Seconde Fête de l’Internet Mobile : les mains dans les ondes

Environ 800 personnes ont participé cette année à la deuxième Fête de l’Internet Mobile, organisée par la Fondation Internet Nouvelle Génération au cœur de trois lieux parisiens emblématiques : l’Echangeur pour la mobilité professionnelle, le Nomadeur (Maison de la RATP) pour la mobilité urbaine et l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) pour les contenus et la création. Cette édition était avant tout placée sous le signe des applications et des usages.

par Daniel Kaplan

Environ 800 personnes ont participé cette année à la deuxième Fête de l’Internet Mobile, organisée par la Fondation Internet Nouvelle Génération au cœur de trois lieux parisiens emblématiques : l’Echangeur pour la mobilité professionnelle, le Nomadeur (Maison de la RATP) pour la mobilité urbaine et l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) pour les contenus et la création.

Cette édition était avant tout placée sous le signe des applications et des usages. Sur les stands des quelques trente exposants comme dans les conférences, "sessions-réponses" et ateliers, les participants étaient avant tout conviés à voir, toucher, tester, sentir les applications innovantes de la mobilité. Les intervenants ont dans l’ensemble joué le jeu, délaissant les longues séries de transparents pour des démonstrations concrètes.

Différents ateliers se fixaient pour objectif d’inciter les participants à s’approprier eux-mêmes l’internet mobile : "création de son blog mobile", ou encore "construire son antenne Wi-Fi" (avec la participation de Ricoré, dont les boîtes métalliques permettent la construction d’excellentes antennes portant sur plusieurs kilomètres). L’actualité "minute par minute" de la Fête de l’Internet Mobile était accessible via deux blogs mobiles – des sites web (accessibles sur poste fixe et en WAP) alimentés à distance via des téléphones mobiles multimédias – conçus et développés par Converge Online. Deux étudiants de l’école des Hautes études des technologies de l’information et de la communication ( HETIC)étaient chargés d’alimenter au quotidien le "Blog officiel", mais les participants pouvaient eux aussi enrichir "leur" blog. Une esquisse – encore quelque peu expérimentale – de chronique des trois jours s’est ainsi constituée au fur et à mesure sur le web : http://www.fing.org/blogmobile.html. Enfin, la société V-Guide avait conçu pour les possesseurs de Pocket PC un guide électronique interactif de la Fête.

Le Wi-Fi a été omniprésent pendant cette fête qui a notamment abordé de front – sans toutefois le clore – le débat "Wi-Fi contre 3G". Les débats ont d’un côté démontré la complémentarité des réseaux mobiles cellulaires (couverture du territoire, continuité des communications, qualité de service…) et des accès Wi-Fi (réseaux locaux et "hot-spots", accès internet, souplesse et faibles coûts…). Les réseaux cellulaires ne sont pas morts, loin de là : reste à savoir si les lourds investissements nécessaires au déploiement de l’UMTS, dont l’univers d’usage est tout de même en partie cannibalisé par Wi-Fi, se justifient toujours. Pour les opérateurs mobiles, le marché des hot-spots commerciaux Wi-Fi reste faible : il concernerait entre 50 000 et 200 000 professionnels, pour des revenus de quelques centaines de millions d’euros, un ordre de grandeur sans commune mesure avec celui de la téléphonie mobile en général. Mais les acteurs associatifs qui s’investissent dans le déploiement du Wi-Fi, notamment à Paris, voient les choses autrement. Si les opérateurs adressent leurs offres de "hot-spots" à des publics professionnels, les acteurs "communautaires" (ainsi, sans doute, que beaucoup de collectivités territoriales) pensent aussi aux particuliers : "Le modèle économique, nous l’avons déjà, c’est le partage de connexion à l’internet. Tout l’investissement matériel est rentabilisé par le partage, à plusieurs, d’une connexion. Le modèle économique ne s’entend dans ce cadre que comme un moyen de partager un coût et d’amortir un investissement, pas de gagner de l’argent."

