La 3G, mythe ou réalité ?

A l’occasion de la 3e Fête de la mobilité, nous avons voulu faire le point sur la téléphonie mobile de 3e génération. L’année 2004 marque en effet un tournant dans l’histoire de la téléphonie mobile en France. Avant la fin de l’année, Orange et SFR proposeront tous deux leurs offres commerciales de 3G au plan national, assorties de services d’un genre nouveau. La 3G est-elle promise au bel avenir qu’on lui prédit ? Par Cyril Fiévet
En complément de ce dossier, nous vous proposons en avant-première deux extraits du livre « Mobilités.net », par Abdelkrim Benamar (Ericsson) et Bruno Marzloff (Chronos). Mobilités.net sera publié la semaine prochaine (ouvrage collectif, sous la direction de Daniel Kaplan et Hubert Lafont)

A l’occasion de la 3e Fête de la mobilité, nous avons voulu faire le point sur la téléphonie mobile de 3e génération. L’année 2004 marque en effet un tournant dans l’histoire de la téléphonie mobile en France. Avant la fin de l’année, Orange et SFR proposeront tous deux leurs offres commerciales de 3G au plan national, assorties de services d’un genre nouveau. La 3G est-elle promise au bel avenir qu’on lui prédit ? Par Cyril Fiévet
En complément de ce dossier, nous vous proposons en avant-première des extraits du livre « Mobilités.net« , qui sera publié la semaine prochaine (ouvrage collectif, sous la direction de Daniel Kaplan et Hubert Lafont)

Sommaire

La 3G existe, d’autres l’ont rencontré
Applications et usages : le mobile n’est plus un téléphone
Trop beau pour être vrai ?
Encadré : Rappel technique

Extraits du livre Mobilités.net

Comment définir la 3G ?
Pour simplifier, en nous fondant sur la définition de l’UIT (http://www.itu.int/osg/imt-project/), nous désignerons par « 3G » les standards qui permettent d’utiliser des services de données à des débits supérieurs ou égaux à 384 Kb/s en environnement urbain, 2Mb/s en situation fixe ou à l’intérieur d’un bâtiment et 144 Kb/s en mouvement rapide ou hors des agglomérations.
Deux grandes familles de standards « 3G » sont en concurrence dans le monde : la famille WCDMA/UMTS, principalement promue par l’Europe et le Japon et la famille CDMA 1xEV-DO (puis EV-DV), à laquelle les Américains et la plupart des Asiatiques sont fidèles. Il existe aussi d’autres standards ou variantes (cf. encadré)

La 3G existe, d’autres l’ont rencontré

Cela fait maintenant près de 10 ans qu’on en parle, et au moins cinq ans qu’on l’attend. La « 3G », ou téléphonie mobile de troisième génération, destinée à remplacer le GSM, a bien failli devenir l’arlésienne du monde mobile. Après l’exubérance irrationnelle de 1999-2000 qui a conduit plusieurs Etats à fixer des prix de licences UMTS délirants, précipitant la crise du secteur, après les difficultés du Wap, après l’émergence rapide de Wi-Fi, certains ne donnaient plus cher de l’UMTS, version européenne et japonaise de la 3G. Pourtant, celui-ci décolle au Japon (5 millions d’abonnés au service Foma de DoCoMo), en Europe et désormais en France.

En France, les tests en vraie grandeur ont démarré cette année. Orange expérimente son service 3G depuis plusieurs mois, dans plusieurs villes (parmi lesquelles Toulouse, Lille, Bordeaux et Cannes), auprès de 5 000 utilisateurs (cf. http://www.orange.com/Francais/media/pressarticle.asp?id=108). L’ouverture commerciale est prévue avant la fin de l’année, en principe en novembre. SFR, de son coté, couvre depuis juin les villes de Paris, Lyon et Toulouse, déploie son réseau dans d’autres agglomérations et assure également que le service sera ouvert plus largement avant décembre.

Ailleurs, la 3G est déjà une réalité dans de nombreux pays, parfois depuis quelques années. Et sans représenter une révolution, on constate qu’elle suscite une évolution significative des usages.

