Peut-on vraiment apprendre en dormant ?

Peut-on apprendre dans son sommeil ? C’est une vieille croyance qui n’a jamais été vérifiée et qui fleure bon la pseudoscience. Mais une récente étude nous laisse à penser qu’il y a peut-être un brin de vérité dans tout cela, même si l’effet reste très limité.

Une équipe suisse a tenté une expérience assez originale, afin de déterminer notre capacité de retenir des informations pendant notre sommeil. Leur travail a été résumé dans Discover Magazine, mais est également accessible en ligne dans son intégralité sur le site de Current Biology.

Les participants se voyaient passer pendant leur sommeil un enregistrement dans lequel étaient prononcés des mots appartenant à une langue inexistante (par exemple « biktum » pour « oiseau ») accompagnés de leur traduction.

Au réveil, on leur a présenté de nouveau ces pseudo-mots (sans leur traduction, évidemment) en leur demandant d’imaginer ce qu’ils pouvaient bien représenter et d’essayer de dire si les objets qu’ils nommaient pouvaient ou non « tenir dans une boite à chaussure ». Selon les chercheurs, les sujets ont correctement classé les items dans une proportion supérieure de 10 % à ce qui se serait produit en cas de pure chance.

Cela démontrerait, pour les chercheurs, l’existence d’une mémoire implicite et inconsciente, qui fonctionnerait de manière quasi instinctive.

Une autre découverte de cette équipe concerne le moment où l’information peut être retenue. Cela ne marche pas n’importe quand au cours du sommeil. En effet, même lorsque le cerveau est en sommeil profond (donc pas en état de rêve), il oscille toutes les demi-secondes entre un état « activé » et un autre « inactif ». C’est lorsque les mots étaient prononcés pendant cet état « actif » que la trace mémorielle avait le plus de chance de se produire.

Les chercheurs ont également soumis certains sujets à l’IRM et ont pu constater que lors de cet « apprentissage », les régions de l’hippocampe (qui gère le passage de la mémoire à court terme à celle à long terme) ainsi que les zones du langage avaient été activées.

Quelles conséquences ? Les chercheurs espèrent que ce genre de travail pourra à terme aider les personnes dotées de difficultés d’apprentissage ou connaissant un déclin cognitif. Mais, pour l’instant, on est quand même très loin d’apprendre une nouvelle langue en dormant !

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