L’EntreNet : ces petites (ou grandes) choses que l’on fait ensemble

Que ce passe-t-il entre la communication interpersonnelle et la « communauté » ? Entre ces deux pôles, dans l’univers de plus en plus dense des pratiques individuelles mais pas privées, coopératives mais sans intention ni but particulier, publiques sans y penser, communautaires sans communauté bien définie… Intéressons-nous à l’EntreNet.

Une immense conversation est née sur l’internet. Elle rassemble des millions de personnes qui ne se connaissent pas et n’ont pas nécessairement conscience de s’y trouver réunies  ; elle parle de tout à la fois et même, souvent, de pas grand-chose ; la plupart de ses participants croient qu’ils ne parlent qu’à quelques amis, mais ces amis parlent à d’autres amis, qui eux-mêmes… ; en général elle ne produit rien qui mérite qu’on en parle, ce qui n’est nullement grave, mais d’autres fois, il en sort un électrochoc qui bouleverse les médias, ou la politique, ou une grande entreprise, ou une communauté…

L’internet et les réseaux mobiles sont aujourd’hui les supports de formes d’expression, de coordination et de relation, qui cassent les distinction traditionnelles – et pour partie fondatrices de nos identités collectives – entre privé et public, entre hiérarchie et coopération, entre « top-down » et « bottom-up », entre représentation et participation.

Nous connaissons bien certaines pratiques sociales de l’internet, parce qu’elles correspondent à des catégories dont nous avons l’habitude : la communication interpersonnelle d’un côté, la « communauté » de l’autre. Toutes deux subissent des changements profonds dans leurs modalités, dans leur « écologie » (agencement et équilibre des modes de communication, gestion des relations en fonction du temps et du contexte…) mais enfin, nous restons en terrain connu.

Il n’en va pas de même de ce qu’il se passe entre ces deux pôles, dans l’univers de plus en plus dense des pratiques individuelles mais pas privées, coopératives mais sans intention ni but particulier, publiques sans y penser, communautaires sans communauté bien définie…

De quoi parle-t-on ?

  • Du statut incertain des blogs, journaux extimes, médias individuels, à la fois personnels et reliés entre eux par une multitude de liens, commentaires, mots-clés (tags), flux RSS, etc. ;
  • Du partage semi-public de ses photos sur Flickr, de ses vidéos sur Dailymotion, de ses fichiers sur les réseaux P2P, de ses liens sur Furl, de ses signets sur Del.icio.us, de ses sources sur Bloglines, de ses contacts sur Linkedin, 6nergies.net ou Netfriends (ou encore via le standard FOAF), de ses centres d’intérêt sur Affinitiz, de son expérience des lieux sur Google Earth, de ses projets sur 43Things, de ses goûts culinaires ou littéraires sur Allconsuming, de ses arbres généalogiques sur Geneanet, de sa connexion haut débit via FON, de ses cycles de processeur inexploités dans une grille de calcul
  • De la constitution expresse et souvent éphémère de communautés amicales (et plus si affinités) sur Meetic, politiques sur MoveOn, professionnelles sur OpenBC, ludiques chez les Sims
  • De l’échange d’avis et d’évaluations sur les acheteurs et les vendeurs d’eBay, les produits d’Amazon (ou de plusieurs vendeurs, comme dans la « Shoposhère » de Yahoo !), les billets et les auteurs de Slashdot

C’est cet univers de pratiques collectives, celui dans lequel les réseaux sont utilisés pour dire et faire des choses ensemble, que je propose d’appeler l’EntreNet. « Entre » comme « entre nous », bien sûr, mais aussi comme « intermédiaire » : la communication « un à un » d’un côté, la communauté de l’autre, ne sont que des cas limites aux deux bouts d’un continuum d’usages. L’essentiel est à chercher entre ces deux pôles.

L’EntreNet ne se confond pas avec le « Web 2.0«  que l’on peut (si l’on ose, tant on y range des choux et des serviettes) décrire à la fois comme une expérience de plus en plus personnelle et outillée du web, comme la mise en ligne et en réseau d’un nombre croissant d’applications jusqu’ici contraintes à résider sur chaque PC (« le web comme système d’exploitation »), et comme une expérience de plus en plus sociale du web. Seule la dernière dimension s’apparente à ce que nous désignons comme l’EntreNet. Mais l’EntreNet ne se limite pas au web : on publie sa présence et sa disponibilité sur MSN, on ouvre pour toute la journée un lien vidéo entre les salons de deux êtres chers ou les cafétérias de deux établissements de l’entreprise, on ouvre sur Skype une téléconférence pour un oui pour un non, on navigue via un logiciel P2P sur le disque dur d’un autre mélomane, on « étiquette » avec son mobile un lieu de la ville, pour que ses futurs visiteurs puissent partager l’expérience que l’on en a…

Ces exemples disent assez que l’EntreNet est peuplé de petites choses plutôt que de grands discours, de quotidien plutôt que de projets, de pratiques qui se constatent plutôt que de se planifier. Seule l’agrégation de ces petits actes collectifs produit, éventuellement, des communautés, des mouvements ou des phénomènes. Certains, tels MoveOn, organisent consciemment cette agrégation dans le but de produire une action collective concentrée  ; d’autres aident simplement l’agrégation à se produire sans chercher à lui donner un sens ou un impact particuliers.

