Dans son excellente chronique du matin, le journaliste Xavier de la Porte (@xporte) revenait sur la confession du développeur américain Paul Sourour publiée sur Medium, intitulée « Le code dont j’ai encore honte ». Celui-ci y raconte par l’exemple ses dilemmes moraux à développer des quizz en ligne pour un laboratoire pharmaceutique afin de faire la promotion d’un médicament aux effets secondaires mortifères… Ce ne pourrait être qu’une anecdote de développeur de plus, mais pour Paul Sourour, c’est le constat que bien souvent, les programmeurs sont le dernier rempart éthique de pratiques qui s’en soucient peu.

Sauf que les développeurs ne sont pas un barrage éthique. Ce que raconte Sourour, au final, c’est qu’il a pondu le code de ces quizz, quand bien même il avait conscience d’un cas recensé de suicide relatif à l’utilisation du médicament qu’il était chargé de promouvoir en ligne. Sa culpabilité rétrospective l’invite à se poser la question de l’éthique des codeurs, mais sans esquisser de réponses concrètes.

La confession de Sourour a beaucoup circulé sur des forums comme Reddit ou Y Combinator, déclenchant à son tour de multiples confessions anonymes de programmeurs en guerre avec leur conscience. Business Insider pointe ainsi ceux confessant avoir copié du code d’un concurrent pour une démo auprès d’investisseurs à ceux confessant avoir altéré une sauvegarde de données financières pour truquer les comptes d’une entreprise… Le point commun de ces histoires estime rapidement Julie Bort pour Business Insider étant bien sûr la croyance, partagée, que si les développeurs avaient refusé de faire ce qui leur étaient demandé, les entreprises auraient trouvé quelqu’un d’autre pour le faire. Mais n’est-on pas là déjà dans une mauvaise justification du dilemme moral qui nie toute valeur à une opposition ou à un refus ? Pour Sourour, la profession a besoin de discuter d’éthique et de responsabilité. Pour Business Insider, elle a surtout besoin d’une organisation qui puisse l’aider à réguler la profession, d’un code de déontologie. Elle a peut-être surtout besoin de se rappeler que l’argent ne fait pas tout ;).

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