Sabine Barles : « L’idée de nourrir Paris ou Toulouse grâce aux ceintures vertes est une illusion ! »

La professeure en urbanisme et aménagement, Sabine Barles, dans un entretien pour Colibris, revient longuement sur les flux alimentaires urbains.

Elle montre combien l’industrialisation, la spécialisation et la distribution de masse ont transformé l’approvisionnement alimentaire des grandes villes. Pour elle, l’enjeu des « circuits courts » n’est a priori pas une priorité essentielle, hormis pour les légumes périssables à forte valeur ajoutée. Mais ces légumes ne sont pas prépondérants dans l’alimentation des gens. « L’idée d’avoir des métropoles comme Paris ou Toulouse capables de se nourrir par leur propre ceinture est absurde ! », notamment parce que les surfaces agricoles de proximité pour répondre à cette demande ne sont pas suffisantes.

Et la chercheuse de rappeler que le bilan carbone de certains produits en circuits longs peuvent être moindre que ceux de produits de proximité. La distance ne peut-être le critère à prendre en compte. Enfin « croire ou faire croire que l’on va transformer nos villes en cités vivrières est démagogique », notamment parce que antithétique avec la notion de ville, qui est précisément un espace qui ne produit pas son alimentation. Pour nourrir tous les Franciliens via des circuits courts, il faudrait qu’ils divisent par deux leur consommation de produits carnés. En fait, souligne la chercheuse, la question de l’autosuffisance alimentaire des métropoles ne peut pas se poser sans la lier celle du modèle alimentaire : qui inclut à la fois la question de la consommation, du gaspillage et du mode de production. La sympathique ceinture de cultures maraîchères bio aux abords des villes ne peut pas être disjointe des questions que posent le modèle agricole dominant !

Enfin, ces questions nécessitent également de poser celles de l’aménagement et de la maîtrise du foncier agricole.

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