Un second axe d’oppositions traditionnelles s’emplit également de pratiques intermédiaires : celui qui sépare, dira-t-on, la voie hiérarchique ou la diffusion (« top-down« , « 1 à n »…) de la participation (« bottom-up« , « n à 1″…). On présente volontiers les blogs comme une alternative aux médias « traditionnels », voire une reprise de la parole par les « masses ». Il y a de ça chez certains blogueurs qui sont (ou deviennent) d’excellents journalistes ou éditorialistes ; mais pour la plupart d’entre eux, il s’agit de bien d’autres choses : d’échange, d’identité, d’affirmer une présence, de se prouver quelque chose à soi-même et à d’autres, d’amuser la galerie, de stocker des pensées au cas où, de s’exhiber, de se masquer derrière les mots, de classer, de partager, de se faire des amis, ou des ennemis – ou de toute sorte de combinaison de ce qui précède. Il peut aussi s’agir de compléter les médias, de les alerter, de se signaler à eux. Les blogueurs en possession d’images des attentats de Londres ou du cyclone Katrina, ou qui s’affairaient à favoriser les contacts entre les réfugiés de Louisiane, n’ont rien eu de plus pressé que de s’adresser à la presse : on se situe dans l’addition plutôt que l’opposition.

Idem pour la politique. Les blogs d’hommes et de femmes politiques marchent assez bien, sans arriver à la cheville des blogs les plus populaires. Tout se passe au fond comme s’il ne s’agissait pas tant de communiquer avec les puissants, ou de leur arracher un pouvoir qu’ils auraient confisqué, mais plutôt de faire ensemble « en dessous » de leurs radars, dans les espaces qu’ils n’investissent pas, presque comme s’ils n’existaient pas. Ce qui ne va pas, bien sûr, sans naïveté ni sans ambiguïté.

Qu’y a-t-il de nouveau ?

Résumons autrement cet EntreNet, pour simplifier (au risque assumé de la caricature). A l’origine, un carré formé de 4 pôles opposés : communication interpersonnelle (1 à 1), médias / « top-down » (1 à n), communautés/coopération (n à n), participation / « bottom-up » (n à 1). Dans l’EntreNet, le carré devient plein, se transforme en surface et même, se plisse, se tord en fonction des plus ou moins grandes concentrations de pratiques dans cet espace nouvellement peuplé. Aux oppositions terme à terme se substituent des nuances (quelques-uns, plusieurs, beaucoup, plus, moins…) ou des descriptifs issus de la théorie des ensembles (interesection, inclusion, disjonction…).

EntreNet

L’existence de ces pratiques « intermédiaires », difficiles à raconter et à classer, n’est pas vraiment neuve. Le café du commerce, la fausse confidence qu’on espère bien voir répétée, le vêtement porté comme un signe, la messe du dimanche, se situent déjà dans cet espace. Il y a longtemps, en outre, que l’on observe, dans la vie économique et sociale, un brouillage généralisé des frontières : entre espace public et espace privé, entre vie professionnelle et vie personnelle, entre l’intérieur et l’extérieur des organisations (voire des maisons, des familles, des groupes d’amis…). Il y a longtemps que l’on constate la montée en puissance des « communautés », situées entre le cercle familial et les institutions, ou encore celle des « coordinations » ad hoc (infirmières, lycéens…) et temporaires.

Ce qu’il y a de neuf, semble-t-il, c’est que ces pratiques s’outillent, s’agrègent et se raccordent les unes aux autres – non pas sur la base d’une décision stratégique, mais de l’existence de standards et surtout de services qui les facilitent – et passent à une échelle infiniment supérieure. Pour le meilleur et pour le pire : la photo d’une dame coréenne qui refuse de ramasser les crottes de son chien circule dans le monde entier et réinvente le pilori dans le village mondial  ; le constat d’un défaut sur un produit circule à la vitesse du son et contraint son producteur à réagir ; le réseau de mon réseau sur Linkedin totalise 405 000 contacts dans le monde entier ; les Skyblogs se font (à leur corps défendant) le support d’une compétition inter-cités de voitures brûlées…

Quelles questions cela pose-t-il ?

La distinction entre espaces et pratiques publics et privés est aujourd’hui essentielle dans notre imaginaire, dans notre droit, dans la manière dont nous organisons et régulons la vie commune. Elle fonde beaucoup de débats politiques, elle s’exprime au plan économique par la spécialisation d’entreprises dont les mariages sont souvent difficiles : médias et télécoms, par exemple. En brouillant ces distinctions bien établies, en peuplant les territoires intermédiaires au point qu’il devient difficile de savoir où sont les limites, nous effaçons quelques-uns de nos repères les plus fondamentaux. Quelles limites fixer à la diffusion (potentiellement mondiale) de nos colères et de nos plaisirs personnels ? Quelles limites à notre voyeurisme, à notre désir de contrôle – et si nous-mêmes n’en avons pas de bien définies, comment fixer celles des entreprises et des Etats ? Qui assume la responsabilité de propos ou d’images qui, distribués de manière automatique un peu partout sur la Toile, deviennent pratiquement impossible à retirer de la circulation ? Comment mémoriser ce qui en vaut la peine et charitablement oublier les propos de potache qu’on pourrait ressortir dans 30 ans, quand leur auteur sera devenu ministre ? Les skyblogueurs qui se lâchaient sur leurs professeurs pensaient s’adresser à leurs copains : comment leur faire comprendre et même admettre qu’ils sont régis par la même loi qu’un grand média ? Bref, comment voir, comprendre, mesurer, oublier, exprimer, réguler l’impact public de pratiques « presque » privées, l’impact privé de pratiques « tout juste » publiques ?

