Alléger la ville : vers des plateformes de crowdfunding urbain

Cet été, le groupe de travail « Alléger la ville » de la Fing a rendu ses premières conclusions sous formes de pistes d’inovation, c’est-à-dire des idées, des concepts prêts à être déployés pour favoriser de nouvelles formes d’innovation.

A l’heure où les villes ont l’obligation d’innover pour répondre aux défis auxquels elles sont confrontés et parce que les leviers habituels de l’action publique ne suffisent plus, l’expédition « Alléger la ville » avait pour objectif de proposer un autre avenir de l’usage des technologies dans la ville que celui de la Smart City, une vision de notre avenir urbain très technique et difficile à appréhender pour les habitants. Le groupe de travail s’est intéressé pendant plusieurs mois à imaginer des réponses légères, agiles, diverses au service de la créativité et du dynamisme de tous les acteurs de la ville, facilitant et favorisant la co-conception et la coproduction des politiques urbaines. Les pistes d’innovation se veulent des réponses simples et concrètes, prêtes à être déployées, pour favoriser d’autres formes d’interactions entre les citoyens et leur ville. Le développement de plateformes de crowdfunding urbain est la première piste que les responsables du programme « Alléger la ville » vous proposent.

Les acteurs publics et les grands opérateurs urbains n’ont aujourd’hui plus les moyens de faire face seuls à l’ampleur et la complexité des défis urbains. D’autres imaginations, énergies, ressources doivent être mobilisées ; il n’est pourtant pas toujours facile pour elles de trouver les canaux pour s’exprimer.

Changer d’échelle pour donner la possibilité à une multitude de projets de voir le jour, tout en se dotant d’une souplesse permettant d’accorder des soutiens complémentaires, « hors des cases », voilà le défi qui se présente aux acteurs publics comme privés. Les plateformes de crowdfunding urbain sont une piste pour repérer ce qui émerge du territoire, y compris les initiatives les plus modestes, et pour faciliter l’émergence de projets contribuant au développement économique et social des territoires.

En quoi ça consiste ?

Cette piste consiste, pour une ville, un financeur public ou privé, à inventer de nouvelles modalités de contribution au développement économique local en soutenant l’innovation ascendante citoyenne, sociale et hétérodoxe. Il s’agit :

  • De mettre en oeuvre une plateforme de financement participatif destinée à accueillir des projets locaux d’innovateurs ;
  • De rendre cette plateforme visible auprès de tous les citadins et acteurs du territoire
    (individus, acteurs associatifs, acteurs privés…) afin qu’ils aient les moyens de contribuer aux projets de leur choix ;
  • D’être attentif à ce qu’il s’y passe, pour repérer des projets d’intérêt local et mieux connaître l’innovation ascendante sur le territoire ;
  • D’organiser l’articulation entre cette plateforme et les autres formes de soutien public (financement, label, prêt d’équipement, moyens de communication, etc.).

Vous avez dit “Crowdfunding” ?
« Le crowdfunding ou « financement par la foule » est un nouveau mode de financement de projets par le public. Ce mécanisme permet de récolter des fonds – généralement de petits montants – auprès d’un large public en vue de financer un projet artistique (musique, édition, film, etc.) ou entrepreneurial. Il fonctionne le plus souvent via Internet. Les opérations de crowdfunding peuvent être des soutiens d’initiatives de proximité ou des projets défendant certaines valeurs. Elles diffèrent des méthodes de financement traditionnelles et intègrent souvent une forte dimension affective. »

Concrètement

La plateforme de crowdfunding urbain est un dispositif qui permet à des acteurs publics, privés, comme des innovateurs locaux d’aider des projets porteurs de dynamiques locales nouvelles à progresser.

Beaucoup de projets présentant un fort intérêt local n’émergent jamais faute de financement : trop petits ou «sociaux» pour intéresser des investisseurs, trop jeunes ou trop inhabituels pour entrer dans les «cases» des financements publics…

En impulsant une plateforme de crowdfunding urbain, les acteurs publics fournissent à ces projets un nouveau chemin pour se réaliser.

