Le téléenseignement : De l’artisanat à l’industrialisation

Le séminaire « le télé-enseignement, de l’artisanat à l’industrialisation » organisé le 5 juin 2003 par l’association Aristote, le CNED, le CTN et la FING a permis de faire le point sur ce sujet important. A l’ère de la E_formation, le téléenseignement pourrait faire figure d’aïeul, voire d’ancêtre. Si l’on y regarde de plus près, n’y a t-il pas là toutes les composantes de l’enseignement délivré par e-learning à savoir un savant et expérimenté dosage de toutes les technologies disponibles au service d’un métier d’êtres humains. Il ne s’agit pas de trancher entre un goût immodéré pour les technologies les plus modernes ou un conservatisme de bon aloi pour tenir compte de la faiblesse de pénétration dans le grand public de ses dites technologies. Le télé enseignement c’est d’abord de l’enseignement. Evident certes, mais à l’heure du numérique conquérant et du document virtuel, on peut se permettre d’énoncer cette vérité, juste avant de plonger au cœur d’un monde, d’un système où la révolution se fait de l’intérieur et de façon radicale. Si l’on considère que l’enseignement fabrique les citoyens de la société de l’information de demain, alors comment ce futur, que nous sommes en train d’imaginer, façonne-t-il le quotidien de ses éducateurs et apprenants d’aujourd’hui. A travers les expériences et l’organisation de cet enseignement nous essaierons d’appréhender les enjeux en terme de métier et de services. Ce séminaire a esquissé le paysage qui se profile de cette nouvelle industrie de l’information qu’est l’enseignement par la télé formation ou pour être dans le discours ambiant : le e-learning.

Jeudi 5 juin 2003, École Polytechnique Palaiseau

Responsables scientifiques  :
Alain Caristan (CNED), Philippe Lequesne (CTN),
Jean-Michel Cornu et Daniel Kaplan (FING)

 

Le séminaire a rassemblé une centaine de participants répartis
dans diverses salles en France et à Dakar au Sénégal. Les
séminaires Aristote sont retransmis depuis 10 ans sur le réseau
Renater avec les technologies du Mbone. L’association a décidé
de développer cet usage en expérimentant un nouveau service  :
la conférence s’appuyant sur un réseau de salles. Ce séminaire
est la première expérimentation de cette forme distribuée.
Plusieurs sites permettent l’accès à distance non seulement des
auditeurs, mais également des conférenciers. (Ecole Polytechnique
à Palaiseau mais aussi  : CRU à Valenciennes, Paris VII, CRIHAN
à Rouen, INT d’Evry, IDRIS à Orsay, RAP à Jussieu, ESMT
à Dakar, Paris XIII à Jussieu, INRETS, Université de Lille,
Maison des Sciences de l’Homme Rhone-Alpes à Grenoble et CTN à
Caen). Une liaison exceptionnelle avait lieu avec le Canada pour l’intervention
de Denys Lamontagne).

 

Programme de la journée  :

En introduction  : de quoi parle-t-on  ?

Téléenseigner aujourd’hui au plus grand nombre

Du télé-enseignement au E-learning
Les conditions de la réussite

Évolution du paysage

Le téléenseignement et le co-développement
La formation ouverte et tout au long de la vie
Les standards du E-learning (préau)

Nouvelles démarches innovantes

le télé enseignement intégrant des modes
coopératifs (expérience universitaire française)

Le projet Langua
Une plate-forme avancée en e-learning

Enjeux et perspectives

Les campus numériques
La qualité de la e-formation en Europe
Situation et tendances des campus numériques francophones
De l’artisanat à l’industrialisation de la formation
en lettres et langues  : Télé 3 à l’international

En introduction  : de quoi parle-t-on  ?

S’y retrouver dans les différents termes utilisés n’est pas toujours
facile. Comment situer la Formation à distance, le télé-enseignement
et la e-formation  ? Ce petit schéma tente de le faire à partir
des diverses interventions des orateurs.

