L’internet s’est diffusé via les universités – mais pas de la manière que l’on croit

Que les universités aient joué un rôle majeur dans la diffusion de l’internet n’étonnera personne. Mais elle l’ont fait d’une manière tout à fait originale, explique le chercheur canadien Avi Goldfarb : « la plupart des technologies inventées dans les universités se diffusent au travers des revues scientifiques ou des partenariats industriels. Dans le cas de l’internet, ce sont les étudiants qui se sont chargés de la diffusion vers le grand public.« 

Dans sa longue étude (.pdf) dont on pourra sans dommage sauter les équations, Goldfarb démontre que, même en tenant compte de l’origine sociale (plus favorisée que la moyenne) des étudiants, le fait que ceux-ci aient été exposés à l’usage de l’internet sur les campus au milieu des années 1990 a joué un rôle considérable dans le développement ultérieur de leurs usages personnels , mais aussi de ceux des autres membres de leur famille. « Les universités ont enseigné à une génération d’étudiants à utiliser l’internet et eux, à leur tour, l’ont enseigné à leur famille ». Par exemple, les familles situées au bas de l’échelle des revenus et dont un enfant étudiait à l’université dans les années 1990, avaient 50 % de plus de chances d’utiliser elles-mêmes l’internet.

Cet effet de la présence sur les campus très informatisés des universités américaines ne joue pas sur d’autres usages numériques tels que la pratique du traitement de texte : c’est, selon Goldfarb, le statut de l’internet comme outil de communication qui entraîne de telles conséquences. « Les étudiants du milieu des années 1990, et ceux qui vivaient avec eux, ont vu se réduire le coût d’adoption (…), ont tiré de plus grands bénéfices des communications en ligne [ainsi que] de l’information disponible sur l’internet« .

De cette manière, s’agissant au moins des outils de communication, « les universités agissent comme un vecteur de diffusion des innovations dans la société« , particulièrement en direction des publics à bas revenu et faible niveau d’éducation – dès lors, tout de même, que l’un des membres de la famille est étudiant. D’autres technologies à venir pourraient tenter de reproduire le même cercle vertueux, suggère l’auteur. Encore faut-il, bien sûr, que les campus aient l’envie et les moyens de s’équiper massivement de ces technologies, ce qui, dans les années 1990 en tout cas, était beaucoup plus le cas en Amérique qu’ailleurs.

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  1. Une étude menée par l’Education developpement Center en collaboration avec le Certiport démontre que les « poweruser » sont de véritables agents d’innovation en classe. Ils influencent les contenus des cours et sont des « aidants naturels » pour leurs camarades moins à l’aise avec les technologies.
    D’après cette étude :
    – 69 % des répondants ont déclaré que les power users influençaient ce qui est enseigné en classe et 66 %, les méthodes pédagogiques utilisées;
    – 48 % des enseignants interrogés ont indiqué que leurs élèves cyberfutés adoptaient des comportements d’aide face à leurs pairs, tandis que 55 % sont allés encore plus loin en déclarant que ces étudiants facilitaient l’apprentissage de leurs camarades;
    – Enfin, ce qui n’est pas rien, plus de 8 répondants sur 10 (84 %) sont d’avis que les power users ont aussi une influence positive sur leur propre apprentissage des TI.