Le grand défi des grands défis

La recherche progresse à petit pas, d’article en expérience, mais elle progresse aussi en relevant des défis : la démarche qui sous-tend les « grand challenges » (« grands défis ») consiste à identifier un ou plusieurs objectifs très ambitieux, qui concernent plusieurs disciplines et branches technologiques, qui peuvent être compris par des non-spécialistes. Il s’agit aussi d’offrir des perspectives à la recherche, d’y replacer une part de rêve et de recueillir de la part de l’opinion un soutien, plutôt qu’un scepticisme inquiet.

Les « grands défis » peuvent être très concrets, tels celui du Darpa (Defense Advance Research Project Agency, qui a financé les débuts de l’internet) qui organisait une course de véhicules robotisés dans le désert américain. Ils peuvent aussi consister en une liste d’objectifs, qui présente l’avantage de rendre intelligibles les enjeux et les orientations de la recherche.

Ainsi, le « Groupe d’experts sur les technologies de l’information et de la communication » (Istag), créé par la Commission européenne, propose-t-il 11 « images concrètes du futur » (.pdf), des projets interdisciplinaires, réalisables en 8 à 10 ans, capables de mobiliser l’opinion et les acteurs publics et privés, avec un effet de levier tant sur la R&D que sur l’économie :

    1- La voiture à 100 % sûre
    2- Le compagnon multilingues
    3- Le compagnon-robot de service
    4- L’ordinateur qui se surveille et se répare tout seul
    5- L’agent de police virtuel
    6- Le simulateur de maladies et de traitement
    7- La mémoire personnelle augmentée
    8- La veste de communication ambiante
    9- Le visualiseur personnel (Personal everywhere visualiser)
    10- L’agent de transport aérien ultra-léger (drone civil…)
    11- Le magasin intelligent

Plus technique, la British Computer Society propose, au terme d’un long travail de consultation, ses 7 « grands défis pour la recherche en informatique » :

  • In Vivo-in Silico : produire des modèles informatiques de plantes, d’animaux et d’autres organismes totalement réalistes, précis et prévisibles.
  • La science pour un un monde informatique omniprésente : fournir les éléments conceptuels qui permettront de gérer l’interaction de milliards de puces, leur collaboration, leur contrôle, leur apprentissage, leur réparation… dans le respect de la sécurité et de la vie privée.
  • Mémoires de vie : gérer l’information tout au long d’une vie humaine.
  • Grands systèmes d’informatique ambiante : gérer la complexité liée à la mise en réseau des puces disséminées dans l’environnement, à des échelles croissantes.
  • L’architecture du cerveau et de l’esprit : comprendre leur fonctionnement, expliquer et modéliser la connexion entre cerveaux et esprits.
  • Fiabilité de l’évolution des systèmes : assurer la fiabilité des systèmes techniques dans le temps et au travers de leurs évolutions.
  • Voyages dans l’informatique hétérodoxe : explorer les nouveaux paradigmes susceptibles de refonder notre vision de l’informatique – par exemple, l’étude de l’informatique comme processus physique et non abstrait (de l’informatique quantique à l’analyse des traitements sous l’angle du temps et de la consommation énergétique), ou encore, celle du fonctionnement »biologique » de systèmes informatiques complexes capables de s’auto-adapter aux évolutions de leur environnement.

Au travers de ces « grands défis », s’expriment donc à la fois une ambition et une volonté de faire partager des préoccupations et des visions. Une manière de redonner du souffle à la recherche et l’innovation.

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