Les chercheurs (parmi lesquels on trouve notamment danah boyd, Kate Crawford, Frank Pasquale…) du Conseil pour les Big Data, l’Éthique et la société de la NSF et de Data&Society viennent de publier une synthèse de deux années de travaux, posant 10 règles simples pour rendre les recherches dans le domaine des Big Data responsables.

Les règles énoncées sont les suivantes :

• Reconnaître que les données sont des gens et peuvent faire du mal : même des données qui semblent n’avoir aucune relation avec les gens peuvent les impacter de manière inattendue. Faire cette hypothèse de départ permet de rester vigilant.
• Reconnaître que la vie privée n’est pas qu’une opposition binaire entre public et privé : elle est contextuelle et situationnelle.
• Se défendre contre les possibilités de réidentification des données : l’anonymisation des données dans un monde en réseau est de plus en plus difficile (voir cet exemple récent), il faut donc veiller à minimiser les données.
• Pratiquer un partage de données éthiques : le fardeau du partage et de l’anonymisation repose désormais sur le chercheur.
• Considérer les forces et les limites de ses données : gros ne signifie pas nécessairement meilleurs.
• Débattre des choix éthiques : la discussion et le débat sur les questions éthiques sont essentielles pour faire avancer et clarifier les solutions et les protocoles de gouvernance.
• Développer un code de conduite pour son organisation sur ces questions : il est nécessaire de développer des règles pour une recherche responsable dans le domaine des Big Data et de faire participer toutes les parties prenantes à celui-ci pour les impliquer et pour qu’ils se les approprient.
• Concevoir ses données et ses systèmes pour leur auditabilité : permettre que les systèmes soient vérifiables, évaluables, documentés permet d’améliorer le contrôle, la compréhension et la réplicabilité.
• S’engager dans les débats plus larges sur la donnée et leurs pratiques d’analyses, car la recherche sur les Big Data a des effets d’échelles sur la société.
• Savoir quand casser l’une de ces règles, en cas d’urgence ou de catastrophe.

L’objectif de ces 10 règles est d’aider les chercheurs à être plus vigilants face aux conséquences des données qu’ils manipulent. Mais, s’ils sont souvent rigoureux sur les questions de méthodologie et de technologie, force est de constater qu’ils sont encore souvent naïfs quant aux questions d’éthiques. Considérer les données comme des personnes est un moyen d’élever le niveau de vigilance de tous. L’enjeu n’est pas d’empêcher la recherche, mais de veiller à ce que le travail soit précis, vertueux tout en minimisant les dommages possibles. A grande opportunité qu’offre les données doit répondre une grande responsabilité.