La place de la Formation à distance, du e-learning et du télé-enseignement

La place de la Formation à distance, du e-learning et
du télé-enseignement

 

Téléenseigner
aujourd’hui au plus grand nombre

 Du télé-enseignement au E-learning

Guy Aubert, Recteur-Directeur du Cned (2000 – mars 2003), Université
de Grenoble

Définitions officielles  :

Apprentissage en ligne et téléapprentissage peuvent faire référence
à des choses différentes, le e-learning n’est pas un terme français…
(mais il y a une définition européenne, voir Philippe Perrey)

L’arrivée du e-learning a voulu faire croire que l’on inventait l’enseignement
à distance. Mais il y a eu bien d’autres étapes auparavant
 :

  • la première invention date de 1437 avec l’invention de l’imprimerie
    (Gutemberg)
  • plus récemment  : publicité dans un journal suédois
    pour un cours d’anglais par correspondance en 1833
  • En 1840 est inventé en Angleterre le timbre poste (One Penny Back)  :
    On paye la même somme quelque soit l’endroit du territoire
  • 1er janv 1848  : timbre poste pour tout le territoire Français
  • En 1856 Charles Toussaint (Berlin) crée une école pour l’enseignement
    des langues par correspondance
  • En 1855, Camille Flammarion expédie des boites de vues
  • 1880 Création d’une université
  • 1877, création de cours par Emile Pigier
  • 1920 premiers disques 78 tours pour l’enseignement des langues
  • 1925 création en France de ce qui va devenir le CNDP
  • 1937 Radio-sorbonne émet régulièrement
  • 1939 création d’une structure nationale d’enseignement à Distance
    qui deviendra en 1986 le CNED
  • 1949 création par la RTF d’une télévision éducative
  • 1939 L’université d’Iowa propose des services par téléphone
    à ses étudiants à domicile
  • 1950 le CNEPC (futur CNED) met ses élèves en relation entre
    eux
  • 1967 Auto-tutor, " la machine à apprendre "
  • 1971 Jacques Perriault (CNTE) conçoit Epopée (trot tôt  !)
  • 1974 André Malraux " le problème de la jeunesse "
    doit être résolu par " un mélange de la télévision
    et de l’ordinateur "

Il y a donc déjà beaucoup d’expérience. Mais qui fait
vraiment de l’enseignement à distance  ? Il y a 13 " open
universités " dans le monde avec plus de 100 000 étudiants
(appelées Méga University dans le rapport " Mega-Universities
and Knowledge Media ", Sir John Daniel 1997).

  • 1969 UKOU (Britanique) premiers étudiants en 1971
  • 1972 Teluq et UNEQ (Espagne)
  • 1973 Fernuniversität Hagen
  • 1978 Université libre d’Iran
  • 1979 Cina TV University
  • etc.

Il n’y a pas en France plusieurs Mega Universités pour trois raisons  :
il existe le CNED, il existe le CNAM et les professeurs s’y sont farouchement
opposés (mais le CNED est compté comme Mega Université).

Le e-learning a vu son " pic des attentes exagérées "
(en référence au Hype cycle du Gartner) vers 2000. Nous en sommes
au " creux de la désillusion ". Remontera-t-on ?

Quelques commentaires  :

  • L’illusion des contenus (il y en a déjà plein partout)
  • Il faut une approche industrielle et des métiers spécifiques
  • Il faut la gérer comme une industrie de services
  • Il faut prendre en compte qu’il y a de la concurrence
  • Il faut donc un modèle économique et il y a un mythe de la
    gratuité
  • Il faut prendre en compte les exclus de la bande passante (il y en aura
    toujours même aux USA)
  • Il y a une convergence des technologies numériques
  • etc.

Les conditions de la réussite

Alain Derycke, Directeur de recherche du Laboratoire Trigone, Institut CUEEP

Les nouvelles formes de FOAD basées sur l’Internet appellent la mise
en place de dispositifs qui sont complexes. Il faut penser cette complexité
(ce qui est différent de la complication).

