L’ennui accroît la créativité, nous informe Clive Thompson dans Wired, qui cite deux études « récentes » (sans donner de liens) qui confirment l’intérêt de cet état mental mal aimé.

La première étude (menée par Sandi Mann, également auteure du livre La science de l’ennui ) a consisté à faire exécuter par les sujets un travail très ennuyeux (copier les entrées d’un annuaire téléphonique), puis ensuite à leur faire accomplir une tâche « créative », comme trouver tous les usages possibles d’une paire de tasses. Les sujets venant d’accomplir la tâche fastidieuse ont été plus efficaces dans ce domaine que le groupe de contrôle. La seconde recherche était basée sur les mêmes principes. Les sujets devaient tout d’abord contempler un certain temps un économiseur d’écran sans intérêt, puis ensuite se livrer à un test d’association d’idées. Là aussi, ceux qui étaient passés par une phase d’ennui se sont montrés plus créatifs que ceux du groupe de contrôle.

Je nourris quelques doutes sur le caractère « récent » de ces recherches. La première semble dater de 2013, et il serait fort possible que la seconde date de la même année (s’il s’agit bien de celle-là).

Quelle est la cause d’un tel phénomène ? Sans doute, nous dit Thompson, parce qu’un esprit qui s’ennuie recherche de la stimulation :

Les parents vous diront que les enfants qui n’ont «rien à faire» finiront par inventer un jeu étrange et amusant – avec une boîte en carton, un interrupteur, peu importe. Les philosophes en ont eu l’intuition depuis des siècles ; Kierkegaard a décrit l’ennui comme un préalable à la création : «Les dieux s’ennuyaient ; donc ils ont créé des êtres humains. »

Le problème, c’est qu’aujourd’hui nos téléphones mobiles nous servent à éviter systématiquement l’ennui. Sandi Mann compare même leur consultation constante à l’absorption de « junk food ». Il faudrait donc, continue le journaliste, nous délecter de l’ennui et non l’éviter à tout prix.

Comme exemple de stratégie possible, Thompson cite l’utilisation par certains écrivains du logiciel Freedom qui coupe toute connexion avec le Net pendant une séance de travail. Il s’agit en premier lieu d’éliminer les distractions, mais cela peut également être considéré comme un moyen d’entretenir l’ennui, explique-t-il. On pourrait aussi citer d’autres programmes, comme le traitement de texte minimal JDarkRoom.

Bien sûr termine Clive Thompson, il faut prendre garde à ne pas confondre l’ennui qui permet la créativité, et sa version pathologique qui nous plonge dans la léthargie et qui ne présente guère d’aspect positif… Toute l’astuce consiste à bien savoir distinguer les deux !

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