Difficile. D’autant que ces pratiques ne disent en général rien d’elles-mêmes, qu’elles ne se théorisent pas toutes seules. A nouveau, le skyblogueur qui parle de la musique qu’il aime et de l’école qu’il n’aime pas, le grand-père qui ouvre sur Flickr un espace dédié aux photos de ses petits-enfants qui deviendra un vrai rendez-vous pour la famille élargie, ne songent nullement à l’impact social de leur pratique personnelle. Ce qu’ils font est neuf et précieux pour chacun d’entre eux ; crée du lien social ; enrichit (ne serait-ce qu’un petit peu) la base d’information brute de l’internet… mais il serait bien difficile d’en tirer une histoire édifiante. L’EntreNet n’est pas un projet, il ne traduit aucune intention cohérente, il véhicule sans sourciller des merveilles, des horreurs, des idées et des bêtises. Il n’est pas non plus égalitaire : la surface qu’il emplit doit se penser en relief, avec de plates savanes, des gouffres sombres et des montagnes denses et lumineuses concentrant liens, trafic, notoriété. L’EntreNet est souvent marchand, au sens, en tout cas, où il s’appuie le plus souvent sur des outils, services et plates-formes à but tout ce qu’il y a de lucratif. Bref, décrire, comme le font souvent les Américains, le « web social » sous le seul prisme communautaire et démocratique permet de raconter une belle histoire, mais ne rend pas compte de la réalité quotidienne de l’immense majorité de ceux qui y naviguent.

Qui sont-ils, d’ailleurs, ces habitants de l’EntreNet ? Autre question importante. La plupart des internautes appartiennent « un peu » à l’EntreNet – via leur petite page, leur participation à des forums, leur espace sur un site de partage de photos, leur usage de MSN… En revanche, ceux qui y appartiennent « beaucoup » – qui bloguent activement, qui organisent une partie significative de leur existence sociale en ligne, qui partagent la plupart de leurs actifs numériques… – sont vraisemblablement encore peu nombreux, peut-être 10 millions, soit 1 % du total des internautes. Et plutôt 10 millions d’hommes, assez jeunes, d’un haut niveau d’éducation, vivant dans des zones géographiques connectées au haut débit. Nous connaissons tous des contre-exemples, bien sûr, mais la question demeure : la pratique des « entrenautes » les plus actifs a-t-elle vocation à diffuser ou restera-t-elle cantonnée à l’univers, simplifions, des accros et des « geeks » ? Jusqu’où, et au bénéfice de qui, l’EntreNet contribuera-t-il à étendre l’univers des liens « faibles » et des informations partagées ? Si l’EntreNet a un impact démocratique, cette démocratie est pour l’instant quelque peu censitaire.

Il paraît d’ailleurs étonnant qu’au sein de la communauté « Web 2.0 », culturellement plutôt proche du logiciel libre, l’on s’inquiète assez peu qu’à la faveur de la transformation des logiciels en services, les agrégateurs de nos liens sociaux se nomment aujourd’hui Yahoo ! (propriétaire de Flickr et Del.icio.us), Google (propriétaire de la plate-forme Blogger et du réseau social Orkut), AOL, MSN, eBay…

La conversation continue

Il ne peut pas aller sans conséquence qu’un adolescent sur deux considère comme normal le fait de publier ses intérêts, expériences, désirs, délires et détestations ; qu’il se crée un blog toutes les secondes ; que le statut naturel d’une publication soit de s’ouvrir à l’échange avec ses lecteurs ; qu’il soit possible de rendre toute sa vie publique et qu’il se trouve en plus des gens pour s’y intéresser au point de la commenter  ; que des communautés naissent, agissent, meurent, mutent en ligne tout le temps, transcendant les frontières géographiques, culturelles ou professionnelles ; que tous les albums photo du monde deviennent accessibles en ligne ; que le fait de mettre à disposition ses boîtes à outils d’informations et de relations devienne une sorte de norme sociale…

Il ne s’agit pas d’affecter a priori cette évolution d’un signe positif ou négatif, mais de la constater et de la prendre au sérieux. C’est pourquoi nous lui avons cherché un nom et l’avons nommée EntreNet [1].

L’EntreNet est le lieu de cette conversation que nous décrivions en entrée. C’est ainsi qu’à la suite du Cluetrain Manifesto, les blogueurs d’entreprises parlent de ce qu’ils font, de la relation qui s’établit avec leurs clients : comme d’une « conversation ». Ils ont raison. Il s’agit bien d’une conversation, rien de plus (une révolte) ni de moins (une ratiocination). Mais quelle conversation ! Infiniment bruyante, désordonnée, bourdonnante, fractale, mondiale et villageoise, continue et hachée, inégale, débordante et pour toutes ces raisons, puissante et créatrice. La conversation dont émerge une société nouvelle – ou dans laquelle s’étourdit celle d’aujourd’hui ?

 

L’EntreNet est une intuition un peu instruite, une idée à habiter ou à démystifier. Nous avions le sentiment qu’une pratique nouvelle émergeait et qu’elle avait besoin d’être décrite. Cet article présente de nombreuses imperfections. Il considère sans doute comme neuves des choses tout à fait classiques ; il néglige sûrement des faits importants, des pratiques ou des initiatives autrement plus significatives que celles dont il rend compte ; il ne prend pas assez position. Etc. Si vous considérez que l’idée d’EntreNet est féconde, aidez-nous à l’enrichir et à la raffiner. Si vous considérez qu’elle ne l’est pas, aidez-nous à ne plus perdre de temps à l’entretenir ! Dans tous les cas, merci d’avance.