Faut il une approche plus systémique  ? et même multidimensionnelle  ?
Il faut prendre en compte plusieurs dimensions  :

  • La dimension cognitive  : Il faut un équilibre entre les objets
    de la connaissance, l’activité individuelle d’apprentissage et le contexte
    (on n’apprend pas seul). Il faut prendre en compte les facteurs affectifs.
  • La dimension pédagogique  : " l’agir pédagogique "
    doit s’articuler avec " l’agir des usagers " et " l’agir
    organisationnel ". Trois modalités de communication pédagogique
    (Gilles Leclercq, Trigone)  : explicative (expliquer à quelqu’un),
    appropriative (quelqu’un s’explique à lui-même), dialogique (expliquer
    avec quelqu’un)
  • La dimension de l’individu  : Il faut utiliser " l’universal
    design " prend en compte la diversité des ages, sexes, handicaps…
    et prendre en compte la diversité également des contextes (lieux,
    temporalité, soutien humain local…). On a différents degrés
    de pilotage de l’apprentissage et de l’autonomie de l’apprenant.
  • La dimension organisationnelle  : il faut gérer les inter-dépendances
    entre les agents pédagogiques. Il faut une vision stratégique
    et ouverte (il faut une bonne planification mais il faut également
    quelle soit souple). Il ne faut pas oublier que les usagers sont toujours
    des co-concepteurs.
  • La dimension technologique  : standards pour la description et l’échange
    des contenus pédagogiques et de scénarios pédagogiques…
    Il y a plusieurs approches technologiques (les approches légères,
    les approches inspirées des ERP et une approche émergente avec
    un couplage faible entre diverses applications)

Les formes de gouvernance  : comment organiser les relations entre pouvoir
et savoir  ? Il y a des modèles centralisés ou décentralisés,
impératifs ou permissifs.

Il faut mesurer la vraie valeur de la mise en réseau dans la e-transformation
(loi de Metcalfe ou de Reed). Le challenge est l’apprentissage tout au long
de la vie. (L3  : Life Long Learning) qui est plus que de la formation au
sens traditionnel. Il y a une asymétrie de la connaissance mais une symétrie
de l’ignorance.

Évolution du paysage

Le téléenseignement et le co-développement

Gérard Claes, A6-MédiaGuide

L’équipe de l’A6 a été crée en 1986 au sein de
Bull pour générer des didacticiels dans lesquels Il faut prévoir
une localisation des connaissances et travailler en multilingue.

Il y a un aspect de développement durable dans le télé-enseignement.
Mais il faut distinguer  :

  • FOAD (Formation Ouverte et A Distance)  : mariage de la formation ouverte
    et de la formation à distance
  • Le e-learning  : usage pédagogique et médiatique d’Internet

Contrairement à ce que l’on a dit, les NTIC n’accentuent pas le fossé
entre les pays pauvres et les pays riches (car il y a dans les villages par
exemple une appropriation très rapide par les jeunes). De même
l’enseignant n’est pas remplacé ou disqualifié par l’ordinateur.

Il y a 5 temps dans la formation (ils forment un cycle qui se reboucle)
 :

  1. Avant  : préparation du contenu (auteurs et éditeurs)
  2. Avant Préparation du cheminement (orienteurs)
  3. Pendant  : phase d’apprentissage (là l’apprenant est au centre
    avec les tuteurs)
  4. Après  : suivi pédagogique
  5. Après  : suivi administratif

Il y a plusieurs aspects du processus de FOAD  : activités, déroulement,
échange. Des outils tels que TELJE englobent un ensemble d’outils pour
prendre toutes les étapes en compte.

Au Maghreb par exemple on a des interface bilingues et non pas seulement une
langue choisie au départ.

