Du but de l’automatisation

Evoquant le fonctionnement de Facebook M, l’assistant personnel de la messagerie instantanée de Facebook, Sam Lavigne (@sam_lavigne), rappelle sur The New Inquiry (@newinquiry) que les employés de Facebook M, qui permettent au système automatisé de s’améliorer, agissent comme des tuteurs. « Chaque fois que les employés de FB approuvent ou ajustent les réponses automatisées du système, ils améliorent non seulement la réponse mais le système dans son ensemble, ce qui donne à FB un avantage potentiel par rapport aux services concurrents et élargit le jeu de données qui rendra inévitablement et ironiquement leur propre travail obsolète. Plus ils travaillent et plus leur position devient précaire et mieux ils préparent le terrain pour leur propre liquidation ».

Pour Lavigne, travailler pour les algorithmes rend explicite la dynamique d’exploitation qui existe dans tous les systèmes d’apprentissage automatisés. « Les systèmes d’apprentissage automatisés doivent être compris comme des moyens de production : ils agissent comme des usines produisant de la valeur économique pour le compte des entreprises qui les contrôlent. (…) Les système d’apprentissage automatisés sont des usines de production et nous travaillons tous et toujours à l’amélioration de l’usine ». Or, l’objectif des systèmes d’IA est de produire des extrants supérieurs à ceux des humains, à l’image d’AlphaGo, qui permet à des systèmes d’accomplir des tâches semblables à celles des humains et qui étaient autrefois théorisées comme virtuellement impossible en informatique. « Lorsque nous considérons l’IA et l’apprentissage automatisé comme des moyens de production, il devient évident que les systèmes automatisés ont déjà produit »… leur réalité apocalyptique et libératrice : « une pour ceux qui contrôlent et bénéficient des moyens de production et une pour ceux qui travaillent sur les moyens de production et sont exclus de leurs avantages ».

Pour Lavigne, dans une analyse finalement très marxiste, l’enjeu n’est donc jamais la technologie en elle-même, mais qui la contrôle et qui en tire profit. « Indépendamment de savoir si nous formons ces machines volontairement ou non, avec ou sans compensation, le résultat final est toujours une machine à faire de l’argent – et la relation entre les propriétaires de cette machine et les ouvriers qui l’ont construite repose toujours sous une forme d’exploitation sévère. » Les travailleurs que nous sommes ne construisent pas seulement le produit, mais également un automate qui construit des produits. « La tragédie de l’automatisation et de l’IA, la crainte de la « singularité », n’est en réalité que la réalisation d’une caractéristique fondamentale du capitalisme : ceux qui ne contrôlent pas les moyens de production seront toujours exclus des avantages de leur travail. »

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