 

Quantifier l’EntreNet ?

A notre connaissance (incomplète – toute indication sera la bienvenue !) il n’existe pas d’étude quantitative globale du « web social » (sans parler d’EntreNet, puisque le terme n’existait pas encore). Les ordres de grandeur qui suivent décrivent plutôt des supports et ce l’on désigne aujourd’hui comme « web 2.0 ». Ils doivent être considérés comme de simples indications :

  • En janvier 2006, Tecnorati suit 27,2 millions de blogs et estime qu’il s’en crée un par seconde. La moitié environ de ces blog sont toujours actifs 3 mois après leur création. 1,2 millions de billets sont publiés chaque jour. 400 000 d’entre eux sont catégorisés par des mots-clés (tags), ce qui signifie qu’ils sont ouverts à des formes de recherche agrégée et de partage. Il y aurait entre 2 et 3 millions de blogs francophones actifs, attirant entre 6 et 7 millions de visiteurs par mois.
  • En décembre 2005, Nielsen/Netratings (.pdf) estimait que les dix premiers sites de « communautés » (réseaux sociaux plates-formes de blog, etc.) étaient consultés par la moitié des internautes britanniques (soit 13,5 millions de personnes) et représentaient 1,8 milliards de pages vues par mois. Plus important, ces sites sont visités très souvent et leurs visiteurs y consultent beaucoup plus de pages, en moyenne, que sur les autres sites de médias ou de commerce.
  • En aout 2005, Nielsen/Netratings (.pdf) estimait le trafic aux Etats-Unis sur les sites de partage de photos à 14,3 millions de personnes et celui sur les blogs à 29,3 millions de personne, soit 20 % des « utilisateurs actifs » du web.
  • Toujours selon la même source (.pdf), la moitié des internautes américains utilisait RSS en août 2005, mais plus de 80 % d’entre eux n’en avait pas conscience : les sites et portails qu’ils consultent utilisent de format d’échange sans nécessairement l’annoncer. Ceux qui connaissent RSS sont plutôt des hommes (78 %) de profil souvent technicien, dont la moitié sont connectés à l’internet depuis plus de 10 ans.
  • Selon le Pew Internet & American Life Report, 57 % des ados américains créent du contenu sur l’internet (au travers d’un blog, en partageant des photos ou des films, etc.) ; un Américain sur 6 a déjà vendu quelque chose en ligne ; 34 % des adultes utilisent un service de partage de photos, 30 % ont déjà évalué une personne (par exemple un vendeur sur eBay) ou un produit, 9 % ont créé un blog, 47 % utilisent la messagerie instantanée.
  • En novembre 2005, Flickr annonçait 1,5 millions d’utilisateurs actifs et 60 millions de photos téléchargées, dont 80 % pouvaient être vues par n’importe qui.

 

[1] Le concours pour un équivalent anglais est ouvert : InterNext (marque déposée)  ? Kinternet ? Beetweb ? InterNear ? Twixternet ? Twinternet ?…

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  1. Le dépôt d’images Flickr a annoncé le 14 février le téléchargement de sa 100.000.000e photographie. Au moment de son rachat par Yahoo!, en mars 2005, après un an d’existence, le site annonçait 5 millions d’images. La 95.000.000e photographie a été téléchargée le 3 février, ce qui signifie que l’accroissement des 5 derniers millions s’est effectué en à peine plus d’une dizaine de jours.

    (Source: « Actualités de la recherche en histoire visuelle »)

  2. « L’Entre Net » : il me semble que cette désignation reste trop ancrée dans le paradigme de « l’en- commun » alors que les pratiques en question sont paradoxalement hypersingularisées et hyper- agrégeables. N’allons pas trop vite en besogne en les subsumant par avance sous d’improbables communautés ad hoc 🙂
    A suivre…

  3. Merci Laurence de cette remarque. On est au coeur de la question et il est important de préciser la pensée, d’éviter les amalgames et surtout, de se garder de chercher derrière ce qu’on observe un sens précis, ou une histoire édifiante. Sous le néologisme EntreNet, j’essaie justement, sans forcément y parvenir pleinement, de m’intéresser à ces pratiques singularisées mais néanmoins collectives de fait (notamment via l’agrégation). Les communautés ad hoc ne résument certainement pas cet ensemble de pratiques – ou de résultats. Au contraire, pour moi, elles constituent un cas limite, dans lequel la dimension sociale de l’EntreNet est dès le départ consciente, et même riche d’une intention, d’un but commun. Alors que le plus souvent ça n’est pas du tout le cas.

  4. Je me disais finalement que jamais Internet n’avait aussi bien porté son nom 🙂 « Inter-Net » comme dispositif qui articule et singularise comme chez Arendt et son idée d’espace qui rassemblant en séparant…

  5. Très bel article, très bien écrit. On est très au coeur du sujet et j’ai trouvé cette analyse très poussée. Le principe de l’EntreNet est bien pensé. Enfin, je rajouterai que c’est par ce fouilli communautaires (blog, wiki, sites de types Flicker, Bloglines, DailyMotion,43things…) qu’on commence enfin à ressentir que les gens perçoivent peu à peu la puissance communautaire d’Internet. Certes, on trouve de tout allant du « extrêmement intéressant » au « totalement inutile » avec bien entendu de l’information et aussi (malheureusement) de la désinformation.

    Mais ça me fait plaisir de voir enfin qu’Internet, cette masse d’ordinateurs connectés entre eux par des tuyaux, renferme beaucoup de trésors, comparé à il y a…4 ans par exemple !