En août 2004, le site « 3G today », créé et édité par Qualcomm (qui est à l’origine de la principale technologie concurrente de l’UMTS, CDMA 2000), recense 44 opérateurs commerciaux de réseaux 3G dans le monde(http://www.3gtoday.com/operators/index.html – ne tenir compte que des réseaux CDMA 2000 1xEV-DO et WCDMA/UMTS), ainsi que plus de 500 terminaux compatibles avec une ou plusieurs des technologies 3G. L’UMTS Forum, de son côté, recense 36 opérateurs UMTS opérationnels dans le monde et 15 tests grandeur nature (http://www.umts-forum.org/…Resources_Deployment_index). La bataille des standards est aussi une bataille de communication…

La 3G, qui a démarré dès l’année 2000 en Corée, puis au Japon, est donc pour beaucoup d’usagers une réalité quotidienne, principalement depuis l’année dernière : toujours selon Qualcomm, 17,5 millions d’abonnés dans le monde l’utilisaient déjà au 31 juillet 2004, pratiquement tous en Asie. Des services 3G ont également été lancés dans plusieurs pays d’Europe en 2004.

Avec plus de 7 millions d’abonnés (20 % du parc d’abonnés), la Corée occupe aujourd’hui la première place mondiale, suivie par le Japon. Comme l’a montré le voyage d’étude organisé par la Fing et l’Idate en juin 2004, ce pays est marqué par une forte culture en matière de haut débit, de jeux en réseau, et de communautés virtuelles. Les services mobiles à haut débit permettent aux opérateurs d’enregistrer des revenus par abonnés (Arpu, average revenue per user) importants. Le tout est encore dynamisé par les deux principaux constructeurs, Samsung et LG, qui s’affrontent – et consacrent d’imposantes sommes en matière de R&D – pour produire des terminaux sophistiqués qui tirent parti du haut-débit sans fil.

A quelques exceptions près (en France par exemple, Bouygues Télécom a bien acquis une licence UMTS, mais n’a pas annoncé de déploiement de réseau 3G ; l’opérateur proposera à partir de l’année prochaine une évolution dite « 2,5G », basée sur la technologie EDGE dont le débit théorique atteint 384 Kb/s), les opérateurs sont unanimes pour annoncer « la révolution 3G ».

Applications et usages : le mobile n’est plus un téléphone

Reste à savoir à quoi servira cette nouvelle forme de téléphonie, autorisant des débits théoriques 200 fois supérieurs à ceux du GSM en mode données (2 Mb/s contre 9,6 Kb/s, et un peu plus de 100 Kb/s pour le GPRS, évolution du GSM).

Beaucoup de choses ont été dites au sujet des applications et services possibles en 3G. Selon 3G Today (http://www.3gtoday.com/apps/), ils se classent dans sept catégories : le positionnement (géolocalisation, cartes routières – en complément d’un service de type GPS), la consommation d’information (actualités, audio, vidéo, voire télévision sur mobile), le téléchargement (logiciels, jeux, sonneries…), la messagerie (messagerie instantanée, MMS…), la visioconférence, l’accès à l’internet et l’accès à un réseau privé.

Pour le grand public, après leurs expérimentations respectives, les opérateurs français (Orange et SFR) insistent essentiellement sur l’image (vidéo, films courts ou bandes annonces) et sur la rupture d’usage qu’elle peut entraîner sur un mobile que l’on apprend désormais à regarder, et qui s’apparente plus que jamais à un compagnon polyvalent, communicant et divertissant.

Orange semble vouloir mettre l’accent sur plusieurs types de services liés à l’image : la visiophonie (selon deux axes : visiophonie de mobile à mobile et de mobile à PC), les MMS-vidéo (l’utilisateur capture une vidéo courte avec son mobile et l’envoie à son correspondant), la vidéo à la demande (un portail permet d’accéder à des bandes annonces ou des clips musicaux pouvant être regardés sur le mobile) et la télévision (un bouquet « Orange TV » permet d’accéder à plusieurs chaînes télévisées et de bénéficier de services d’information en direct). (cf. http://animation.orange.fr/evenements/3G/3G_01.html)

