La science du Web en route

Il a créé le web, il cherche maintenant à le comprendre. Tim Berners-Lee vient en effet d’annoncer le lancement du projet « Web science ». Son but : analyser la structure du web sous tous ses aspects afin, éventuellement, de l’améliorer.

Dans la pratique, l’initiative Web Science consiste en une association entre le Massachusetts Institute of Technology et l’université de Southampton en Grande Bretagne, ayant pour but de trouver des sponsors privés afin de monter un centre de recherche également susceptible de former des étudiants.

Mais pourquoi une « science du web » ? Actuellement, la toile est l’objet d’une multitude de travaux, qui appartiennent à des disciplines séparées.

A première vue, le web semble avant tout une affaire d’informaticiens : ceux-ci se concentrent sur les algorithmes, langages et protocoles ou sur le meilleur moyen possible de repérer une information. Mais le web intéresse aussi les mathématiciens et les physiciens. On a en effet découvert que le développement de la toile se conformait à une série de processus universels qui gouvernent bon nombre de phénomènes dits « complexes » : par exemple, il adopte la structure des réseaux en « petits mondes » caractérisés par la fameuse règle des « six degrés de séparation » de Stanley Milgram, un type de topologie qu’on trouve autant dans certains phénomènes chimiques et physiques qu’au cœur des organismes vivants ; les biologistes, surtout ceux influencés par la « vie artificielle » voient eux dans le web un possible écosystème numérique , ces « petit mondes » évoluant en général sous la contrainte d’une forme de sélection darwinienne. Les sociologues et les psychologues, quant à eux, étudient les usages du réseau et les comportements qui en découlent.

La « science du web » entend synthétiser tout cela en une unique discipline, pas seulement pour accroître notre compréhension, mais aussi pour améliorer les choses. Pour Berners Lee, en effet, cette nouvelle science aura un rôle bien plus important que la simple recherche théorique : « Nous avons créé le Web, et nous avons pour devoir de le comprendre , explique-t-il. Imaginez qu’après avoir donné naissance à toutes ces choses magnifiques, il en engendre une qui soit monstrueuse ? »

Il s’agit donc bien de prévenir les risques, mais aussi d’élaborer de meilleures technologies, ainsi que Berners Lee l’écrivait dans un article paru en août de cette année :

« La science du web ne se limite pas à décrire le web tel qu’il existe. Elle a pour but la création de nouvelles infrastructures et protocoles, et de comprendre la société qui les utilise. Il s’agit de créer de nouveaux systèmes bénéfiques. Cette science a ses propres principes : la décentralisation, qui évite les engorgements techniques et sociaux ; l’ouverture, avec la réutilisation de l’information de manière inattendue ; et l’équité. Elle utilisera de puissantes techniques mathématiques et techniques issues de nombreuses disciplines (…).La science du web a pour objet de construire de nouveaux outils puissants pour l’humanité, et de le faire avec les yeux ouverts. »

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  1. le nom, juste : ça me fait penser à l’incontournable énorme http://netzwissenschaft.de/ , insensée base documentaire sur le web (il doit y avoir entre 20 et 30 000 liens et références minimum) : des parties ne sont plus mises à jour certes, d’autres si. Dr Rheinhold Grether nous offre là un outil puissant. (et j’adore son logo…)