A partir de quand, et jusqu’où peut-on « libérer » les publications scientifiques ?

La publication, dans des archives ouvertes, ou « Libres« , des recherches financées sur fonds publics, gagne du terrain. En Australie, les deux principales autorités en charge de la recherche scientifique viennent de lancer un appel aux chercheurs afin qu’ils rendent public le résultat de leurs travaux. L’une d’entre-elles a d’ailleurs décidé d’obliger ceux qui s’y refuseraient à en motiver les raisons.

En Europe, plusieurs organismes européens viennent, coup sur coup, de prendre ouvertement position, eux aussi, en faveur du « Libre Accès » aux publications scientifiques. Pour le conseil scientifique du Conseil européen de la recherche (ERC), le coût élevé de ces publications « entrave le progrès scientifique« . Le Comité consultatif européen pour la recherche (EURAB) déplore pour sa part que les finances publiques servent non seulement à financer la recherche, mais aussi à s’abonner aux revues qui en publient les résultats.

Plusieurs organismes impliqués dans la communication scientifique viennent de leur côté de lancer une pétition. Désireux de rendre encore plus visibles les résultats des chercheurs européens, ils pressent la Commission d’adopter « urgemment » une recommandation de la Commission Européenne qui fixerait à 6 mois l’embargo commercial au-delà duquel les publications auraient le droit d’être republiées dans les archives ouvertes.

La pression, émanant également des gros éditeurs, serait d’autant plus forte que la Commission devrait publier sous peu une communication sur les publications scientifiques, et qu’elle organise une conférence sur « La publication scientifique dans l’Espace européen de la recherche – Accès, dissémination et sauvegarde à l’ère numérique » les 15 et 16 février 2007 à Bruxelles.

Le commentaire par les pairs : franchir le pas ou pas ?

Dans le même temps, le modèle économique de la communication scientifique fait l’objet d’autres avancées, et expérimentations. Ainsi du système de Peer Review (la critique par les pairs) qui préside à la recherche scientifique et que d’aucuns proposent de remplacer par un autre système, comme le commentaire par les pairs (peer commentary).

La revue Nature a, pendant plusieurs mois, invité chacun à commenter et réagir directement à des articles scientifiques. Le but, voir s’il était possible de faire faire le travail de validation et de critiques des articles, actuellement fait par des scientifiques organisé en comité de rédaction, par les lecteurs, également scientifiques. La revue a donc ouvert 71 articles au public après accord avec les auteurs. 92 commentaires ont été déposés sur 38 articles, dont 49 sur 8 d’entre eux.

Pour Nature, l’expérience n’est pas aussi concluante qu’ils l’espéraient en raison du faible nombre et de la qualité moyenne des commentaires. « Les chercheurs ne sont pas encore prêts« , affirme Timo Hannay, responsable des développement web du groupe Nature.

Cela n’a pas empêché une autre revue de se lancer. Le 20 décembre était officiellement lancé PloS One (Public Library of Science), une revue en peer commentary, un peu sur le modèle de Wikipédia : les articles sont relus par quelques 200 chercheurs pour traquer les erreurs sans regarder la signification des résultats. Les articles scientifiques ne seront pas trié a priori. Comme le reconnaît Chris Surridge, rédacteur en chef de PLoS One, le but est de « faire une revue où les articles ne sont pas une fin en soi mais le début d’une discussion« .

Via openaccess.inist.fr et Enro. Voir également le dossier que vient de consacrer la lettre de la Maison des sciences de l’homme aux archives ouvertes.

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