Côté SFR, Pierre Bardon, Directeur Général, expliquait lors d’un chat récent (http://www.sfr.fr/FR/rdv/chat/2004/chat_bardon.jsp) que « les premières expérimentations auprès des clients montrent que les ‘top killers applications’ sont la visiophonie et la vidéo qu’on s’envoie entre nous ou sur des sujets spécifiques, comme les plus beaux buts en foot », mais qu’il faudrait « probablement » attendre 2005 pour des fonctionnalités de type « chat vidéo via les mobiles ». Cependant, SFR ne mise pas uniquement sur le grand public. L’opérateur commercialise également une carte à insérer dans un ordinateur portable, qui fait office de modem 3G ainsi que de carte Wi-Fi (http://www.01net.com/article/249342.html).

Sur les services vidéo, il est très probable que l’on notera de fortes disparités selon les tranches d’âges et selon les pays. Au Japon par exemple, Vodafone propose une fonction « karaoke » : un clip est diffusé sur l’écran TV avec les paroles des chansons et le terminal sert de micro pour chanter…

Pour ce qui est des terminaux, la 3G donne tout son sens à la fameuse « convergence », qui semble enfin se réaliser. Samsung est par exemple le premier constructeur au monde à avoir présenté, en début de mois, un téléphone mobile doté d’un disque dur (http://www.theregister.co.uk/2004/09/06/samsung_hdd_handset/). D’une capacité de 1,5 Go, l’appareil laisse présager à court terme des générations de téléphones qui s’apparenteront à des terminaux hybrides, empruntant certaines de leurs fonctionnalités aux baladeurs musicaux à disque dur de type iPod et d’autres à l’imagerie numérique. Pierre Bardon prédit ainsi que le téléphone de demain « sera de taille comparable au téléphone d’aujourd’hui, avec un écran probablement plus grand et deux caméras, une caméra dirigée vers la personne qui parle et une caméra vers l’extérieur ». « A plus long terme il y aura des écrans dépliables et ce sera un véritable ordinateur. La qualité de l’écran sera en constante amélioration. Aujourd’hui déjà, nous sommes à 400 000 couleurs. Idem pour l’appareil photo. Aujourd’hui 1 million de pixels, fin 2005, 4 millions de pixels », annonce-t-il.

Cette évolution semble rapide. Sur les six premiers de l’année, les trois principaux constructeurs coréens ont vendu plus d’un million de photophones à un megapixel, qui était la norme en matière d’appareils photos numériques il y a tout juste quelques années (http://www.textually.org/picturephoning/archives/004954.htm). Les premiers photophones dotés de capteurs à trois megapixels ont également été présentés en Corée en juillet 2004, et les premiers téléphones intégrant un camescope l’année dernière.

Le rôle du téléphone mobile, qui compte 1,2 milliards d’utilisateurs dans le monde, a déjà beaucoup évolué ces dernières années. Avec la 3G, il change radicalement de nature.

Trop beau pour être vrai ?

Il n’en demeure pas moins que l’ampleur de cette révolution, et la rapidité des changements qu’elle est censée entraîner, sont encore des inconnues. Plusieurs facteurs sont susceptibles de « gâcher la fête », ou au moins de limiter l’adhésion des consommateurs au concept de « téléphone à tout faire ».

Vient d’abord la problématique des standards et des formats. L’acronyme « 3G » donne faussement l’illusion que la même technologie va être utilisée partout dans le monde, de façon souple et dans la logique d’une évolution naturelle de la 2G. Même si Orange annonçait, en lançant son expérimentation 3G et en parlant de UMTS, que « cette norme a également pour vocation d’unifier l’ensemble des systèmes qui existent à travers le monde », ce n’est réellement pas le cas aujourd’hui. Le paysage de la 3G, dans lequel vont coexister des technologies différentes, est en réalité déjà bien compartimenté au plan international (cf. encadré). Il va de soi aussi que le passage à la 3G implique nécessairement l’achat d’un nouveau téléphone mobile qui sera, tout de même, compatible avec les réseaux GSM (et avec GPRS). L’abonné devra également se procurer une nouvelle carte SIM (compatibles avec les téléphones 2G et 3G). Et l’on peut se demander ce qu’il en sera du « roaming » entre réseaux 2G et 3G.