Il y a plusieurs phases pour mettre en place une solution de formation à
distance dans un pays donné  :

  1. Sensibilisation et prise en compte de l’existant
  2. Formation pratique par l’élaboration et l’utilisation de modules
    de cours (chaque petite équipe est animée par un enseignant
    qui garde en tête les objectifs pédagogiques)
  3. Définition des objectifs pédagogiques
  4. Assistance et soutien sur le terrain

Il n’y a pas de pédagogie induite par le système mais des approches
tutorielles, socratiques, collaboratives à partir des mêmes outils.

La formation ouverte et tout au
long de la vie

Philippe Morin, Algora

Il y a un décalage entre le discours et la réalité. Il
est important de voir en détail quelles sont les " vraies "
réalités.

On observe une régionalisation et un contexte global contrasté
de l’évolution de la technologie et de ses usages. Il y a des points
positifs  : il y a des retours d’expérience.

Il y a trois enjeux poursuivis par les services de l’état  et des
ministères (Education nationale, agriculture, industrie et emploi, travail
et affaire sociales) :

  • Faciliter l’accès à l’information
  • développer la formation tout au long de la vie
  • intégrer la société de l’information

Au niveau du ministère de l’emploi il y a eu plusieurs interventions  :
atelier de pédagogie personnalisée, FORE I (actions expérimentales),
TFS (Télé-Formation par Satellite), initiation à la navigation
sur Internet pour les publics en recherche d’emploi, évolution de la
réglementation, veille et mobilisation d’expertise (qui est aussi le
rôle d’Algora).

FORE II vise le développement de Point d’Accès à la Télé-formation
(PAT)  : plus de 200 PAT prévus sur une quinzaine de régions.
Il y a six services offerts par un PAT  : accueil, information, mise en
relation entre les apprenants, l’accompagnement pédagogique…

L’objectif est d’élaborer des plans d’action régionaux pour sortir
des séparations telles que formation continue, formation initiale.

Une synthèse de l’état de la FOAD en territoire a été
faite.

  • Environ 26 % des régions ont un partenariat état/région
  • 2 régions ont une évaluation des volumes (mesure des flux)

Il y a trois grands types d’entreprises concernées par la FOAD

  • Grandes entreprises à vocation TIC
  • Grandes entreprises
  • TPE et PME (60 % des salariés en France mais peu d’initiatives…)

Il commence à y avoir des retours d’expérience. On observe les
prémices d’un changement profond des systèmes (dimensions organisationnelles,
économiques et institutionnelles).

Les standards du E-learning (préau)

Bernard Bouyt, Airbus / président de l’AICC

Il ne s’agit pas de la formation du personnel d’Airbus mais du personnel des
compagnies aériennes qui achètent des Airbus.

  • Une norme constitue une synthèse consensuelle (constructeurs, utilisateurs
    au niveau national, européen, mondial). Il y a plusieurs aspects (techniques,
    droit, administration). L’application est volontaire (et non obligatoire pour
    la norme internationale ou nationale)
  • Le standard définit les conditions d’élaboration d’un produit..
  • La certification est la procédure par laquelle une tierce personne
    donne une garantie écrite qu’un produit, un service une organisation
    ou un système est conforme à une spécification

Le e-learning est traité dans l’ISO/IEC JTC1/SC36 " Standard
for Information Technology for learning, education and learning "
créé en 1999. Le pendant français est l’AFNOR CNTI/CN36.créé
en février 2001.

Il y a également d’autres organismes de standardisation  :

  • AICC Aviation Industry CBT Committee, crée en 1988 avec pour but
    de permettre aux clients de faire tourner les cours de divers avionneurs sur
    la même station de travail.
  • IEEE / LTSC (Learning Technologies Subcommitee)/LOM (Learning Object Metadata)
  • ARIADNE (Aliance of Remote Instructional Authoring and Distribution Network
    in Europe)
  • ADL (Advanced Distributed Learning) / SCORM (Shareable Content Object Reference
    Model) initié par l’armée américaine.