Plutôt que de la développer entièrement, l’acteur public s’appuie sur une des nombreuses plateformes de crowdfunding déjà existantes, ce qui lui permettra de développer une “fenêtre locale” sur les projets du territoire en partenariat avec un acteur dont c’est le métier, tout en rendant ces projets visibles à un niveau plus global. Il s’exonère ainsi également d’un gros investissement. Il prend en charge la part du fonctionnement de la plateforme spécifique au territoire (développements spécifiques, animation, charges diverses, communication, etc.), le fonctionnement « de base » étant assuré par la plateforme globale.


Image : exemple de projet de crowdfunding urbain réussi avec ce BiblioPousse de Madagascar.

La plateforme de crowdfunding urbain est animée sur la base du partenariat entre l’acteur public et la plateforme de crowdfunding existante. Elle n’est pas un dispositif passif destiné seulement à accueillir les projets proposés spontanément par les innovateurs locaux, mais fonctionne aussi sur un mode plus volontariste : l’acteur local qui la porte peut proposer une programmation ou certaines thématiques, voire lancer des appels à projets, afin de stimuler l’émergence de projets sur des sujets forts du territoire. L’opérateur de la plateforme propose également une animation au-delà du dispositif en ligne, en organisant régulièrement des temps de rencontre, de partage, de mise en avant de projets présentés sur la plateforme.

Tout acteur du territoire peut proposer un projet sur la plate-forme : individu, collectif, acteur associatif, entrepreneur local, etc. Les projets proposés sont des projets de petite
taille (le montant demandé est plafonné), présentant un intérêt local et bénéficiant aux citadins ou aux acteurs économiques et sociaux du territoire concerné.

Sur la plateforme, les porteurs du projet décrivent leur intention et indiquent le montant nécessaire pour que le projet voit le jour. Ils invitent leurs cocitadins à des dons et les mobilisent notamment en leur proposant des contreparties. En complément du financement, cette plateforme peut permettre au porteur du projet de mentionner d’autres besoins, auxquels certains citadins pourraient être en mesure de répondre : compétences, outils, prêt d’équipement, etc. Elle met alors en relation les porteurs de projets et ces contributeurs «en nature».

Les acteurs publics voire certaines grandes entreprises du territoire identifient et suivent des projets grâce à la plateforme. Ils peuvent les repérer et leur apporter un soutien supplémentaire lorsqu’ils ont suscité une certaine adhésion auprès des citadins : financement complémentaire, label, orientation vers des dispositifs de soutien et d’accompagnement, aiguillage pour engager les démarches nécessaires à la réalisation du projet, prêt de matériel ou d’équipement, accès à du public et des modalités de visibilité, possibilités d’expérimentation, etc. Ils prêtent un oeil attentif à la plateforme, et prévoient des outils et méthodes souples pour apporter ce soutien lorsqu’un projet est financé.

Pour les acteurs publics, dont l’intervention et l’apport de soutien sont très réglementés, de vraies réflexions doivent être lancées pour trouver les articulations possibles (et légales) avec la
plateforme.


Vidéo : Vidéo de la première édition du projet Versus de Los Franco Tiradores à Bogota avant qu’elle ne cherche un financement (réussi) pour une édition à Brest sur la plateforme Octopousse.

Scénario

La plateforme locale de crowdfunding
Alexis et Clément réfléchissent depuis quelques temps à lancer un projet qui leur tient à coeur : ouvrir au sein de leur quartier un café convivial, qui deviendrait aussi le lieu de distribution
des paniers de l’AMAP dont Alexis est adhérent, et comprendrait une partie « ressourcerie » dédiée à la récupération et à la revalorisation d’objets. Leur budget n’est certes pas très élevé,
mais il leur manque quelques milliers d’euros. C’est pourquoi ils décident de se tourner vers la plateforme de crowdfunding local pour leur « donner un coup de pouce », d’autant plus
que la thématique des circuits courts a récemment été mise en Une du site. Il ne s’agit pas de faire financer l’intégralité, mais une partie de leur projet ; ils savent qu’ils peuvent déjà
compter sur plusieurs voisins de leur quartier, qui attendent avec impatience l’implantation d’un tel lieu de proximité.