  6. Ce qu’il nous faudrait construire, c’est un EntropieNet, capable de mesurer si ces pratiques singulières convergent vers la construction de nouvelles communautés conscientes ou si le désordre et l’individualisme collectif iront croissant.

  7. Cet article met en mots, et en nouveaux mots, avec « L’entreNet » une expérience de partagée par tous ceux qui l’expérimentent, d’un espace social à qualifier. L’EntreNet me convient, évocateur d’entreprendre, d’entrevoir, d’entremettre, d’entregent 🙂 …une idée…à entretenir. L’EntreNet » nourrit ce sentiment d’appartenance et de monde en marche que la classe politique ne sait plus donner. Dans son grand effort d’être « à la page », le politique n’offre le plus souvent que la caricature de cette dynamique

    Modeste et efficace, la « contribution » est une nouvelle valeur : « l’EntreNet est peuplé de petites choses plutôt que de grands discours, de quotidien plutôt que de projets, de pratiques qui se constatent plutôt que de se planifier. »
    Comment faire émerger ces nouvelles valeurs dans l’espace quotidien auquel nous sommes tous astreints, ou devons-nous encore « maturer » dans l’EntreNet, « en-dessous » de l’espace public, en attendant de surgir « just in time » avec nos forces et nos convictions, nos pratiques? Continuer à habiter l’EntreNet et à désaffecter davantage les espaces qui ne nous conviennent plus et ne répondent plus aux aspirations de cette époque et celles à venir?
    « Tout se passe au fond comme s’il ne s’agissait pas tant de communiquer avec les puissants, ou de leur arracher un pouvoir qu’ils auraient confisqué, mais plutôt de faire ensemble “en dessous” de leurs radars, dans les espaces qu’ils n’investissent pas, presque comme s’ils n’existaient pas.  »

    Où faut-il « exister »? Quelles dualités, quelles identités, quelles cohabitations? Les questions sont posées, et les réponses apportées en marchant et en partageant.

  8. Je vous propose d’autres « axes d’oppositions », qui me paraissent situés plus au coeur du problème : un axe sur les buts poursuivis par les participants à « l’EntreNet » et un axe sur leurs motivations.

    Il faut en effet se poser la question de la motivation pour bien cerner ce qui est le moteur de l’entrenet. Je vois deux pôles : les motivations d’ordre professionnelles (je suis payé pour participer) d’un coté, les motivations privées de l’autre. Si on regarde de plus près ce qui motive les amateurs, ce qui ressort le plus souvent est un besoin de reconnaissance par ses pairs.

    L’autre axe consiste à séparer les comportements de type « éditoriaux » (je donne mon avis sur un sujet) où le but est un partage d’idée, et les comportements de type « créatifs » (je participe à la création d’un objet), où le but est clairement identifié dès le départ.

    Ce dernier axe est sans doute le plus intéressant. Dans le coté éditorial, on peut placer les blogs, les annuaires de liens, etc. Ce pôle se caractérise essentiellement par une innovation faible dans les comportements, supportée par une forte innovation dans les outils, qui permet de faciliter les échanges. Cependant, ces échanges sont toujours de la forme « voilà mon avis ».

    Du coté créatif, on peut trouver le « mouvement du libre », Wikipédia, etc. Ce coté est particulièrement présent en termes d’innovations comportementaux, et à une très nette tendance à remettre en question les modèles d’organisations connus en dehors de l’Internet.

    À mon sens, si on veut réellement chercher des innovations intéressantes en termes de comportements, c’est plus du coté créatif/reconnaissance que du coté éditorial/professionnel. Du coté éditorial, on trouvera une agumentation de la quantité des échanges, mais finalement très peu de gros remaniements structuraux.
    Enfin, le coté créatif/professionnel est, lui, très peu novateur dans les deux cas, et se calque sur les schémas existants.

  9. Je n’aime pas beaucoup ce nom d' »EntreNet ».

    Je sais bien qu’il faut donner un nom au concept pour pouvoir en parler, et, qu’en la matière, il s’agit d’une démarche scientifique. Ce n’est pas le « créateur » qui donne un nom à sa création, mais plus prosaïquement le « découvreur » ou « l’inventeur ».

    Ne pourrions pas demander aux ados qui inventent tous les jours de nouveaux usages quelle nom ils donnent à leur pratique. Je suppose que nos collègues québécois ont sans doute également investigué ce territoire, pour ne pas parler des pionniers californiens et des utilisateurs « fous de tic » asiatiques.

    Par ailleurs, ce nom très franco-français, me convient finalement bien en tant que français, mais je vois d’avance le regard narquois de mes collègues étrangers qui vont encore nous taxer d’arrogance.

    Ne pourrions-nous pas interroger nos collègues internautes francophones ?

  10. Mal placé pour défendre un mot qui vient de moi, bien sur, il me semble tout de même que nous sommes en droit de produire des néologismes en Français, en tout cas s’il n’existe pas d’autre nom déjà utilisé pour désigner ce dont nous parlons. Or je ne crois pas l’avoir vu – mais je peux me tromper ! Il est par ailleurs difficile de demander aux utilisateurs de dire comment ils nomment leur pratique, me semble-t-il, parce que dans bien des cas ils ne la nomment pas… ce qui est précisément mon sujet.

    Bien sur, nos collègues internautes francophones, qui nous lisent (j’espère !!), sont les bienvenus pour proposer d’autres mots, ou réagir à celui-ci. L’enjeu restant, en tout cas, de chercher une expression qui désigne des pratiques plutôt que des techniques.

