Entretien avec Claude Lambey, Directeur du service informatique et télécommunication de Besançon

Dès 1994, la Ville de Besançon, l’Université de Franche-Comté, le Centre Hospitalier Universitaire, le Département du Doubs, le Rectorat, le Ministère de la Défense ont décidé de s’associer pour mettre en oeuvre un réseau de communication haut débit sur l

Dès 1994, la Ville de Besançon, l’Université de Franche-Comté, le Centre Hospitalier Universitaire, le Département du Doubs, le Rectorat, le Ministère de la Défense ont décidé de s’associer pour mettre en oeuvre un réseau de communication haut débit sur la commune de Besançon. C’est en fédérant les besoins de chacun des partenaires qu’est né le réseau Lumière. Aujourd’hui, ce réseau métropolitain à haut débit, avec plus de 70 000 utilisateurs et 1000 km de fibres optiques, atteint son déploiement maximal.

Où en est le réseau Lumière en matière de déploiement ?

Claude Lambey : Aujourd’hui, 110 sites sont désormais connectés. Il y en aura 150 à terme, pour l’essentiel, ce sont des sites publics car le réseau a été construit pour les collectivités locales et les différentes administrations de Besançon qui l’utilisent d’une part pour de la téléphonie et d’autre part pour de la gestion informatique. Cependant, la caractéristique principale du développement du projet est l’interconnexion des établissements scolaires : écoles primaires pour la ville, collèges pour le Conseil général, lycées pour le Conseil général. L’objectif est d’interconnecter tout ces établissements pour qu’ils bénéficient d’un accès au Net à très haut débit par le biais d’une plate-forme de service et d’un accès au réseau Renater qui sera bientôt de 200 Mégabits secondes sur Besançon.

Qu’en est-il du déploiement de la voix sur IP ? Et quels sont ses premier effets sur la diminution des coûts et en matière d’optimisation des services ?

Ce projet est étalé sur 3 ans, compte tenu du montant des investissements. Une première tranche «équipement» a eu lieu en 2000 : installation d’autocommutateurs sur les plus gros sites des collectivités, tous interconnectés sur le réseau et utilisant la même fibre optique pour les données et la téléphonie afin que les communications téléphoniques passent sur ce même réseau. Le but a été de mettre en place une interconnexion haut débit par le biais de commutateurs ATM à 155 Méga bits. Nous avons à ce jour déployé de la téléphonie DECT (téléphonie mobile interne) et une cinquantaine de postes en téléphonie IP. En matière d’utilisation, les réductions de coût sont déjà visibles. Toutes les communications inter-sites sont directement acheminées sur notre réseau privé et ne passent plus par France Télécom. Cela a permis de supprimer un certain nombre de lignes sur des sites isolés puisque raccordés au réseau : les entrées et sorties vers le réseau national se font désormais de manière globalisée, ce qui permet de concentrer tous les appels sur deux points et d’obtenir des conditions plus intéressantes des opérateurs.
En ce qui concerne l’optimisation des services, on a équipé 1200 postes l’année dernière. Chaque personne à reçu une formation de deux heures sur les nouvelles fonctionnalités du système : la messagerie vocale, la recherche par le nom, la possibilité de coupler son téléphone fixe en poste mobile quand les gens ont le DECT, etc. Après quelques ajustements, toujours nécessaires, le déploiement des fonctionnalités avancées de la téléphonie a été bien perçu par les services.

Où en est le projet « 1000 ordinateurs à l’école » ? Les écoles sont-elles équipées ? Qu’elle utilisation est faite de cet équipement ?

