Donjons et Dragons un outil thérapeutique ?

Cela fait longtemps que les psychothérapeutes utilisent des « jeux de rôle » pour aider leurs patients à mieux gérer leurs difficultés à affronter la société. Mais ces « jeux de rôle » n’ont pas grand-chose à voir avec les autres jeux de rôle, dont Donjons et Dragons est l’archétype, ceux joués sur tables avec des dés et qui précipitent les participants dans un univers fictionnel appartement généralement à la fantasy ou à la science-fiction.

Mais, nous raconte Kotaku, c’est en train de changer. Plusieurs équipes de psychologues, aux Etats-Unis, utilisent aujourd’hui D&D dans un but thérapeutique.

Adam Davis et Adam Jones ont fondé à Seattle le Wheelhouse Workshop, où sont organisées de telles parties de jeu de rôle. La journaliste de Kotaku, Cecilia D’Anastasio, nous donne l’exemple d’un adolescent, Frank, qui se révélait incapable de communiquer dans son environnement scolaire, et qui restait toujours isolé. Ils lui firent jouer le rôle d’un nain barbare, bruyant et sans manières. Ils firent asseoir Frank dans la position de son personnage, les jambes écartées et les coudes confortablement installés sur la table. En jouant ce personnage, explique Cecilia D’Anastasio, Frank a pu expérimenter d’autres manières d’interagir avec autrui.

Le jeu pourrait également aider les enfants qui se sentent désorientés dans la société, et même aider à mieux gérer l’autisme. Cecilia D’Anastasio raconte avoir rencontré la mère d’un enfant peu flexible, qui avait du mal à dévier de ses idées. Mais, lors d’une partie de D&D au Wheelhouse Workshop, les aventuriers constituent une « compagnie » qui doivent avoir à gérer des problèmes collectivement. On ne peut pas en faire qu’à sa tête. Parlant de son enfant à la journaliste de Kotaku, elle lui a expliqué qu' »il m’a effectivement dit qu’il n’était parfois pas d’accord avec ce que ses compagnons d’aventure avaient décidé…, et plus tard, il a fini par convenir que leur décision était la bonne… C’est une surprenante amélioration de sa flexibilité. »

En Pennsylvanie, le Bodhana Group s’occupe de cas particulièrement difficiles. Ces thérapeutes sont en charge d’un groupe exclusivement constitué de garçons au comportement difficile, certains ayant même commis des agressions sexuelles. Pour les aider, Jack Berkenstock, qui dirige l’équipe, conçoit des parties de Donjons et Dragons spécifiquement adaptées à ces jeunes.

Berkenstock s’efforce de concevoir des jeux où les actions des joueurs ont des conséquences, par exemple, il n’empêcherait pas un joueur trop impulsif de se précipiter dans un repaire de dragons. Si son personnage est sévèrement blessé, c’est une répercussion naturelle. Lorsque ses joueurs effectuent un raid sur un village d’orcs, il prend soin de montrer comment cela affecte les enfants orcs ou leurs mères. « Je crois que vous pouvez explorer les conséquences de vos actions dans un environnement où personne ne se blessera physiquement », a déclaré M. Berkenstock.

D&D va-t-il se professionnaliser et s’intégrer officiellement au catalogue des pratiques thérapeutiques ? Comme le conclut intelligemment la journaliste de Kotaku, certainement pas, et cela vaut mieux ainsi : « D&D n’a jamais été et ne sera jamais commercialisé comme un outil thérapeutique. C’est juste un jeu. C’est aussi pour ça qu’il pourrait fonctionner avec les enfants qui ont besoin d’aide. »

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