Image : Cafézoïde, le café culturel pour les enfants parisien a réussi sa levée de fonds sur BulbInTown.


Image : cheminement d’un projet sur une plateforme de crowdfunding.

Ils connaissent bien la plateforme de crowdfunding de la ville, car avant de lancer leur propre projet, Alexis et Clément ont soutenu quelques projets via cette plateforme : application de recensement des obstacles sur les chemins piétons et cyclistes développée par deux étudiants en design et en informatique, achat d’une imprimante 3D par la médiathèque de la ville, installation
de tables de pique-nique dans un parc…


Image : prototype de la déclinaison locale d’une plateforme de crowdsourcing.

La démarche est simple : Alexis et Clément affichent le palier à partir duquel leur projet
sera financé (6 000€, au-delà duquel le café pourra proposer des services et un confort
supplémentaire), et choisissent quelques rétributions à proposer aux contributeurs :
pour 5-10€, un café équitable offert, pour 10-20€ un repas convivial offert lors de la
soirée de lancement, pour 20€-30€ un panier de légumes, … Ils y annoncent aussi
avoir besoin de bras pour l’aménagement et la décoration, des conseils pour la structuration
en association… La campagne doit durer 2 mois.

Au bout de quelques semaines, le palier est pratiquement atteint ! A leur grand étonnement, ils
s’aperçoivent dans les jours qui suivent qu’une PME locale a donné quelques centaines d’euros
à leur projet et propose de leur prêter de l’équipement ; ils reçoivent également une proposition d’accompagnement à la structuration de leur activité, de la part de la villes.

Quelques mois après, le projet voit le jour ; grâce à tous les témoignages d’adhésion au projet sur la plateforme, Alexis et Clément ont pu bénéficier d’un petit prêt supplémentaire de la part d’une banque, pour lancer leur activité. Et à leur grande surprise, la plateforme a aussi eu un autre effet : elle les a manifestement rendus très visibles dans le quartier, et le café devient rapidement un lieu convivial bien au-delà de leur cercle de proches.

‘‘Ulule Auvergne Nouveau Monde’’ : une plateforme locale de crowdfunding
L’Auvergne a été en 2012 la première région à mettre en place un dispositif de crowdfunding pour accompagner l’émergence de nouveaux projets sur le territoire, en donnant à voir des projets du territoire et en leur permettant de trouver une part de leurs financements.

L’association Auvergne Nouveau Monde, en charge du programme de marketing territorial de la Région, a pour cela noué un partenariat avec une plateforme existante, Ulule.

Ont notamment été financés un projet de restauration rapide et saine, un espace de coworking, l’excellence scolaire d’enfants du pôle Espoir ski… Particularité du dispositif, Auvergne Nouveau
Monde a mobilisé des sponsors, qui viennent compléter les financements de certains projets en fonction du montant récolté auprès des contributeurs.

En 2013, Ulule a annoncé le lancement d’autres pages régionales, dont celle des Pyrénées-Orientales, construite en partenariat avec un groupement d’entreprises locales.

Comment cette piste peut-elle contribuer à alléger la ville ?

Un changement d’échelle : rendre possible des projets « micro »
Les acteurs et financeurs publics comme privés se dotent depuis des années d’outils et de dispositifs leur permettant d’identifier et de soutenir des projets menés sur leur territoire et d’agir en faveur du développement économique local : appels à projets, labels et subventions, incubateurs classiques ou incubateurs sociaux,… Néanmoins, tous les types de projets ne bénéficient pas de cet outillage, loin de là. De nombreux projets d’échelle plus modeste, dont des « micro » projets locaux, passent inaperçus aux yeux des financeurs, alors même qu’ils pourraient composer des réponses fines aux besoins du territoire. Les plateformes de financement participatif sont une réponse alternative, aux côtés des dispositifs de soutien existants, permettant de sortir de cette situation :

