Nanotechnologies : qui croire ?

La religion influence la perception des nanotechnologies

Seul un tiers (29,5 %) des Américains considéreraient les nanotechnologies comme « moralement acceptables« , contre 54,1 % des Anglais, 62,7 % des Allemands et 72,1 % des Français. Cette forte suspicion du public américain n’aurait rien à voir avec l’inculture d’un côté de l’Atlantique par rapport à l’autre, dans la mesure où les interrogés se déclarent tous plutôt bien informés de ce que sont les nanotechnologies, et de ses avantages potentiels.

Les Européens se défient plus des OGM que des nanotechnologies

Le problème serait en fait lié à l’importance prise par la religion aux Etats-Unis où, contrairement aux Européens, plus laïcs, de nombreux croyants voient dans les nanos une façon de « jouer à Dieu« , comme le signale EurActiv. Etonnament, alors qu’elles pourraient être tout aussi moralement condamnable, les Américains n’en soutiennent pas moins les OGM, au contraire des Européens.

Les Européens font confiance aux nanotechnologies

L’étude, basée sur un échantillon de 1015 Américains à qui avaient été posées certaines des questions d’un Eurobaromètre (.pdf) sur l’attitude des Européens au regard des biotechnologies datant de 2006, a été rendue publique lors de la réunion annuelle, le 15 février 2008, de l’Association américaine pour l’avancée de la science (American Association for the Advancement of Science, AAAS). Etonnament, l’Eurobaromètre révélait pourtant que 81 % des Américains et 76 % des Européens approuvaient les recherches en matière de nanotechnologies (contre respectivement 61 % et 41 % pour ce qui est des OGM). Contradiction des études ?

Perceptions croisées des nanotechnologies

Dietram Scheufele, responsable de cette enquête, est professeur de journalisme à l’université de Wisconsin-Madison, et coresponsable du groupe de recherche sur l’opinion publique et les valeurs du Centre pour la nanotechnologie dans la société de l’université d’Etat d’Arizona.

En novembre dernier, il avait relevéque les scientifiques experts en nanotechnologies étaient plus optimistes, mais aussi plus inquiets, que le grand public des perspectives ouvertes par leurs recherches. Alors que 15 % du public s’inquiétait des risques de pollution, le pourcentage de scientifiques était de 20 %. Pour ce qui est des conséquences sanitaires, le ratio était respectivement de 20 et 30 %. A contrario, le grand public craignait plus que les scientifiques des risques d’atteinte à la vie privée.

Publiée dans Nature, l’étude relevait à la foi le peu de prise de conscience du grand public, mais aussi l’absence de débats autour de ces questions, l’isolement des scientifiques, et l’absence d’études sérieuses sur les risques posés par les nanos.

En décembre 2007, l’éditorialiste de Nature Nanotechnology plaidait d’ailleurs pour un renforcement des collaborations avec les sciences sociales, afin d’éviter que les « filtres » politiques ou religieux ne viennent trop interférer dans la vision que se font les gens des nanotechnologies. Force est de constater que c’est encore loin d’être le cas.

Pour en savoir plus, on se reportera opportunément à la NanoEthicsBank, qui recense à ce jour 685 publications ayant trait aux implications sociales et éthiques, aux perceptions et à l’acceptabilité des nanotechnologies, aux efforts de régulation et de promotion des « meilleures pratiques » en la matière.

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