous l’angle des parcours permet de le questionner autrement. En le regardant autrement, Patrice Flichy souligne que l’instauration du salariat ou l’organisation de la protection sociale n’a jamais été complète. Si « l’autre travail » existe depuis longtemps, il semble devenir plus important qu’avant, parce que d’un côté le numérique lui offre des opportunités d’expression inédite et que de l’autre la tension sur l’emploi fige le travail salarié traditionnel. Si 4 Français sur 10 se définissent par leur métier, 3 sur 10 se définissent eux par leurs passions, rappelle-t-il dans son livre. Dans ce jeu, le numérique favorise le développement de nouvelles opportunités, permet de s’affranchir des frontières strictes de ses activités.

La disparition des frontières entre le travail salarié et « l’autre travail » s’estompe et fait apparaitre un « travail ouvert » qui utilise les opportunités du numérique pour créer un continuum entre les activités pratiquées. Le numérique offre à la fois des outils pour le travail ouvert, mais aussi des moyens pour rapprocher des activités professionnelles et privées. Reste que le sociologue n’est pas naïf pour autant. D’un autre côté, les plateformes formatent l’activité qu’elles libèrent. Il souligne notamment combien celles-ci privilégient toujours les plus actifs et les plus engagés, selon la popularité voire la qualité des appréciations. Aidées, forcées par les régulateurs ou leurs clients, elles ne cessent de recadrer l’activité, de définir et redéfinir leurs règles. Si les chauffeurs de Blablacar n’ont besoin que de leur permis de conduire, ce n’est plus le cas des chauffeurs de VTC. En fait, souligne-t-il, le travail ouvert est une voie d’accès. Il fait appel à des compétences ordinaires que les gens mobilisent pour franchir les barrières professionnelles. Les plateformes les aident en cela, en les aidant finalement à contourner les règlements publics à l’exemple du boom des coursiers à vélo pour contourner le registre des transports légers à deux roues motorisé des livreurs classiques ou le boom des chauffeurs de VTC pour contourner le numerus clausus des licences de taxis. Reste que ces contournements se font surtout depuis les règles qu’imposent les plateformes unilatéralement : le contrat et l’assurance remplacent le règlement, la notation le contrôle… En composant des collaborations avec les outsiders et le public, les plateformes ont déplacé le travail… avec le risque qu’elles abusent de leur position dominante. Mais c’est en s’appuyant sur la puissance des outsiders qu’elles ont réussi à s’imposer.
Le travail ouvert, « libéré », devient à son tour un modèle. Il devient une référence pour de nouveaux modes d’organisation et aussi un cadre qui structure les activités non marchandes par rapport aux contraintes du monde du travail.

Reste que dans le grand brassage des modalités de travail, les stratégies et les compétences ne sont pas également distribuées. Malgré les recompositions qu’elles permettent, les plateformes finissent par figer les recompositions qu’elles esquissent. Pour Flichy, à la suite de Robert Castel, il y a ceux qui exploitent parfaitement les possibilités du numérique, de manière très opportuniste : l’individu numérique intégré ; et de l’autre, l’individu numérique désaffilié, désocialisé. Selon ses capacités, son patrimoine, ses compétences, les travailleurs se situent entre ces deux extrêmes. Reste qu’il dresse là un constat plus qu’une solution. Entre le numérique qui libère et le numérique qui aliène, il n’y a pas une différence de nature, mais une intrication qui amplifie les disparités sociales existantes. La cartographie de cette complexité que dresse d’une manière précise et informée Patrice Flichy montre surtout la grande diversité d’action des plateformes… comme si leur régulation, au bout du compte, ne pouvait être traitée complètement globalement, mais au cas par cas, secteur par secteur, plateforme par plateforme. C’est peut-être une piste finalement qui pose la question de l’accès de collectifs d’utilisateurs dans la gouvernance de chaque plateforme. Reste à trouver les modalités pour la favoriser.

Hubert Guillaud

La prochaine édition d’ASDN aura lieu le 8 mars à 8h30 au Tank, en compagnie de Philippe Vasset et Pierre Gastineau d’Indigo Publications, auteurs de Armes de déstabilisation massive.

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  1. Concernant cette phrase « Partout s’exprime le besoin de formes collectives ou syndicales, mais comment les organiser ? Le droit des travailleurs indépendants à besoin d’être construit. », une piste intéressante à suivre est l’initiative à l’échelle européenne du réseau Sharers&Workers : le 23 janvier, ils ont organisé avec l’Institut syndical européen et la Confédération européenne des syndicats, une journée à Bruxelles intitulée « Starting a european dialogue on the platform economy », ayant pour objectif de construire par le dialogue une économie des plateformes performante et responsable. Des syndicats étaient présents bien sûr, mails il y avait aussi des acteurs de l’économie collaborative et de l’économie numérique, des experts, des freelance, … Pour le moment, il y a un Storify de la journée : https://storify.com/ivanberaud/plateformdialogue-dialoguer-entre-independants-syn On apprend par exemple que le Danemark envisage des conventions collectives avec les plateformes, en Allemagne des comités d’entreprise se mettent en place avec les travailleurs des plateformes, en France il y a la mise en place d’une coopérative des livreurs, etc.

    1. En complément, quelques infos glanées lors de la journée « Tout le monde déteste le travail ! » (titre clin d’oeil, bien sûr), ce 27/1 à la Bourse du Travail de Paris. Y sont entre autres intervenus des activistes et syndicalistes « nouvelle vague » : Blablagrève (et ses « piquets volants »), le CLAP, Coopcycle

      Une info intéressante, issue d’une étude présentée par Callum Cant (@callumcant1), livreur Deliveroo à Brighton et membre du syndicat IWGB (Independent Workers Union of Great Britain) – publication à venir, a priori sous le nom « Transnational food platform strike wave » : une plateforme comme Deliveroo fait aujourd’hui face à une multitude de conflits simultanés dans plusieurs villes du monde, et ces conflits sont de plus en plus coordonnés. Il y aurait eu 2 conflits en 2016, 40 en 2017, et 14 juste en janvier 2018. Et les équivalents chinois de Deliveroo vivraient la même chose, en plus intensif encore.

      Autre mobilisation intéressante en Allemagne, « Make Amazon Pay », qui a démarré comme une plateforme de revendication sociale des employés des entrepôts et s’étend à une remise en question complète du modèle d’organisation du travail d’Amazon.