Dit autrement, la 3G marque une véritable rupture, technique et commerciale, tant pour les infrastructures que pour les usagers. C’est en particulier le cas pour l’UMTS, qui, à la différence du CDMA 2000 1x, nécessite une refonte complète et coûteuse des réseaux des opérateurs.

La 3G ne doit pas non plus faire oublier qu’il existe de multiples autres technologies sans fil, Wi-Fi, WiMAX, UWB par exemple (lire « Les différentes technologies sans fil », http://fing.org/index.php?num=4988,4) qui, sans être directement concurrentes à l’UMTS, n’en constituent pas moins des alternatives dans certaines situations de mobilité. La mixité des terminaux, tels que la carte pour PC commercialisée par Vodafone (et SFR en France) constitue une première réponse. Mais, même si des téléphones compatibles Wi-Fi existent déjà, on peut s’interroger sur l’interopérabilité réelle – ou la continuité de service – entre ces différentes technologies et, accessoirement, sur la lecture qu’en fera l’utilisateur moyen, confronté à ce qu’il convient bien d’appeler « la jungle du sans fil à haut débit » et de ses acronymes abscons.

Pour ce qui est de la couverture, le déploiement 3G risque de rappeler des souvenirs (pas forcément bons) aux utilisateurs des zones peu urbanisées. Début 2004, Orange annonçait que son objectif visait à couvrir un tiers de la population française dès la fin de l’année, mais le seuil de 90 % de la population n’est prévu qu’en 2009. Il en va de même chez SFR qui, après avoir démarré la 3G dans quelques grandes villes, estimait en juin « qu’une douzaine de villes, correspondant à environ 30 % de la population, seront couvertes fin 2004 ».

En matière de débit, les utilisateurs devront aussi s’habituer aux 384 Kb/s, qui semble être la vitesse adoptée par les deux opérateurs, dans le meilleur des cas et en réception. Certes, c’est beaucoup plus rapide que ce qu’autorise le simple GSM en mode données (9,6 Kb/s), mais c’est encore très loin de la vitesse théorique maximale de l’UMTS (2 Mb/s), souvent annoncée il y a quelques années. Si l’on admet que la couverture GSM n’est pas toujours parfaite aujourd’hui, même dans les grandes villes, on peut légitimement craindre que la qualité de service ne soit pas immédiatement au rendez-vous, a fortiori s’agissant de services exigeants et très consommateurs de bande passante (visiophonie, télévision…).

Enfin, il demeure une incertitude quant aux prix des offres. Le test pilote mené par Orange reposait par exemple sur un service à 15 euros par mois, incluant trois heures de communication, qu’il s’agisse de voix ou de visiophonie, ainsi qu’un accès illimité aux services multimédia (MMS, email) ou aux contenus proposés par le portail. Un prix très agressif, plus de deux fois inférieur à celui du service équivalent en 2G, qui semble peu probable lors de l’ouverture officielle nationale du réseau 3G.

Mais malgré ces inquiétudes, qui vont probablement nécessiter un peu de patience de la part des utilisateurs, on peut raisonnablement estimer que la 3G va bel et bien initier une nouvelle ère de communication, pour laquelle le mot « téléphoner » n’aura plus jamais le même sens.

Encadré : Rappel technique
Sans entrer dans les détails, on peut rappeler que le standard en matière de téléphonie 3G a été fixé en 1999, et s’appelle « International Mobile Telecommunications-2000 » (IMT-2000).

Ce standard comprend cinq modes opératoires distincts, parfois appelés (par abus de langage) « standards 3G ».

Trois de ces modes sont dérivés du CDMA (Code Division Multiple Access), les deux autres reposent sur des technologies différentes (notamment UWC-136, appelé aussi EDGE, pour Enhanced Data GSM Environment, que l’on considère en général comme étant « 2,5G »).

