Les conditions du décollage de l’internet par satellite

La réunion avec les acteurs du satellite organisée le 21 mars 2003 sous la présidence de Madame Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies a permis de mieux comprendre les cibles de l’internet par satellite et les conditions de sont déploiement.

par Jean-Michel Cornu, Directeur Scientifique de la FING

 

La réunion avec les acteurs du satellite organisée le 21 mars 2003 sous la présidence de Madame Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies a permis de mieux comprendre les cibles de l’internet par satellite et les conditions de sont déploiement.

Il existe plusieurs grandes approches :

L’accès des entreprises : les coûts actuels des équipements et des liaisons offrent dès aujourd’hui la possibilité aux entreprises de se connecter en dehors des zones urbaines. Seules certaines applications transactionnelles hautement critiques sur la synchronisation peuvent rendre problématiques les temps de latence typiques du satellite (700 ms). Il est à noter qu’aujourd’hui, le coût d’une liaison satellite est plus importants que celui d’autres modes d’accès haut débit accessibles en zone urbaine.
Mais ils n’est plus prohibitif et pourrait même encourager les entreprises à se décentraliser dans de nouvelles zones.

L’aménagement du territoire permet d’offrir des accès mutualisés résidentiels dans les zones en dehors des grandes artères d’information (le satellite peut être alors couplé avec d’autres technologies réseau pour couvrir la population ciblée : Wi-Fi, CPL…).
L’ensemble des technologies (alternatives et conventionnelles) utilisées permet des coûts d’aménagement acceptables même en zone rurale.

-2bis-  Dans le cadre de l’aménagement du territoire, il est également possible d’envisager des accès publics avec des téléservices dans les zones rurales (approche de l’offre Cyberkiosque de la Poste). Dans ce cas, il s’agit moins de favoriser l’accès résidentiel que d’offrir des services à valeur ajoutée aux citoyens.

L’accès des 20 à 25 % de la population dans les zones noires (non couvertes par les opérateurs de haut débit) par une liaison directe par satellite. Cela représente 75 % du territoire. Dans ce cas, la liaison n’est pas mutualisée dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire mais prise en charge entièrement par le particulier (bien qu’elle puisse être mutualisée entre voisins suivant une logique de "premier kilomètre").

Pour que l’accès direct des habitants (et des TPE) puisse se développer, il faut que les prix baissent encore. Plusieurs acteurs pensent que les seuils critiques qui déclencheront l’équipement des ménages se situent à 100 euros pour le coût de liaison mensuel (cela est déjà le cas pour certaines offres d’entrée de gamme) et de 500 euros pour l’équipement (à comparer aux 1500 euros minimum le plus souvent rencontré aujourd’hui).

Les observateurs considèrent entre 50 000 et 200 000 unités la taille critique pour le marché. 

La baisse des coûts des terminaux qui permettrait le décollage de l’Internet par satellite directement dans les ménages et les TPE pourrait résulter de plusieurs facteurs qui permettront une diffusion massive des terminaux :

La normalisation : si l’utilisation pour la voie descendante de la norme DVB-S a permis une économie d’échelle grâce au très grand nombre de récepteurs de télévision satellite utilisant déjà cette norme, la diffusion de la nouvelle norme DVB-RCS utilisée pour la voie montante permet l’interopérabilité entre les terminaux utilisés par les différents opérateurs satellite.

La recherche et le développement : en particulier en proposant des circuits intégrés pour la voie montante dans le module intérieur ("IDU"). Dès cette année pourrait arriver des modules intérieurs très intégrés (2 circuits intégrés spécifiques et un micro-controleur) permettant d’offrir des équipements à 500 euros ? pour un marché de 100 000 unités environ. Plus tard, vers 2005, l’intégration dans le module extérieur (le "BUC" pour la voie montante) permettrait même de baisser le coût des équipements jusqu’à 300 euros ?

L’incitation publique : La normalisation étant achevée et le développement des circuits intégrés étant en bonne voie, les pouvoirs publics pourraient faciliter l’émergence de l’internet par satellite et donc faciliter la couverture des territoires ruraux en haut débit en permettant d’atteindre avec les divers acteurs, une taille critique de commande de terminaux (par le programme lancé au CIADT sur les technologies alternatives, par les Fonds Structurels Européens et en se coordonnant avec ses divers partenaires de l’Union Européenne).

A lire :
– Fiche d’expertise : l’internet par satellite :                http://www.fing.org/index.php?num=3476,2

– Comparatif des offres d’accès internet par satellite bidirectionnel en France :                http://www.fing.org/index.php?num=3481,2

– "Libérer le premier kilomètre" – Jacques François Marchandise et Stéphane Vincent :               http://www.fing.org/index.php?num=3006,2

A suivre également les deuxièmes rencontres sur les enjeux de l’Internet en milieu rural à Felletin (Creuse) : 14 mai 2003.

Compte rendu des premières rencontres : http://www.fing.org/index.php?num=2774,2

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