    Enfin, le concours pour une traduction anglaise reste ouvert !!

  11. Comme si on s’étonnait qu’un enfant qui grandit change ou simplement s’actualise. . L’entrenet, l’autrenet, l’antrenet, l’enterrenet, l’éthernet…On gardera l’accent évanescent pour ce dernier. Le qui leurre name d’une mise au pré carré. Papier, caillou, puit, ciseaux….La toile fait encore l’enveloppe, et l’internet son nom. Sans majuscule celui-ci. Pour le point remis sur le i.

  12. C’est un texte très intéressant. J’adhère à l’essentiel de ses analyses, y compris à la tentative de nommer ce dont il est question. Le mot lui-même, EntreNet, me plaît aussi, simple, pas crâneur.

    Devant ce territoire dont on ne sait même pas dire s’il est nouveau, la prudence s’impose bien sûr. Nommer la chose, c’est déja bien audacieux. Mais on ne peut pas en rester là et je comprends l’envoi final de l’article comme une invitation à peser sur la balance interprétative que Daniel s’est efforcé, tout le long de son texte, de maintenir horizontale.

    L’EntreNet traduit pour moi le désir des individus sans place, sans naissance, sans privilège, sans richesse, sans mérite, sans expérience, etc. d’occuper l’espace public et de s’y exprimer librement. C’est peut-être pour cette raison que les blogs de ceux qui occupent déja l’espace public (les hommes politiques, les journalistes) ont parfois de l’audience mais en réalité peu d’importance dans l’EntreNet.

    Un mot qui pourrait faire pencher la balance dans le sens d’une interprétation forte, c’est « démocratie ». L’EntreNet révèle un désir ancien, un désir de démocratie.

    Je viens de lire « la haine de la démocratie » de Jacques Rancière. Ca marque…

  13. Non, cher « unknown », je crois que vous faites une confusion. L’entrenet n’est pas un autre nom de l’internet. L’internet est une infrastructure sur laquelle se développent des services et des usages. Par « entrenet » je désigne un ensemble de pratiques publiques et privées à la fois qui se développent sur l’internet. Mais il se passe bien d’autres choses que cela sur l’internet. Ne confondons pas le système routier, la bagnole, et le motif pour lequel on se rend d’un point à un autre !

  14. Article remarquable. J’avais tendance à appeler ce que tu nommes l’EntreNet : le Web 2.0 dont je trouve ta définition trop réductive et quelque peu méprisante avec des choux et des serviettes :).

    Ceci dit, quel que soit le nom, et EntreNet est plutôt bien trouvé, nous sommes effectivement dans un phénomène majeur. Avis aux auteurs éclairés, pourquoi pas un livre sur le sujet ? 🙂

  15. Merci beaucoup pour ce texte.
    Et merci pour ce mot, EntreNet, qui correspond bien à ce que je ressens de ces multiples pratiques.

    Ce qui me fascine dans cette évolution (sans jugement de valeur), c’est le fait que l’être humain, naturellement outillé pour vivre en communautés fermées, qui a déjà du mal à intégrer la dimension anonyme de la société actuelle (grandes cités, échanges physiques avec des inconnus, manque de proximité avec des gens connus), est en train de passer à une dimension supérieure : échanges, non pas « virtuels » mais bien « réels » même si non physiques, avec des millions de gens dont il a peine à imaginer l’existence. Comment alors imaginer, concevoir, se représenter, l’impact de ses propres actes sur tous ces gens ? Comment passer de « je te regarde, tu rougis », « tu me frappes, je crie », « tu sens mauvais, je te fuis », « je chante, tu danses », « je te tire dessus, tu meurs », déjà parfois difficiles à concevoir, comment passer à « je publie (écrits, photos, dessins, voix,…), et je touche quelqu’un dont je ne soupçonnais pas l’existence. » Comme vous le soulignez, cela était jusqu’ici réservé aux personnes « publiques » (stars, politiques, médias,…). Le pas me paraît gigantesque, et « il ne peut aller sans conséquence… »

    Il ne peut non plus aller sans conséquence qu’une partie des enfants de la planète grandissent actuellement en immersion dans ces nouvelles pratiques tandis que d’autres ne peuvent même les concevoir. Le fossé se creuse (encore sans jugement de valeur : constat), la conception de la vie, des échanges au sein d’une société, devient petit à petit irréconciliable entre les différents groupes. Je crois.

    Alors une société nouvelle ? Certainement. Dont l’évolution serait prévisible ? J’en doute.
    Quant à vous aider à creuser l’idée, j’ai peur de ne pas être en mesure de faire une chose pareille 🙂

  16. J’aimais bien le terme d’alternet qui avait émergé il y a 5 ou 6 ans en réaction au terme Internet. L’Internet ne désigne éthymologiquement que de l’interconnexion de réseau alors qu’alternet décrit mon lien aux autres.