Les deux modes les plus répandus et les plus volontiers considérés comme « 3G » sont, en simplifiant les variantes :

. CDMA2000 1x EV-DO et EV-DV, utilisé en Corée, aux Etats-Unis ou en Amérique du Sud

. WCDMA, appelé aussi UMTS, utilisé principalement au Japon et en Europe

Selon les directives établies par l’ITU, les services de 3G doivent offrir des débits allant de 144 Kb/s à 2 Mb/s, selon les environnements. Le débit maximal théorique de la 3G est donc 2Mb/s, tandis qu’il est de 384Kb/s pour EDGE.

En savoir plus

3G today http://www.3gtoday.com
3G.co.uk http://www.3g.co.uk
3G Generation (prototypes de terminaux innovants) http://www.3g-generation.com
Freemove (alliance d’opérateurs pour assurer l’interopérabilité 3G) http://www.freemovealliance.com
UMTS Forum http://www.umts-forum.org

Cyril Fiévet

Mobilites.netExtraits du livres Mobilités.net

Vers une utilisation conjointe des technologies de communication sans fil
Extrait de l’article d’Abdelkrim Benamar, Directeur de la stratégie et des relations extérieures d’Ericsson France, dans le livre Mobilités.net

Les réseaux cellulaires et les réseaux large bande ont connu initialement un développement en parallèle, sans réelle continuité de service ou d’usage pour l’utilisateur final. L’appropriation de ces technologies par les utilisateurs au
cours des dernières années a fait émerger un besoin de plus en plus marqué de continuité de service entre les différents environnements d’usage (mobilité/nomadisme, domicile/transports/travail…).
Un changement de paradigme fondamental s’opère actuellement dans la relation entre l’utilisateur final et les technologies de télécommunications. La question de l’accès à chaque technologie (par exemple, UMTS pour la téléphonie mobile et ADSL pour l’internet) fait place à celle de l’accessibilité des services de télécommunications, de façon transparente, dans l’ensemble des environnements d’usage.
Ce changement incite opérateurs, fournisseurs de service et équipementiers à repositionner l’utilisateur au centre de son univers de communication et non plus à la périphérie des réseaux. Ce repositionnement s’accompagne d’une évolution des architectures des réseaux de télécommunications et d’une mise en œuvre combinée de technologies jusqu’alors utilisées séparément.

Vers une connectivité sans fil et sans couture
La dernière décennie a vu se multiplier les technologies de communication sans fil, les plus connues du grand public étant Bluetooth, Wi-Fi, GSM, EDGE et UMTS.
Souvent opposées par leurs partisans respectifs, ces technologies doivent pourtant être considérées comme complémentaires au regard de leurs caractéristiques techniques (débit, couverture radio, schéma de déploiement,
consommation énergétique, taille des composants pour les terminaux…) et de leurs environnements d’usage (mobilité ou nomadisme, intérieur et/ou extérieur des bâtiments,…).
L’évolution de ces technologies est orientée suivant deux directions principales. Première direction, l’amélioration des performances : débit, résistance aux interférences et aux changements d’environnement, complexité de calcul…
Au terme d’évolutions progressives, la perspective est d’offrir des débits pouvant atteindre 1 Gb/s en environnement de faible mobilité et 100 Mb/s en situation de forte mobilité. Second objectif : faciliter l’utilisation conjointe des technologies sans-fil pour assurer une continuité de services « sans couture ».
L’objectif de ces travaux, qu’illustre le concept Always Best Connected, est de permettre à un utilisateur de choisir, manuellement ou automatiquement, la meilleure connexion à un instant donné à un réseau sans fil (cellulaire, WLAN, de proximité…) pour accéder à un service de télécommunication – qu’il s’agisse du téléphone, de l’internet, ou de se connecter au réseau sécurisé de son entreprise.

Couverture des réseaux mobiles
source : Cédric Nicolas, Bouygues Télécom dans Mobilités.net

Qu’est-ce que le numérique change à la mobilité ?
Extrait de l’article de Bruno Marzloff, sociologue et consultant, fondateur du groupe Chronos, dans le livre Mobilités.net

Qu’est-ce que le numérique change à la mobilité ? Un regard croisé entre mobilités physique et numérique suffit pour admettre qu’elles sont désormais indissociables. C’est de leur confrontation que peut surgir une vision partagée, un consensus de la mobilité contemporaine.