750 ordinateurs sont installés dans les écoles. On a pris un peu de retard, car l’équipement des écoles devait être achevé avant les élections municipales. Ce retard est du au fait qu’une partie des écoles est raccordé au réseau lumière et une autre partie raccordée par une connexion ADSL, car certaines écoles étaient trop éloignées du réseau. Sur les liaisons ADSL, France Télécom a pris un peu de retard, qui s’es lui même répercuté sur la mise en place des solutions techniques. L’objectif est de terminer le déploiement pour les vacances de Pâques.
Au niveau de l’utilisation : un tiers des postes est actif, et sur ce tiers, une moitié est utilisée pour le travail sur des produits multimédias (recherche dans un atlas, l’encyclopédie Hachette Multimédia, des logiciels d’apprentissage type Atoutclic – un partenariat spécifique a d’ailleurs été signé avec Hachette Multimédia pour la fourniture de ces produits multimédias), l’autre moitié se répartit dans le traitement de texte, la recherche sur le Net, de l’Intranet. En tout cas, nous nous félicitons de l’utilisation qui en est faite. Il faut dire qu’en mettant trois micro-ordinateurs dans les classes, sous la pression des enfants, les enseignants ont été obligés de s’approprier le projet.

Quels sont les déploiements à venir maintenant que l’objectif est presque atteint ?

Nous voulons que les écoles, puissent mettre à disposition leurs contenus et travaux directement sur le Net. Nous développons aussi des outils de gestion administrative car pour le moment rien n’a été fait en ce domaine. On travaille aussi sur un projet d’équipement des écoles en webcam. Un projet d’autant plus facile qu’il se réduit au coût d’achat de quelques caméras pour que les enseignants et les élèves puissent dialoguer avec le monde entier comme avec d’autres classes de Besançon.

Vous aviez un autre projet pilote : la Banque d’image de la Cinquième, qui permettait d’accéder à une banque de programmes et de services vidéos de la chaîne. Où en est-il ?

Il ne fonctionne plus, car la Cinquième revoit l’ensemble de ses installations techniques. Il a été interrompu à l’automne dernier et devrait redémarrer fin mars. Mais sur une année scolaire d’utilisation et sur les huit écoles qui pouvaient y accéder, cet équipement à donné des résultats encourageants. Les enseignants étaient très satisfaits de pouvoir commander un petit film, de pouvoir le passer aux enfants, bref d’en avoir une utilisation très concrète dans le cadre de leur pédagogie. Mais il est prévu que ça redémarre et dès que ça redémarrera, l’accès sera ouvert à toutes les écoles équipées.

Une étude technique pour procéder l’extension du réseau a été rendue. Où va-t-il se développer, qui va-t-il toucher ? Quid des entreprises et des particuliers ?

Oui, le réseau Lumière s’accroît et continue. Une dernière tranche de raccordement devrait avoir lieu cette année. Depuis la fin 2000, nous avons décidé d’ouvrir ce réseau aux entreprises. Le nombre de sites connectés au réseau va donc s’accroître. Mais la gestion de cette ouverture vers les entreprises va se faire par l’intermédiaire d’un syndicat mixte, en cours de constitution. Les collectivités vont lui transférer la propriété du réseau. Le syndicat, mettra à disposition d’un opérateur une partie de ce réseau pour qu’il puisse offrir des services aux entreprises. La capacité excédentaire en matière de fibre est mise à la disposition de l’opérateur qui offrira des services aux entreprises. Cette ouverture devrait se faire dans le courrant du mois d’avril et toutes les extensions suivantes seront faites par le syndicat mixte pour le compte des opérateurs. Quant au raccordement des particuliers, il n’en est pas question. Amener la fibre optique chez chacun n’est pas raisonnable pour le moment. Ce qui est envisagé c’est l’utilisation de l’ADSL ou du SDSM : l’opérateur titulaire du marché va utiliser l’infrastructure Lumière pour aller se brancher dans les centraux France Télécom et offrir aux particuliers, moyennant le dégroupage, la possibilité d’utiliser des services ADSL directement concurrentiels de ceux de France Télécom.

Entretien réalisé par téléphone en mars 2001 par Hubert Guillaud pour la Fondation Internet nouvelle génération.

Pour plus d’informations sur le réseau Lumière :
http://www.besancon.com/intro/francais/

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