Un Wi-Fi qui a valu à la Fête de l’Internet Mobile la venue de madame Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies et d’Anne Marie Idrac, présidente de la RATP, pour la présentation du projet Wixos (pour "Wi-fi eXtensible aux Opérateurs de Services"). Ce projet lancé dès le mois d’avril 2003 par Naxos, filiale télécoms de la RATP, est une plate-forme basée sur Wi-Fi ouverte aux opérateurs et intégrateurs de services. Naxos déploiera à cet effet des points d’accès Wi-Fi à partir de 12 stations de métro situées le long de la ligne de bus n°38. Pendant la phase de bêta-test (jusqu’en juin 2003) la plate-forme sera ouverte à tous, sur demande. Puis viendra la phase expérimentale, de juillet 2003 à juin 2004, ouverte aux opérateurs et aux fournisseurs de services qui souhaiteraient offrir de nouveaux services à leurs clients par ce biais. Cinq opérateurs ont déjà répondu présent : Bouygues Télécom, Club-Internet (T-Online), Télé 2, TLC Mobile et WiFi Spot. Chaque opérateur pourra fixer les conditions financières d’accès aux bornes Wixos pour ses abonnés. Parmi les usages envisagés, l’accès internet sécurisé ou non, l’aide au déplacement, la diffusion d’informations ciblées en fonction du lieu où se trouve l’usager, etc. Jusqu’au 30 juin 2003, toute personne équipée d’un ordinateur portable ou d’un assistant personnel muni d’une carte Wi-Fi pourra accéder gratuitement aux bornes Wixos, en échange d’une participation active consistant à répondre à des questionnaires, à rédiger un compte-rendu d’usage. Pour s’inscrire : http://www.wixos.net/inscription.asp

Le Japon et la Corée ont également été à l’honneur durant une après midi consacrée à la fois aux marchés et aux usages de l’internet mobile dans ces pays-phares, organisée en partenariat avec l’agence Jap’Presse. Avec une leçon essentielle : les moteurs des usages ne sont que peu différents de ceux que nous connaissons en Europe. La voix (53  % des revenus) et l’e-mail (37  % des revenus) dominent les usages, les "contenus" ne représentant que 10  % des revenus. Parmi ceux-ci, les sonneries, les fonds d’écran et les jeux dominent très largement, comme en Europe. Par ailleurs, si l’expérience de téléphonie "3G" la plus connue en Europe, FOMA de NTT DoCoMo, connaît un succès mitigé, la commercialisation de services avancés (144 à 384 kb/s), présentés comme des évolutions plutôt que comme des révolutions, connaît un réel succès dans les deux pays. Les intervenants ont enfin souligné l’importance du design des terminaux et des services, d’une communication orientée vers les usages, et d’un "écosystème" incitatif pour les opérateurs et les fournisseurs de services. Autant d’enseignements parfaitement transférables sous nos longitudes.

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour plancher sur la mobilité : débats de fond, découvertes, tests, ateliers… Il manquait peut-être juste une petite chose : une fête. Mais c’est promis, les organisateurs planchent sur la question dès maintenant, en pensant à la troisième édition !

Résultat du concours Fabrique des Possibles : Cette année, les scénaristes de la Fabrique des Possibles pouvaient concourir autour du thème de la mobilité. C’est Mathieu Savary, auteur de " Vos yeux s’il vous plaît" qui a été primé lors d’un vote en ligne réalisé selon la méthode Condorcet, grâce au logiciel libre mis en ligne par l’équipe d’ Entrouvert.
Les résultats du vote : http://fim-fing.entrouvert.com/cdc

Les présentations des conférences, ateliers et sessions-réponses
La plupart des présentations des intervenants de la Fête de l’Internet Mobile sont en ligne à l’adresse : http://www.fing.org/index.php?num=3722,2

Merci à Bouygues Télécom, Ericsson, Fujitsu, IBM, Microsoft , Toshiba pour leur soutien à la Fête de l’Internet Mobile. Merci à Mobile Office de nous avoir aidés à la faire connaître. Merci à l’Echangeur, l’ENSCI et la RATP de l’avoir accueillie !

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