1. La vitesse
Les concepts de trajectoire, de continuité et de fluidité suggèrent que nous sommes toujours en mobilité. Il en va ainsi des transits, des échangeurs ou des terminaux numériques comme lieux de mariage des vitesses, avec ce que cela implique de services dans le jalonnement du parcours ou de customisation (personnalisation) dans la relation client.

2. Les rythmes
La mobilité, c’est aussi une question de tempos (…) Les acteurs du marché trouveront une légitimité dès lors qu’ils sauront répondre par des services à ces articulations subtiles des lenteurs, des pauses et des vitesses. Les clients n’attendent pas une solution, mais un bouquet de solutions – une architecture multicanaux – au sein desquelles ils arbitreront selon la situation de mobilité, la maîtrise des solutions proposées, le coût, etc.

3. La fluidité
Dans cette vision de la continuité, il faut gérer – dans le physique et le numérique – des flux croissants et dispersés sur des réseaux de plus en plus complexes. Le paradoxe de la mobilité passe par la démultiplication des canaux et le partage des modes(…)

4. Les ruptures de charges
Autre paradoxe : la multiplication des réseaux implique celle des ruptures de charges. Cela se vérifie dans les mondes physique et numérique. Comment se gèrent ces ruptures dans la continuité attendue ? (…) N’est-ce pas là aussi que s’impose l’idée de la coexistence des réseaux numériques fixes et cinétiques ? N’est-ce pas là aussi qu’il faut attendre de la mutualisation et de la concertation ?

5. La connexion continue, le roaming
Ruptures de charges sans couture en d’autres termes. Justement ! Que pour les Anglo-saxons, la connexion continue (le roaming) soit une dérive sémantique de l’itinérance, en dit long sur l’évidence d’être relié en permanence, même dans des situations qui excluent le travail et ses exigences de contact permanent avec ses bases. Au moins aussi symptomatique, le glissement sémantique de seamless passe d’une définition de « sans couture « à la continuité dans les technologies de communication, mais aussi dans les déplacements – Seamless Public Transport (…) Le roaming, entendu au sens large, c’est la mobilisation de plusieurs canaux pour assurer une continuité d’accès aux services pour le client.

6. La suite servicielle et le client partagé
Quelles continuités faut-il assurer ? Celle des liens – sociaux, personnels, professionnels, affectifs… – mais aussi celle des accessibilités – aux informations, aux transmissions, aux services, aux contenus, aux biens… en ayant garde d’oublier que c’est le client qui désormais fait l’offre (…) C’est dans cet esprit qu’il faut entendre l’idée d’une suite servicielle. C’est-à-dire d’une continuité d’accès à l’information, aux services, à l’échange, à la connexion, aux contenus… (…)

7. Mobilité des lieux, mobilité des objets, mobilisation des moyens
La mobilité comme produit, miroir et moteur d’une société est un point de vue qui appelle de puissants décloisonnements. Le raisonnement vaut aussi pour les mesures. La notion de multiaccessibilité est désormais irrévocablement constitutive de la mobilité contemporaine. A bien y réfléchir, on pourrait tout aussi bien mesurer la mobilité des lieux ou des objets de la même façon. Plus un lieu multiplierait ses accessibilités, plus il serait « mobile ». Cela se vérifie en Ile-de-France pour la gare du nord, la Défense ou l’aéroport de Roissy. Tous fondent leur succès de fréquentation sur la démultiplication des accessibilités. Tous intègrent et intégreront encore plus demain des accessibilités numériques. Le raisonnement vaut mutatis mutandis pour les objets. Demain, ce sera moins la démultiplication des fonctionnalités du mobile qui signera sa mobilité, que la démultiplication des formats de communication et des réseaux (GSM, UMTS, Bluetooth, Wi-Fi, i-mode, Wap…) auxquels celui-ci donne accès.

Présentation du livre Mobilités.net : http://www.mobilites.net/intra/article.php3?id_article=2

À lire aussi sur internetactu.net