Une fois formé le personnel d’une compagnie aérienne, tout le
matériel de cours est fourni à la compagnie pour qu’elle forme
elle même son personnel.

Nouvelles démarches
innovantes

le télé enseignement intégrant
des modes coopératifs (expérience universitaire française)

Lydie René-Boullier, UTC / DESS DICIT

Dans le DESS  ; un présentiel de présentation, puis départ
4 à 5 semaines, un nouveau présentiel de régulation, une
nouvelle phase à distance et un présentiel d’examen. Plus les
gens sont à distance plus il faut des règles strictes. L’accompagnement
se fait en présentiel (enseignants et/ou tuteurs) et une coordinatrice
pédagogique.

Il y a des travaux individuels mais également collectifs. Un forum d’échange
est mis en place par équipe. Le travail collectif se fait à partir
des 7 étapes de la coopération (tiré du livre " la
dynamique de la Confiance " de Gilles Le Cardinal).

  • La collaboration est un effort mutuel et coordonné des participants
    pour résoudre ensemble un problème (souvent utilisé pour
    des binômes mais fonctionne mal lorsque l’on est beaucoup)
  • La coopération est, quant à elle, une organisation partagée
    du travail dans laquelle chacun est responsable d’une portion de problème
    à résoudre (dès que l’on a trois participants)

Les 7 étapes de la coopération  :

  1. Mise en présence (institutionnelle)  : établir une confiance,
    mettre de " l’humain ". Le groupe est constitué
    par la coordinatrice qui connaît les étudiants et les réseaux
    d’amitié.
  2. Définition du projet commun (enseignants/étudiants)  :
    Clarification de la demande.
  3. Qualification de l’équipe (étudiants)  : il faut obtenir
    une autonomie soutenue.
  4. Réalisation du projet (étudiants)
  5. Evaluation des résultats (enseignants)
  6. Partage des bénéfices (étudiants)
  7. Mise en absence (étudiants)  : jeter sur le projet un autre regard,
    remercier les collaborateurs et célébrer la réussite
    du projet

On observe des détournements d’usage des outils (par exemple l’utilisation
du forum comme un chat en restant en ligne)

Les problèmes de réalisation  : humains (malade, ne répond
pas, n’a pas les compétences souhaitées, en fait le minimum) ou
divers (réplication, poids de fichiers, etc.).

  • Le plus gros forum  : de 43 échanges avec 16 documents à
    175 échanges avec 96 documents
  • Le plus petit forum de 12 échanges avec 5 documents à 28 échanges
    avec 2 documents

Il y a une vraie expérience de terrain même à distance.
Les moyens de communication mis en oeuvre sont moins importants que la qualité
des relations humaines  : " le respect et la confiance ".

Le projet Langua

Jean Malka, CNED.

Il s’agit d’un outil développé par le CNED pour mieux parler
l’anglais dans des situations de communication professionnelles.

Quelques grands choix pédagogiques  :

  • La production en ligne avec les outils Wimba
  • Les parcours personnalisés
  • L’accompagnement
  • Le travail collaboratif

Le prototype est ciblé sur un métier (l’hôtellerie avec
l’hôtel du Parc à Mulhouse). Par la suite l’offre devra s’adapter
à plusieurs métiers.

Les outils sont très ciblés sur la voix. Par exemple un forum
vocal

8 zones de compétences sont identifiées avec à chaque
fois plusieurs modules :

  1. Accueil
  2. Présentation, oral
  3. Réunions
  4. L’utilisation du téléphone
  5. Web, courriel, SMS (non oral)
  6. Animation d’équipe
  7. Vente 
  8. Imprévu (tout ce qui peut déstabiliser)

Une plate-forme avancée en
e-learning

Vincent Tournardre, Directeur et fondateur de Cybéosphère

La mise en oeuvre de dispositifs de formation en ligne passe par la capacité
d’une entreprise à mettre en place un processus industrialisé.

