Et les wikis se multiplièrent…

Les wikis, sites web que chacun peut mettre à jour lui-même, ont le vent en poupe. Le trafic des gros wikis explose aux Etats-unis, tandis que se multiplient les tentatives pour démocratiser le concept de sites – vraiment – partagés par tous.
S’agit-il d’une forte tendance de l’internet ? Ou le wiki est-il au contraire le dernier jouet à la mode pour un public d’informaticiens en mal de nouveautés ?
Tout au plus peut on admettre que le wiki en tant que média est encore jeune et son usage largement à défricher.
Mais, dans ce domaine comme dans d’autres, l’adoption du concept par le monde professionnel est un signe qui ne trompe pas. Si le wiki est particulièrement populaire dans les milieux associatifs ou d’autres communautés informelles, il a également fait irruption dans l’univers de l’entreprise, via des « CorporateWikis ».

C’est notamment le cas chez British Telecommunications, SAP, Disney ou Motorola.

Comme l’explique Crawford Currie, ancien employé de Motorola, dont il a administré plusieurs des wikis en intranet : « Mes wikis étaient utilisés dans la branche Design pour la communication entre les équipes, ou pour partager de l’information au sein d’une équipe sur un projet. Leur utilisation était multiple : description de produits (en lecture seule), documentation technique en cours d’élaboration, calendrier projet, compte rendus de réunions, espace ouvert pour discuter d’idées nouvelles, organisation d’événements, partage de photos, etc. »

Le wiki, en permettant de s’affranchir des contraintes habituelles de publication web, offre une réactivité sans pareil, qui correspond bien à certains besoins en milieu professionnel. « Changer une page wiki est si simple que les gens sont beaucoup plus enclins à y contribuer qu’ils ne le sont pour des supports traditionnels. Cela assure l’adoption massive de l’équipe au processus. En ce sens, notre utilisation du wiki a apporté une vraie amélioration, en aidant une équipe répartie sur six pays à être plus efficace et plus orientée processus », résume Currie, ajoutant « que l’évolution des projets (processus de développement logiciel) était largement calquée sur le wiki ».

Le principe de wiki, réalisant la promesse d’un « groupware » facile à déployer autant qu’à utiliser, semble donc de nature à séduire le monde professionnel. Et par là-même à se pérenniser.

Quelques entreprises commerciales ont récemment vu le jour et proposent des services divers autour du wiki. C’est notamment le cas des « WikiFarms », hébergeant des sites wikis sur internet ou en intranet, ou de sociétés de services et de conseil spécialisées, comme SocialText (http://socialtext.com) qui annonçait fin octobre le lancement d’un logiciel adapté aux besoins des entreprises.
On peut d’ailleurs prédire l’explosion de « l’offre wiki », composée d’une palette d’outils, de solutions intégrées et de services d’hébergement spécifiques, tant pour les particuliers souhaitant créer leurs propres sites (à l’instar des solutions de blogging ou de moblogging qui se sont multipliées ces derniers mois), que pour les entreprises.
Et il y a fort à parier que le wiki va, finalement, donner naissance à un nouveau marché. C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter.
Cyril Fiévet et Hubert Guillaud

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