Sur l’un de ses sites, le Paul Allen Center, un ensemble de bâtiment consacré à l’informatique, l’université de l’Etat de Washington a mis en place un réseau (baptisé « écosystème ») de 200 antennes qui capteront les mouvements d’une cinquantaine d’étudiants cobayes et de leur matériel (habits, gadgets high-tech, sacs, livres…) via des puces électroniques (RFID). Les informations récupérées seront publiées sur le web et donneront lieu à de nombreuses applications (vidéo) : enregistrement sur Google Calendar des déplacements des participants pour nourrir leur réseau social, alerte par SMS ou e-mail pour prévenir qu’un ami se trouve à proximité… Une cartographie permettra ainsi de localiser les objets où les personnes, avec lesquels ont a échangé des droits d’utilisation (on peut repérer ses clefs mais pas celles d’un autre, on ne peut localiser un ami ou un collègue que s’il vous y a autorisé…). Une autre application, Rfidder, utilise les évènements détectés par l' »écosystème » pour informer du statut des utilisateurs (« Kai est entré dans le laboratoire Ubicomp », « Turiya déjeune avec Ying »…). Rfidder est accessible via le web et un mobile et peut être connecté à Twitter.
Le projet RFID Ecosystem a pour but d’explorer les effets complexes de la surveillance permanente et réciproque des gens et des objets, explique son promoteur, Magda Balazinska : « Nous voulons observer comment un groupe de personnes utilise ces outils, s’ils les trouvent utiles ou pas, comment ils les adoptent… ». L’idée est de mieux comprendre comment se déplacent l’intimité et la confidentialité dans un tel environnement. Comment les informations s’imbriquent-elles entre les gens et les objets ? Comment, dans la pratique, l’information recueillie est-elle vraiment exploitable ? Le système ne va-t-il pas faire disparaître des signaux faibles essentiels et sur-évaluer des informations redondantes ?… Les chercheurs expliquent qu’ils veulent mieux comprendre les arbitrages entre intimité et utilité : « Les applications Rfid sont-elles vraiment utiles ? Comment peuvent-elles être conçues pour minimiser la perte d’intimité ? Finalement, si ces applications sont réellement utiles, est-ce que leur utilité dépasse [en avantages, en facilité, en commodité…] la perte potentielle de vie privée qu’ils supposent ? »
« Nous nous inquiétons que ces technologies soient implémentées trop rapidement, c’est pourquoi nous voulons avec ce système explorer cela dans un environnement contrôlé pour informer le public et les décideurs des questions auxquelles nous devrons faire face », conclut Magda Balazinska.
Assurément, une expérimentation dont il faudra venir lire les enseignements.