Accéder aux gens selon leur localisation

Imaginez que vous souhaitiez vous rendre à la plage. Vous pouvez utiliser votre téléphone mobile ou un moteur de recherche pour connaître la météo ou savoir comment s’y rendre. Mais comment savoir si le parking de la plage est plein ou si la plage est bondée d’adolescents tapageurs ? La meilleure solution est certainement de demander à ceux qui y sont. C’est en tout cas, ce que pense Romit Roy Choudhury, chercheur au Groupe de recherche sur les systèmes en réseau de la Duke University. « Google c’est génial, mais vous ne pouvez interagir avec », explique-t-il. « Il ne répond qu’à des termes de requêtes. Il n’y a aucun humain derrière ».

Les ingénieurs de la Duke University ont développé un logiciel, baptisé Micro-Blog, qui permet d’obtenir des informations géolocalisées en temps réel d’autres utilisateurs mobiles. En utilisant le GPS de nos appareils mobiles, selon la situation des gens, vous pouvez communiquer avec eux ou avoir accès à l’activité de leur mobile, si celle-ci suffit pour répondre à vos questions : « Si quelqu’un se tient à l’endroit où vous souhaitez obtenir de l’information, vous pouvez entrer en contact avec lui et il peut vous répondre en temps réel », précise le concepteur dans son étude (.pdf). L’outil permet à chaque utilisateur d’avoir un micro-blog qui lui est associé, qui se déplace avec lui, et, de surcroit, de laisser des post-its virtuels sur des lieux, en y intégrant des coordonnées géographiques, pour que ces notes soient accessibles à quiconque passe à proximité.

Testé avec succès pour l’instant seulement avec une douzaine d’étudiants cobayes, l’observateur que nous sommes peut rester sceptique en se demandant comment ce système pourrait bien passer à l’échelle : comment pourrait-il éviter le spam, le push d’information, l’infobésité des requêtes, la pollution sous les post-its… Et puis, il suffit de penser à Twitter (et aussi à TwitterLocal), pour se dire que le système proposé n’en est pas si loin… Hors Twitter, pour l’instant, fonctionne plutôt bien pour faire de la relation globale quasi temps réel, et on pourrait tout à fait imaginer qu’une couche de géolocalisation supplémentaire ne gripperait pas l’ensemble. Sur Twitter, les internautes répondent à des demandes d’inconnus comme à celles de leur réseau social, parfois même pour savoir comment est la plage où l’on s’apprête à se rendre. Comme le rappelle Romit Roy Choudhury, ce n’est pas parce que la technologie permet aux gens de se trouver ou de communiquer selon leur localisation qu’ils vont automatiquement le faire : « Comme dans Facebook ou Wikipédia, les gens ont le choix de participer ou pas ».

telescope.jpgEt Romit Roy Choudhury de conclure : « Nous pouvons désormais penser le téléphone mobile comme une lentille virtuelle capable de mettre l’accent sur le contexte qui l’entoure. En combinant les lentilles de tous les téléphones actifs dans le monde d’aujourd’hui, il est possible de construire un « télescope d’informations virtuelles basé sur l’internet », qui permet une vision en haute définition du monde en temps réel. » Reste, qu’il y a encore un écueil technologique à surmonter : garder son GPS allumé sur son mobile pompe la batterie encore beaucoup trop rapidement pour que la localisation permanente des mobiles soit tout à fait envisageable demain.

Via L’Atelier.fr et la couverture presse du Micro-Blog.

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, signalons le projet MetroSense, développée par l’université de Dartmouth, centré sur la détection des personnes, c’est-à-dire qui vise à construire des réseaux de capteurs branchés sur les comportements des gens plutôt que sur des objets. Leur étude (.pdf) tente de dresser la liste des types de capteurs qu’il est possible de réaliser en environnement urbain.

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