    Accessoirement, je candidate dans la catégorie « anglicisation ». imho, alternet fonctionne aussi bien en anglais qu’en français 😉

  17. Une très bonne analyse de la mouvance sociale reliée au net. Très sérieusement. Pour le reste, rien à ajouter et sans blague, je n’en bloguerai pas davantage

  18. Sur un sujet proche, mais avec une approche plus documentaire, le troisième texte publié sous la signature collective de Roger T. Pedauque vient d’être mis en ligne, v. en particulier la section 4. « Décadrage » :

    http://rtp-doc.enssib.fr/article.php3?id_article=255
    Document et modernités
    Roger T. Pédauque
    16 Mars 2006
    Résumé
    L’activité documentaire a accompagné et stimulé la modernisation des sociétés industrielles. L’hypothèse défendue dans cet article collectif du réseau RTP-DOC est que les multiples développements du numérique documentaire illustrent et favorisent l’émergence hésitante d’une nouvelle modernité, par un processus de « redocumentarisation ».
    Les principes de celle-ci ne concordent pas toujours avec les postulats de l’ordre documentaire précédent et n’épousent pas obligatoirement les contours traditionnels de la communication sociale. En fait, souvent présenté comme radical, le processus relève plutôt d’une hybridation où les médiations se reconstituent en permanence. Il induit de nombreux décalages, tout autant sources de malentendus fâcheux que de fortunes rapides et de perspectives prometteuses.
    S’il est trop tôt pour conclure qu’on est en présence d’un nouvel ordre documentaire se substituant au précédent, il est certain qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène.
    Abstract
    Documentation has contributed substantially to the modernization of the industrial societies. The assumption we are proposing in this collective paper of the network RTP-DOC is that the diverse developments on digital documentation illustrate and support the hesitant rise of a new modernity, in a process of “redocumentarization”.
    Its principles don’t always fit with the necessary arrangement with the previous order of documentation, neither with the traditional borders of the social communication. The process, often presented like a radical change, is more likely to be seen as hybridization where mediations are recomposed. In many cases the wellknown frameworks are blurring, and these situations become sources of difficulties, misunderstandings but also of fast fortunes and promising openings.
    It is undoubtedly too early to conclude that a new order of documentation is replacing the previous one, but it is certain that it is not an epiphenomenon, anymore.

  19. Et on pourrait compléter ce néologisme…

    On aurait :
    EntrePasNet désignant le sombre, l’obscur, le destructif qui se glissent dans ce fourmillement.
    EntrenéNet… Les échanges au mode créativité féminine.
    EntrePreNet… Les discours animés par le désir d’entreprendre.
    EntredeuxNet… Les mots se situant entre un passé dépassé et un futur révolu.
    EntréenNet Les internautes qui se sont convertis au virtuel.
    A suivre

  20. On parle beaucoup des outils : Revue sur les blogs, chronique radio et émission TV. Mais qu’en est-il réellement des pratiques collaboratives ? Peut-on réellement croire que les mentalités vont évoluer du simple fait de l’existence d’outils tels que blogs ou wikis.
    Aujourd’hui il existe une vingtaine de blogs exclusivement dédiés au CPE, avec leur propre ligne éditoriale : « pour » ou « contre » un point c’est tout. Beaucoup de commentaires, des prises de position, mais rien de collaboratif. Attention de ne pas confondre contributif et collaboratif. Il suffit de lire la presse étrangère, qui une fois de plus de comprend rien à notre mode de débat franco-français, pour réaliser combien nous sommes éloignés de rélles pratiques collaboratives basées sur un enrichissement mutuel et partagé de la connaissance..

  21. A notre connaissance (incomplète – toute indication sera la bienvenue !) il n’existe pas d’étude quantitative globale du “web social” ?

  22. La volonté de franciser un ensemble d’usages et de socialisations pratiqués sur l’internet me paraît étrangement réductrice: traduire Entrenet en anglais montre tout-de-suite l’inanité d’une telle entreprise « betweenNet »…:-(

    Alors que l’usage du latin Inter et Intra me semblaient déjà bien définir la Chose.
    Changer le nom de la roue ne réinventera pas celle-ci: ainsi, la dénomination web2.0 ne me semble correspondre à rien d’autre qu’un gimmick vaguement temporel.
    Ceci dit, vous attirez pertinemment, comme souvent, l’attention sur des développements relationnels qui se développent très vite et dont on peut se demander comment les potentialiser encore plus, en tâchant d’éviter les vieilles tendances jacobines organisatrices.
    Malgré tout, permettez ma réticence, illustrée par exemple par l’affirmation d’Alexander (une vingtaine de blogs consacrés au CPE: est-il si sûr de les avoir tous recensés?), à savoir que personne ne sait tout sur ce qui se passe dans le Net: sa globalité est devenue trop mouvante, ses flux trop changeants, ses intervenants trops divers et nombreux (même restreints à la seule francophonie) pour qu’on la fige.
    Peu de commentaires ici sur les blogs collaboratifs, qui se développent pourtant très vite et reproduisent, à toutes sortes d’échelles sociales ou professionnelles, ce que la communauté scientifique pratique depuis l’invention de…l’internet

  23. Je fais suivre ce billet de la NewsLetter de Forrester Research qui semble bien s’interroger aussi sur l’EntreNet et de ses conséquences dans l’entreprise:

    « Social Computing : l’érosion du pouvoir institutionnel, De Chris Charron, Jaap Favier et Charlene Li.
    Parmi les centaines d’entreprises avec lesquelles Forrester est en contact quotidien, une interrogation commune se dégage : quelles sont les implications des contenus et de la communication générées par les utilisateurs – pas seulement pour les media et les agences de publicité, mais pour tous les secteurs d’activité ? Chez Forrester, nous pensons qu’une nouvelle structure sociale est en train d’émerger, dans laquelle la technologie donne un pouvoir aux communautés, et non aux institutions. Forrester appelle cette évolution le Social Computing. Cela sonne comme le Web 2.0, n’est-ce pas ? Ce n’est pas notre avis. Et voici pourquoi : le Web 2.0 traite de technologies spécifiques (blogs, podcasts, wikis, etc) qui sont assez faciles à adopter et à maîtriser. Le Social Computing, ce sont ces nouvelles relations et les structures de pouvoir qui vont en découler. Autrement dit : le Web 2.0 est comme la construction du système d’autoroutes d’après-guerre ; le Social Computing est tout ce qui en a résulté (pour le meilleur et pour le pire) : l’extension des banlieues, la dépendance énergétique, le commerce efficace, et le goût des déplacements faciles. Forrester vient de publier une toute nouvelle étude sur ce sujet, simplement appelée “Social Computing”. Elle contient des exemples d’entreprises qui s’appuient sur le Social Computing, ainsi que des données tirées de dizaines de milliers d’études consommateurs. Au milieu de la cacophonie des start-ups Web 2.0, des stratégies mouvantes et des annonces d’entreprises et de produits, l’étude constitue un cadre narratif et analytique cohérent qui replace beaucoup de ces technologies dans leur contexte. Nous pensons que le Social Computing va influencer pratiquement toutes les façons d’opérer des
    entreprises, du marketing à l’innovation produit, à l’informatique et aux ressources humaines. »

  24. Il y a déjà quelques semaines que j’ai parcouru pour la première fois ce document. Il est très intéressant et permet de recenser et de définir toutes les nouvelles pratiques que les technologies permettent de mettre en oeuvre avec beaucoup de facilité et de rapidité. Je crois que c’est par cette approche que je vais me permettre de répondre à deux questions qui ont été posées, à savoir :
    – est-ce que tout ceci est nouveau ?
    – faut-il donner un nouveau nom (EntreNet) à ce phénomène auquel on assiste ?
    Mes réponses à ces deux questions est surtout NON !!

    Non ce n’est pas nouveau car il s’agit, à mon humble avis, de pratiques qui pouvaient exister à une échelle beaucoup plus petite. Les réseaux humains n’ont pas attendu l’Internet pour démontrer leur efficacité mais c’est lui qui leur rendu accessible cette dimension que l’on connait aujourd’hui. De même, la mise en commun de ressources ou de connaissances existait et l’Internet a démultiplié cette possibilité…

    Non, il ne faut pas donner un nouveau nom à cet ensemble de pratiques. Je suis confronté au quotidien à la pédagogie nécessaire à l’assimilation par des « non avertis » de toutes ces nouveautés. Je pense que rajouter un nouveau terme risque de compliquer le paysage déjà bien brouillé.. Pour essayer d’argumenter ma position, essayez de demander à vos proches « non avertis » si ils savent ce que signifie exactement e-learning ou FOAD…

    A votre réflexion.

    JPG

  25. Merci pour cet excellent article. Je trouve le mot ‘Entrenet » bien trouvé et qui va au dela du concept Web 2.0, à géométrie variable.
    Personnellement, j’en viens à penser que le concept de »l’EntreNet » pourrait être un prélégomène à l’ « EntreNe(u)topia » contraction de EntreNet et d’Utopia selon Thomas More.

  26. A mon sens, les gens ne font que reprendre possession du net! Ce que vous nommez entrenet (j’aime bien alternet, ceci dit 🙂 ) n’est que l’essence du web: de la communication entre leurs utilisateurs.
    Le fait nouveau est que maintenant chacun y met du sien: au départ seuls les privilégiés (fac, labo) étaient connectés entre eux/au net. Et puis sont arrivés les sites commerciaux qui ont, à mon avis, tout pervertis (le net est au départ une belle idée: partager des connaissances) en transformant ce réseau en immense galerie commerciale.
    Maintenant que chaque citoyen peut y accéder, le réseau redevient ce qu’il était: un lieu de partage de connaissances entre les utilisateurs.
    Ce qui m’inquiète plus et que les relations entre les gens deviennent de plus en plus virtuelles et de moins en moins réelles (dans le sens: manque de 3D, de contacts physiques)

  27. Didier Heiderich, auteur de Rumeur sur Internet, a publié un document (.pdf) sur l’influence sur l’internet où il dresse la liste des différents principes d’exercices et modèles de l’influence en ligne. « Un des modes déterminant de l’influence sur Internet est d’imposer au public un parcours hypertexte et cognitif avec l’objectif de le convaincre d’adhérer aux propositions émises et de les relayer. »

    Heiderich invoque notamment le concept de « microfluence » pour parler de l’influence des nouveaux médias et s’appuie sur la description de l’EntreNet, pour le définir : la microfluence est « l’influence discrète, voir quantique, faite ‘de petites choses plutôt que de grands discours, de quotidien plutôt que de projets, de pratiques qui se constatent plutôt que de se planifier' ».

    Via Palpitt et Demain la veille.

  28. l’article est pertinent,très bien écrit,bravo pour la qualité de l’information délivré ici!

  29. Dans un de ses articles, Fred Cavazza (je ne retrouve plus son article) disait que SuperPoke était une plaie de Facebook. Je pense qu’au contraire, c’est un des vecteurs de rétention à court terme du site car les personnes pouvaient jouer, partager à moindre coût (en terme de temps) avec des amis ou de simples relations.

  30. Tres bon article qui nous ouvre bien les définitions du monde virtuel actuel. Quand sera t’il d’internent dans 10 ans, quelles évolutions ?

  31. oui c’est intéressant de noter aussi que le développement des réseaux sociaux ne se fait pas à la même vitesse partout sur la planète. Attention de ne pas oublier les continents comme l’Afrique. Si Facebook est populaire en amérique du nord, en Russie c’est VKontakt.