  • Elles encouragent des projets qui passent habituellement inaperçus à se raconter publiquement, leur permettent d’être détectés par les citadins comme par des acteurs publics ou privés, qui peuvent ainsi les soutenir ou y contribuer.
  • Elles permettent d’effectuer des simili “études de marché”, selon l’adhésion que les projets remportent, et ainsi d’identifier les projets répondant réellement à des besoins ou aspirations locales. Elles peuvent être des outils précieux pour les différents acteurs du territoire :
    – Les acteurs publics peuvent repérer certains besoins et aspirations des citadins, qui ne s’expriment pas nécessairement par les canaux classiques ;
    – Les financeurs peuvent contribuer à des projets locaux remportant déjà une certaine adhésion ;
    – Les citadins peuvent suivre en toute transparence certains projets, ou percevoir l’adéquation de leur projet aux besoins du territoire.
  • Elles rendent possible l’émergence d’une multitude de petits projets, légers, avec des montages financiers divers, et qui constituent autant de micro-réponses à des défis locaux, auxquels les grands acteurs urbains ne savent pas répondre : installer une boulangerie dans un quartier doté de peu de commerces, lancer la création d’un jardin partagé, former un collectif pour animer régulièrement un espace public, développer une application de cartographie collaborative…

De nouvelles formes de soutien « légères »
Des plateformes destinées tant aux citadins qu’aux financeurs peuvent constituer des dispositifs alternatifs aux formes existantes de soutien à l’innovation ; plus transparents, plus légers et moins lourds à administrer, ils doivent néanmoins coexister avec les dispositifs et temporalités consacrés.

Stimuler l’action collective locale
Les initiatives territoriales d’échelle modeste ne souffrent pas seulement d’un manque de visibilité auprès des acteurs publics et privés, mais parfois auprès même des citadins, auxquels
elles pourraient pourtant bénéficier. Le crowdfunding, à l’inverse, “donne à voir”, mais stimule
également la contribution et la co-construction d’initiatives, grâce à des campagnes ponctuelles.
Il distribue aux citadins de nouvelles capacités :

  • Construire et partager des récits : les projets se racontent sur la plateforme, mais se partagent aussi dans tout le spectre des réseaux sociaux ;
  • Mobiliser de larges communautés autour de projets divers : grâce à ces récits, le crowdfunding permet d’identifier et de contribuer à un projet auquel l’on croit, qui répond à des aspirations, des besoins, et dont de nombreux citadins peuvent bénéficier.

Les conditions de réussite

Mettre les plateformes en réseau
Les dispositifs de crowdfunding urbain n’ont pas une dimension seulement locale ; il s’agit au contraire d’articuler l’échelle locale, du territoire, à l’échelle globale du web. Certes, la mobilisation autour de projets se fera surtout au niveau des écosystèmes locaux, mais les plateformes doivent permettre de rendre visibles les projets locaux, plus globalement. Rien ne doit interdire à un habitant de Marseille de soutenir un projet à St Etienne… C’est pourquoi il est préférable que les plateformes locales soient associées à des plateformes plus larges, dont
elles deviennent alors des sortes de «fenêtres territoriales».

S’ouvrir à tout type de projet d’intérêt local de petite taille
Le critère de projet « d’intérêt local » est assez large pour que des projets marchands comme non marchands soient proposés sur la plateforme. Gestion et animation du dispositif sont importantes pour stimuler la variété de projets ; aller « chercher » des projets, en mettant en avant certaines thématiques doit être une modalité d’action de la plateforme, afin de susciter
des réponses à des problématiques identifiées sur un territoire.

Il est néanmoins important de veiller à ce que les projets proposés soient de petite échelle, en instaurant une limite maximale à la somme demandée par projet ; il est aussi envisageable de
plafonner le montant récolté par des projets financés au-delà de la somme demandée (en l’indexant sur un pourcentage du montant demandé par exemple), afin que le « surplus » de financement ne devienne pas un inconvénient pour le porteur de projet.

Des outils et dispositifs pour soutenir les micro-projets en nature
Si les petits projets ont besoin de financements, ils ont souvent d’autres besoins en nature : besoin d’équipements, d’accompagnement, d’accès à des publics, des dispositifs d’expérimentation…

Acteurs publics comme privés doivent s’outiller afin de répondre à ces demandes qui pourraient aussi s’exprimer via la plateforme :

  • Développer de nouvelles formes de soutien « léger » qui viendraient s’articuler avec la plateforme : formes évenementielles, accélérateurs de projets…
  • En réfléchissant aux articulations entre les formes de soutien déjà existantes et la plateforme : quelles modalités, quelles démarches à effectuer, quels interlocuteurs ? Quelles passerelles entre la plateforme et des dispositifs de soutien à l’innovation plus classiques,
    du type incubateur ?

