Jan Chipchase a trouvé une bonne image pour nous dire que nous passons d’une société de surveillance à une société de sousveillance en opposant le concept de « Big Brother » à celui de « Little Sister ». Où comment la persuasion amicale de notre entourage ou la pression sociale, peuvent faire plus de dégâts à notre intimité que la surveillance :
« Quand on parle de surveillance, la plupart des gens pensent à Big Brother, alors que c’est de plus en plus de votre petite soeur (Little Sister) qu’il est question, une petite soeur friande d’innovations, compétente en technologie, toute équipée de capteurs. A cause d’elle, faire usage du droit de ne pas adopter la technologie (opt out) revient à se mettre en marge de la société. »
Sur un sujet proche, Leisa Reichelt, spécialiste de la conception orientée utilisateur, appelait, il y a quelques mois, les sites sociaux à plus de responsabilité dans leurs pratiques d’interopérabilité, et plus d’éthique dans leur conception. Elle décrit comment les pratiques de Little Sister des sites sociaux, sous couvert de commodité pour l’utilisateur, se muent en Big Brother, en nous demandant nos identifiants et nos mots de passe pour mettre en place des passerelles entre nos comptes mails et leurs services (notamment pour trouver de nouveaux amis). Une démarche certes commode, mais qui donne au site un niveau de connaissance de notre vie sociale dont nous devrions prendre conscience.
« Mais est-ce qu’on réalise vraiment ce que nous faisons quand nous donnons cette information ? Réalisons-nous à quel point nous faisons confiance à Facebook par exemple, pour jouer convenablement avec cette information ? (…) Bien sûr, ils « disent » qu’ils ne vont pas stocker ou utiliser cette information… Mais êtes-vous vraiment prêts à les prendre au mot ? » La présentation de cette information fait doucement pression pour nous suggérer que si on n’y répond pas, nous aurons un service « inférieur » : « Nous sommes habitués à penser que la remise de nos informations personnelles est la seule chose à faire. (…) Pourtant, si l’éthique joue un rôle dans la façon dont vous concevez une application ou un site, alors ces pratiques devraient vous faire vous dresser les cheveux sur la tête ! »
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« Bien sûr, ils “disent” qu’ils ne vont pas stocker ou utiliser cette information… »
Euh!… « ils » disent en toutes lettres le contraire :
« En publiant un Contenu utilisateur sur tout ou partie du Site, vous concédez expressément à la Société, et vous garantissez détenir les droits nécessaires à cet effet, une licence irrévocable, perpétuelle, non exclusive, transférable et pour le monde entier sans rétribution financière de sa part (y compris le droit de concéder des sous-licences), d’utiliser, copier, représenter, diffuser, reformater, traduire, extraire (en tout ou partie) et distribuer ce Contenu utilisateur, à des fins commerciales, publicitaires ou autres, sur le Site ou en relation avec le Site (ou dans le cadre de sa promotion), de créer des oeuvres dérivées du Contenu utilisateur ou de l’incorporer à d’autres créations, et d’en concéder des sous-licences des éléments cités. »
C’est vrai Alain qu’on a intérêt à lire les petites lignes…on a trop tendance à cocher « j’accepte les conditions » sans vraiment les avoir lues…et sans toujours en avoir forcément compris les conséquences…c’est flagrant dans les démarches de scrapping : quand on nous la propose, on a vraiment l’impression que ça va nous simplifier la vie…c’est après que ça se gâte !
C’est trop tard, l’abominable machine est en route !
En fait la situation est bien « pire » ou « facile » (question de point de vue) car avec un simple username on peut accumuler une masse énorme d’information sur un utilisateur.
Je prend pour exemple mon utilisateur nommé Terababy, il m’a seulement confié son username sur MyBlogLog (qui m’accorde un accés privilégié à ses API). Et voilà ce que l’on peut obtenir :
http://life2front.com/terababy/
Concernant Facebook, en fait en apparence pour les utilisateurs c’est rassurant car l’accés aux données n’est pas public, mais c’est aussi inquiétant sur le fond puisque les utilisateurs confient un grand nombre d’infos intimes à un seul et unique prestataire qui ne cache pas en faire une exploitation commerciale, voir même la revente des données…
Plus personnellement, ma position est que il est évident que des sociétés Internet accumulent confidentiellement de nombreuses infos me concernant. Et que à mon sens, la meilleure démarche est de devenir extraverti en publiant moi-même des infos sur mes gouts et usages pour éviter une interprétation éronée que l’on aurait avec ces fichiers commerciaux confidentiels.
Savoir ce que l’on peut découvrir sur moi, c’est aussi une manière de protéger mon intimité et ma vie privée.
Très intéressant ce concept, je découvre !
En tout cas, promis à un bel avenir…
Jean-Marie
Avec Facebook, on doit s’attendre à tout :
Voir chez E. Baillargeon :
http://intercommunication.blogspot.com/2007/12/securite-vie-privee-et-ethique-de.html
Extraits :
«Facebook may also collect information about you from other sources, such as newspapers, blogs, instant messaging services, and other users of the Facebook service through the operation of the service (e.g., photo tags) in order to provide you with more useful information and a more personalized experience.
By using Facebook, you are consenting to have your personal data transferred to and processed in the United States.»
«Facebook admet que même si vous n’étiez pas en session avec lui lors de vos périgrinations sur la toile, les actions et informations que vous faisiez ailleurs peuvent revenir chez Facebook et ce même si vous aviez interdit les applications externes de votre compte de Facebook !!!»