Le métier de Cybéosphère est de mettre en place des plates-formes
logicielle de e-formation  :

  • CybEO une plate-forme simple (prenant en compte le plaisir)
  • CybEO II  : une plate-forme ajustable pouvant intégrer des modèles
    différents
  • CybWorkshop  : un outil auteur qui permet de construire instantanément
    du contenu pédagogique

Parmi les choix qui ont été faits, en particulier dans la conformité
aux standards (AICC, SCORM, LOM, IMS…)

L’éditeur ne nécessite aucune connaissance, il utilise le drag
and drop et permet d’intégrer tout type de fichiers. Il contient aussi
des templates (squelettes) flash qui permettent d’intégrer des animations
sans connaissance a priori.

Enjeux et perspectives

Les campus numériques

Philippe Perrey, Responsable au sein de la DT du bureau sur les TIC pour
l’enseignement supérieur au MJENR

Il y a souvent de la confusion sur ce dont on parle

Définition européenne du e-learning " utilisation des
nouvelles technologies multimédias et de l’internet pour améliorer
la qualité de l’apprentissage "  : le e-learning ne correspond
pas seulement à l’enseignement à distance. On peut avoir différents
scénarios  :

  1. Du présentiel enrichi
  2. Du présentiel amélioré (avant et après)
  3. Présentiel allégé (avec une partie dans des Centres
    Multimédias sur le campus )
  4. Présentiel réduit (on introduit de la distance en dehors du
    campus)
  5. Présentiel quasi inexistant

Le e-learning représente l’ensemble de ces scénarios alors que
le télé-enseignement ne comprend que les scénarios 5 et
6.

  • Appel à projet FOAD (Formation Ouverte et A Distance)  : catalogue
    de formation en ligne pour la formation tout au long de la vie
  • Appel à projet ENT (Environnement Numérique de Travail)  :
    généralisation des TIC pour les étudiants et le personnel

Il y a 64 campus numériques avec 22000 étudiants concernés
en 2002/2003 avec 150 diplômes et 1000 unités de cours indépendantes.
L’enjeu est que ces campus deviennent internationaux (en particulier en Europe
et dans la francophonie).

On en est à une phase industrielle. Mais il y a des chantiers ouverts  :

  • Verrous réglementaires
  • Equipement et accès haut débit
  • Penser le e-learning en terme d’activités réalisées
    par les apprenants
  • Industrialiser les ressources pédagogiques et documentaires (LCMS
    et bibliothèques en ligne)
  • Modèles économiques du e-learning
  • Outils de pilotage  : indicateurs et tableaux de bord

Deux études (sur les coûts de la formation et les modèles
économiques des campus numériques) seront présentées
à un colloque les 2 et 3 octobres 2003 à Montpellier (voir sur
le site d’Educnet)

La qualité de la e-formation
en Europe

Patrick Chevalier, Eifel

Eifel (European Institute for E-Learning) est une association européenne
avec diverses activités  :

  • Portail de communauté professionnelle
  • Référentiel et certificats de compétence
  • Consortium e-portfolio
  • Qualité du e-learning et du Knowledge Management
  • Normalisation du e-learning
  • Observatoire du marché du e-learning
  • Guides des solutions du e-learning
  • Régions et villes apprenantes
  • Organisations e-apprenantes
  • E-séminaires et ateliers
  • Projets européens et partenariats

Il y a également pas mal de confusion dans la compréhension du
terme qualité. Dans le E-learning le marché devient international,
la concurrence est plus forte et la qualité devient un critère
différenciateur pour les acheteurs et les financeurs. Il y a des initiatives
nombreuses mais également un besoin de mise en commun.

Le processus de normalisation prend de l’ampleur et devrait faciliter une démarche
qualité. Par exemple, IMS est un consortium qui se propose de normaliser
pas seulement des objets pédagogiques mais également des activités
pédagogiques car le e-learning n’est pas seulement limité à
la production de contenus.

