Le numérique à faire soi-même !

Exemples de constructions à faire soi-même avec Make MagazineLe magazine américain Fortune consacre un dossier à cette nouvelle économie qui se fait elle-même ! (Do It Yourself Economy), soulignant que dans bien des secteurs, les fabricants n’ont plus le monopole de l’innovation. L’article montre, comment aujourd’hui, avec quelques « citoyens-ingénieurs » et l’internet, l’innovation peut prendre des tournures qu’elle n’aurait pas pu prendre auparavant.

Le dossier met en exergue l’exemple de Pat Misterovich, un ingénieux père au foyer qui vient de proposer à la marque de bonbon PEZ de développer un lecteur de MP3 ayant la forme de leur distributeur de bonbons personnel. L’article explique que Misterovich n’avait pas de compétence pour construire un objet de ce type, aucune infrastructure, aucune expérience marketing… Or, aujourd’hui, deux usines s’intéressent à la production de son PezMp3. Sur son blog, plus de 1500 personnes ont déclaré leur intérêt pour son lecteur et par leur intermédiaire il a recueilli des conseils pour trouver la meilleure batterie possible ou le meilleur slogan (PezMp3 : un bonbon pour les oreilles). D’ici la fin du mois, le premier prototype devrait être entre ses mains…

Autre exemple, celui de SquidLabs, une start-up créé par Saul Griffith, qui a lancé le site iFabricate, un « Wikipédia pour les atomes » permettant à ceux qui le souhaitent de mettre en commun leurs idées, de les vendre, de les travailler avec un réseau de gens aux compétences variées, d’avoir accès à toute une gamme d’outils pour affiner la conception, trouver des fabricants, etc.

Quelques grandes sociétés essayent de se greffer sur le mouvement comme Microsoft en s’appuyant sur son logiciel Visual Studio Express qui a pour but de démocratiser le codage des logiciels, ou Phidgets un ensemble de composants électroniques peu coûteux et facilement manipulables qui permettent notamment de créer des constructions électroniques amateures.

Exemples de constructions à faire soi-même avec Make MagazineComme le souligne Francis Pisani, la Bible de ce mouvement semble en passe de devenir Make Magazine et son blog, un magazine consacré au bricolage technologique qui vous explique comment modifier et améliorer, construire des robots et des objets numériques (voir par exemple notre dossier sur le piratage de robots).

Cependant, Fortune relativise la portée du « mouvement » rappelant, avec un brin de dédain, qu’il reste un mouvement amateur, et que, de tout temps, la plupart des technologies naissantes ont ainsi inspiré la créativité de leurs utilisateurs.

Jamais Cascio de WorldChanging n’est pas d’accord. Pour lui, l’article de Fortune insiste trop sur les logiciels de conception et les nombreux services en ligne reliant concepteurs et fabricants en oubliant ce qui fait la différence essentielle avec les autres mouvements amateurs autour des technologies émergeantes passées. Selon lui, la différence entre les précédentes vagues de « l’Economie Do It Yourself » et celle que nous vivons aujourd’hui tient dans la collaboration, soutenue et démultipliée par le réseau lui-même. « L’internet ne permet pas simplement une conception bon marché, il rend possible à des groupes disparates et distribués de se connecter et de partager idées, design et outils. » Pour lui, l’avenir des amateurs professionnels est plus prometteur : « Le logiciel ouvert est sur le point de rencontrer la « fabrication ouverte ». Les premiers outils permettant la fabrication personnelle sont en marche : la possibilité d’avoir des imprimantes 3D de prototypage rapide ou d’imprimer des polymères électroniques ou des tissus biologiques avec des imprimantes proches de nos imprimantes à jet d’encre, devrait bousculer la donne dans l’avenir et décupler la vague de la « fabrication ouverte ». « Soyez prêts ».

Mise à jour du 14 juin 2005 : Une enquête du Pew Internet Project pointe le fait que 55 % des utilisateurs d’internet utilisent l’internet pour consulter des manuels « Do-it-Yourself« . Chercher de l’information pratique en ligne est plus courante que de chercher de l’information (78 % contre 72 %), constate les auteurs du sondage.

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