Face à l’écran

Voilà quelques dizaines d’années maintenant que les écrans se sont imposés dans notre quotidien. Et le phénomène ne cesse de croître. Depuis le petit écran qui rythme nos soirées aux lucarnes de nos ordinateurs devant lesquelles nous sommes de plus en plus nombreux à travailler, les écrans ne cessent de s’imposer à nous avec de plus en plus de régularité. Entre les heures passées devant la télévision et celles devant notre ordinateur (et encore, on ne comptabilise pas le temps passé face à son téléphone portable ou à sa console de jeux), l’écran devient l’interface principale au travers de laquelle nous regardons le monde.

Voilà quelques dizaines d’années maintenant que les écrans se sont imposés dans notre quotidien. Et le phénomène ne cesse de croître. Depuis le petit écran qui rythme nos soirées aux lucarnes de nos ordinateurs devant lesquelles nous sommes de plus en plus nombreux à travailler, les écrans ne cessent de s’imposer à nous avec de plus en plus de régularité. Entre les heures passées devant la télévision et celles devant notre ordinateur (et encore, on ne comptabilise pas le temps passé face à son téléphone portable ou à sa console de jeux), l’écran devient l’interface principale au travers de laquelle nous regardons le monde. Projeté sur les murs ou sur notre rétine, imprimé comme le papier, tissé dans nos vêtements, dans notre façon de nous représenter l’avenir, l’écran fait partie de notre environnement ambiant.

Pour beaucoup, notre face à face avec l’écran change négativement notre rapport au monde. Ces interfaces sont d’abord considérées comme une surcouche, une épaisseur qui fait rempart à la clarté de notre perception. Ils fonctionneraient comme un miroir déformant qui bouscule le lien social et nous enfermerait définitivement dans une « bulle » personnelle. Il faudrait s’interroger longuement sur cette perception négative de la relation médiatée. Derrière elle, pointent incontestablement des inquiétudes sociales et des présupposés idéologiques sur le fait que l’écran véhiculerait la violence et l’agressivité, sur les faux antagonismes entre l’écrit et l’écran ou sur la perception des nouveaux médias comme perpétuels adversaires de la socialisation.

Est-ce bien l’écran pourtant qui agit comme un filtre ou sont-ce nos pratiques qui sont encore bien frustres ? Quand on utilise un pseudonyme, quand on se fait passer pour ce qu’on n’est pas, quand on filtre ses appels téléphoniques comme ses e-mails, quand la langue se libère sur le clavier des conventions du dialogue en face à face, est-ce vraiment la technique qui est en cause ou notre rapport à celle-ci et à notre identité ?

La relation directe possède elle aussi ses propres filtres. Mais nous savons mieux les décoder, car les conventions qui la régissent nous sont plus évidentes, plus naturelles.

L’écran n’est pas un filtre à la relation. Malgré son adoption rapide, il reste une interface que nous appréhendons encore avec difficulté, dont les règles sont encore en cours d’élaboration. Mais, comme bien souvent, ce n’est pas l’interface qui est en cause, mais notre pratique qui doit s’y adapter.

Quelque chose va nous y aider. Jusqu’à présent, l’écran nous servait surtout à regarder le monde. De plus en plus, il nous sert aussi à nous regarder nous-même. Dans l’appréhension de notre propre image nous allons certainement puiser des apprentissages pour mieux comprendre la relation médiatée.

Hubert Guillaud

Cet édito doit beaucoup au Sociographe, revue de recherches en travail social publiée par l’Institut régional du travail social de Montpellier, qui vient de consacrer son numéro de septembre à la « Génération-écrans.com » et s’interroge notamment sur les effets que produisent le face à face avec les écrans. Une lecture que je vous recommande chaudement, outre les articles d’analyse et de décryptage, vous y trouverez également des articles relatant des expérimentations très intéressantes comme celui de Maguy Chailley sur les acquisitions télévisuelles des enfants ou celui de Charles Foxonet sur l’utilisation de l’ordinateur chez les moins de trois ans, qui montre notamment que si l’enfant prend plus de plaisir à dessiner avec des pinceaux, des feutres et du papier, le dessin réalisé avec l’ordinateur le fascine plus car le résultat est plus proche des représentations graphiques adultes…

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