Favoriser les contreparties symboliques des porteurs de projet
Toutes les plateformes de crowdfunding généralistes invitent à proposer des contreparties en fonction du montant des soutiens, qui correspondent parfois à du « pré-achat » de produit ou de service. Les plateformes de crowdfunding urbain ne font pas exception ; les contreparties sont des leviers essentiels pour inciter le plus grand nombre à contribuer.

L’animateur de la plateforme doit donc s’assurer que les porteurs de projets en proposent, sous diverses formes : avantages, invitation à des événements, réductions, accès privilégié à certaines activités, etc.

Attention, facteurs d’échec !

Marchés publics et responsabilité des acteurs publics
Les acteurs publics sont soumis à des règles strictes (code des marchés publics, obligation de mise en concurrence…), qui ne leur permettent pas de soutenir directement des projets sur la plateforme de crowdfunding. Mais que cela ne les empêche pas de prêter une attention toute particulière aux façons dont ils peuvent indirectement contribuer aux projets des citadins. Il serait dommage de ne pas pousser plus loin la réflexion puisque ces acteurs ont des ressources, des équipements, des compétences qu’ils pourraient, si le cadre réglementaire le permettait,
mettre à disposition des porteurs de projets de la plateforme, répondant mieux encore aux besoins de l’innovation ascendante.

Concurrence aux financements bancaires ou de micro-crédits
Le droit bancaire constitue une autre limite pour le dispositif de financement participatif urbain. Le don et le don contre contreparties (pour un soutien, avoir droit à des avantages) ne posent juridiquement aucun problème, là où d’autres modalités de contribution existantes dans certaines plateformes de crowdfunding généralistes telles le prêt ou l’investissement sont plus complexes en France, hors des institutions bancaires.

Les « prêts consentis à titre gratuit ne relèvent pas du monopole bancaire et ne nécessitent pas d’agrément ou d’autorisation spéciale pour être pratiqués », mais les prêts rémunérés ne peuvent être délivrés que par un établissement de crédit. Ces limites doivent être claires pour les porteurs des plateformes de crowdfunding urbain comme pour les porteurs de projets, afin de ne pas concurrencer les financements bancaires.

Modalités de financement « légères »
Il existe d’autres formes d’accès à des financements « légers », pour de petits projets ; c’est notamment le cas de la microfinance. Les plateformes de financement participatif urbain ne font pas exactement de la microfinance, et sont consacrées au don ou au prêt non-rémunéré. Bien d’autres différences peuvent être recensées : la microfinance concerne ainsi plus souvent des projets individuels qui produiront des capacités de remboursement, là où le crowdfunding s’adresse plus à des projets collectifs dont la rentabilité n’est pas toujours le but.

Demande d’argent ?
La plateforme ne doit pas être un catalyseur des demandes de financements, lorsque celles-ci ne répondent pas à de réels besoins. L’animation de la plateforme doit privilégier les projets bénéficiant à des acteurs du territoire et stimulant la coproduction, plutôt que cherchant seulement à recueillir de l’argent.

Abandon de certains secteurs par les institutions publiques ?
La plateforme doit absolument éviter l’écueil de transférer la responsabilité publique sur le dos des citadins donateurs. Elle ne doit ni venir compenser l’insuffisance de financement public sur une mission «normale» du territoire, ni servir de paravent à l’abandon d’une mission par les acteurs publics. Certes, il serait tout à fait pertinent que des projets proposés visent à faire avancer la réflexion sur certains « gros » sujets comme de grandes transformations urbaines, mais la mise en oeuvre reviendra in fine aux grands acteurs urbains.

Marine Albarède et Thierry Marcou.

Thierry Marcou (@thierrymarcou) est le chef de projet du programme Alléger la ville de la Fing (@la_fing). Marine Albarede (@marinealbarede) est chargée de mission de ce même programme ainsi que du programme MesInfos de la Fing.

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