Quelques enjeux  :

  • Il y a une évolution rapide et il faut des normes rapidement.
  • Il y a une émergence des acteurs régionaux

Situation et tendances des campus
numériques francophones

Denys Lamontagne, Thot Quebec (Institut de la Francophonie par visio en
direct de l’Université de Laval au Canada)
 

Les universités limitent beaucoup la diffusion de leurs cours en ligne,
malgré qu’elles aient des cours en ligne performant car beaucoup ont
peur de ces approches. Pour éviter ces problèmes, les universités
développent leurs campus virtuels à l’extérieur de l’université.
Il existe surtout des catalogues qui portent le nom de campus virtuel.

On trouve de tout entre la reproduction de l’environnement d’école et
l’environnement autonome. Il est possible de suivre un cours de façon
synchrone ou asynchrone. Pour suivre un cours il faut gérer des fonctions
comme l’individualisation anonyme (mon cours), etc.

On peut avoir plusieurs couches (comme pour les protocoles qui s’empilent).
Par exemple accéder au cours, suivre le cours, certifier les apprentissages
(on rajoute des couches autour du point central qui est de " suivre
le cours ").

Par exemple pour accéder au cours, il faut  :

  • Acheter, payer, s’inscrire
  • Choisir les options de programme
  • S’ajuster aux préalables  : matériels, techniques, linguistique
    (un point fondamental qui est responsable de beaucoup d’échecs car
    les étudiants viennent du monde entier et ont des maîtrises variées
    de la langue), méthodologiques (un autre point fondamental), connaissance…
  • Environnement d’études (ce n’est pas la chambre de l’étudiant
    mais plus souvent des environnements collectifs)
  • Ressources communes

Pour certifier les apprentissages il faut

  • Identifier le candidat
  • L’informer des conditions d’examen
  • Examen sous contrôle
  • etc.

Mais on peut rajouter des couches encore reliées par des statuts
de la personne qui suit ce parcours :

* Produire le cours (le créer mais également
le faire persister indépendamment de son créateur)

chercheur de cours

* Trouver le cours (un problème plus complexe qu’on
ne le croit généralement)

personne intéressée

* Accéder au Cours

étudiant

* Suivre le Cours

diplômable

* Certifier les apprentissages

diplômé

* Se lier aux milieux de pratiques (la pratique est la
seule façon de vérifier

le résultat de l’enseignement)

professionnel

* Chercher, développer

chercheur

Dans les campus numériques, on traite avant tout avec des humains (alors
que l’essentiel de l’attention est focalisé sur les aspects techniques).
Il s’agit de suivre la personne dans l’ensemble du processus  :

" On veut passer de la graine à la plante, mais aussi de la
plante au fruit et du fruit à la dégustation… "

De l’artisanat à l’industrialisation
de la formation en lettres et langues  : Télé 3 à l’international

Claudine Mühlstein-Joliette, Université Paris 3 Sorbonne nouvelle

Au début 6 étudiants et maintenant 1500 étudiants dont
un tiers à l’international Il y a une explosion de la demande et un nouvel
appel d’offre pour des équipements a été lancé.

L’approche est celle des outils WebCT utilisés depuis 6 ans. On passe
de la vision conférence à la vision communication.

Télé 3 est à la fois dans une logique du sur-mesure et
d’industrialisation.

A part les pionniers on intègre des nouveaux professeurs curieux en
leur proposant de participer à l’émission télé des
" amphi de la 5 ".

Il est indispensable d’avoir une approche coopérative. Le modèle
reste à trouver en Europe, ce ne sera pas forcément l’approche
canadienne. Télé 3 est dans une logique européenne avec
8 pays. La vrai résistance est culturelle plutôt que technique
en particulier pour l’enseignement en lettre.


Jean-Michel Cornu (1/7/03) – Remerciements
à Alain Caristan (CNED) et Philippe Lequesne (CTN) pour leurs remarques
et corrections

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