L’Ecole ne sait pas éduquer aux nouveaux médias

L’enquête européenne Médiapro (.pdf) sur l’appropriation des nouveaux médias par les jeunes – publiée en juin 2006, financée par la Communauté Européenne, qui a recueilli les opinions de près de 9000 jeunes européens, de 12 à 18 ans, sur leurs pratiques de communication via internet et les mobiles -, met en évidence l’incapacité de l’Ecole à éduquer aux nouveaux médias. Il apparaît que globalement, les jeunes utilisent massivement les nouveaux moyens de communication, qu’ils semblent bien avertis des dangers qui les y menacent éventuellement, mais surtout que leur pratique est avant tout personnelle, l’Ecole en étant particulièrement absente, comme le souligne François Jarraud du Café Pédagogique :

« La conclusion la plus frappante de l’ensemble de cette étude réside dans le fossé marqué entre les usages de l’Internet à la maison et à l’école. Dans tous les pays, Québec inclus, ce fossé s’impose en termes de fréquence d’utilisation, d’accès, de régulation, d’apprentissage et de développement d’aptitudes, et de type d’activités. Les données montrent que c’est un gouffre qui s’ouvre. Toutes les fonctions importantes pour les jeunes existent hors de l’école, comme l’essentiel de leurs apprentissages (surtout de l’auto-apprentissage et de l’apprentissage entre pairs). Dans le même temps, les écoles restreignent l’accès, interdisent certaines pratiques sans aucune nécessité, ne parviennent pas à comprendre la fonction communicationnelle d’Internet, et, pire que tout, échouent à transmettre les compétences de recherche documentaire, d’évaluation des sites, de recherche et de production créative qui devraient être les plus importantes pour elles. On note partout clairement que les jeunes ne peuvent pas acquérir les savoir-faire nécessaires dans de bonnes conditions. Alors que dans certains pays, ils se révèlent des usagers sophistiqués de l’Internet, comprenant bien les aspects moraux et culturels, en France en particulier, il existe des pays où ils sont beaucoup plus faibles, surtout en ce qui concerne les questions d’ordre légal qui sont liées à ces médias. En outre, il est évident dans tous les pays qu’ils surestiment leur propre capacité à évaluer. Ce sont des types de connaissances et de compétences critiques que seule l’école peut transmettre. Alors que la littérature académique discute beaucoup du potentiel créatif des nouveaux médias, on constate ici que le travail créatif est limité, et qu’une minorité de jeunes développent des sites personnels ou des blogs. De plus, ces objets peuvent facilement être laissés en sommeil. A nouveau, il y aurait un rôle évident à jouer pour les écoles dans le développement de ces aptitudes plus délicates à acquérir. »

Via Homo-Numericus.

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