La France, avant-dernier de l’UE en matière d’usage des TIC à l’école

L' »audit de performance » consacré à La contribution des nouvelles technologies à la modernisation du système éducatif relève un paradoxe étonnant. Alors qu’en France :

  • l’équipement disponible est supérieur à la moyenne européenne : 8 élèves par ordinateur contre 8,8 en moyenne européenne ;
  • le taux de connexion internet à haut débit des établissements scolaires se situe également dans une bonne moyenne (75 % des établissements contre 67 %) ;
  • les programmes d’enseignement intègrent dans l’ensemble une dimension « TICE » (TIC pour l’éducation) ;
  • l’éducation nationale a développé de nombreux services en ligne auxquels le corps enseignant, bien équipé par ailleurs, s’est adapté sans peine…

… les résultats en termes d’usage de l’informatique et de l’internet dans l’enseignement demeurent très modestes.

Ainsi, « seuls 66 % des enseignants français interrogés déclarent avoir utilisé un ordinateur en classe lors des douze derniers mois, contre 74 % au niveau européen (et plus de 90 % au Royaume-Uni, au Danemark, en Suède et aux Pays-Bas)« … Il peut y avoir des raisons objectives à cette situation, quoique la bonne situation de la France en termes d’équipement incite à les relativiser. 76 % des enseignants français jugent la maintenance technique et l’assistance insuffisantes (65 % au niveau européen), 63 % de ceux qui n’utilisent pas l’ordinateur en classe citent le manque d’ordinateurs parmi les raisons de cette absence d’utilisation (contre 49 % au niveau européen).

Mais les causes sont avant tout pédagogiques : « L’utilisation apparemment faible des TICE dans le système scolaire peut s’expliquer aussi par un doute plus fort en France que dans d’autres pays développés sur l’apport effectif de ces technologies à l’acte éducatif. Parmi les enseignants qui n’utilisent pas ces technologies, 22 % (contre 16 % en moyenne européenne) citent l’absence de bénéfices parmi les motifs du non-usage. Les travaux menés sur la contribution des TICE à l’acte éducatif et à l’organisation du système sont encore aujourd’hui peu nombreux. Ils restent largement internes aux inspections générales (…) Cette interrogation pèse d’autant plus sur les attitudes des enseignants que les objectifs assignés sont multiples, donc confus, que les matériels fonctionnent imparfaitement, que la formation initiale et continue est insuffisante11 et que ces enseignants perçoivent que ces technologies peuvent à terme contribuer à transformer l’organisation du système éducatif et leur métier. »

La France, 8e des 25 pays de l

Au final, la France est « en avant dernière position au niveau européen lorsque l’on regarde globalement l’accès à l’outil, sa maîtrise dans un contexte pédagogique et la motivation des enseignants. Même si de telles mesures peuvent comporter des imperfections, elles traduisent un certain retard de la France par rapport aux autres pays de l’Union européenne dans la mise en oeuvre de ces technologies. »

La France, avant-dernier de l’UE en matière d’usage des TIC à l’école

Certes, comme nous le disions dans l’ouvrage Du cartable électronique aux espaces numériques de travail (La Documentation française, juin 2004), l’usage des TIC en classe ne saurait constituer le seul critère pertinent : un cours magistral présenté à l’aide d’un PC et d’un vidéoprojecteur reste un cours magistral. Il n’en reste pas moins que ces mauvais résultats expriment une certaine difficulté de l’enseignement français à prendre la mesure des transformations de la société, en particulier en ce qui concerne le statut de la connaissance et l’accessibilité de l’information.

Via ADF-DCI.

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. Un récente étude américaine, rapportée par le NY Times, remet en cause les bienfaits de l’informatique à l’école.

    Trop coûteux, trop de casse, trop d’usages non-pédagogiques… et en définitive, des résultats scolaires qui ne s’améliorent guère: de nombreux Etats et Comtés des Etats-Unis qui avaient massivement distribué des ordinateurs portables à leurs élèves du secondaire (high school) sont tentés d’abandonner.

    Plusieurs études démontreraient en effet que la possession de PC portables ne change rien aux résultats des élèves, sauf peut-être à ceux des meilleurs élèves, qui en tirent le meilleur profit. Les enseignants ont même parfois le sentiment que l’ordinateur fait obstacle à leur relation directe avec les élèves. En outre, les coûts associés à de tels programmes sont beaucoup plus élevés que prévus: remplacement et réparation, assistance aux utilisateurs, formation des enseignants, sécurité des réseaux contre les attaques et virus, mais également pour limiter l’accès aux jeux, sites pornographiques et autres messageries instantanées…

    Il ne faut pas non plus manquer de reconnaître que dans cet échec relatif, l’absence d’évolution pédagogique joue un rôle non négligeable.

  2. Bonjour,

    Il s’agit tout simplement de l’échec de la voie choisie depuis des années par le Ministère de l’Education nationale, à savoir l’approche exclusive de l’informatique et des TIC par le biais des disciplines existantes (math, physique, lettres, …).
    À quoi sert l’École si elle abandonne le terrain qui est le sien, celui de la transmission rigoureuse, structurée, progressive, de savoirs et de savoir-faire sous la responsabilité d’enseignants correctement formés ? On hésite à proférer un pareil truisme et pourtant, c’est le contraire que l’on s’acharne à faire depuis des années : laisser les élèves acquérir des « compétences », qu’ils ont déjà en partie, sous la direction d’enseignants qui, dans leur très grande majorité, ne les ont pas ….
    Cf. l’article « Le développement de l’informatique et des TIC dans l’enseignement. Et si la voie suivie n’était pas la bonne ? http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0705a.htm
    Cordialement. JB. Président d’honneur de l’EPI. 13 juin 2007. courrier@epi.asso.fr

  3. Un enseignement disciplinaire au lycée, de nature scientifique et technique, pour tous les élèves.

    Les usages et enjeux éducatifs des TIC sont multiples : outil pédagogique pour travailler mieux et/ou autrement ; transformation des disciplines enseignées de par l’irruption de l’ordinateur ; outil de travail personnel et collectif des élèves, des enseignants et de l’institution ; objet d’enseignement en tant que tel.
    Les usages de l’ordinateur, outil conceptuel, supposent sa maîtrise, comme les usages des mathématiques ne vont pas sans leur maîtrise. Cela vaut pour les usages éducatifs et pour tous les autres usages, dans l’entreprise, la société.
    La question posée est « quelle culture générale informatique scolaire pour tous les élèves ? » Selon quelles modalités ? L’utilisation « intelligente » d’un outil reposant sur sa compréhension, une discipline informatique et TIC à part entière au lycée, dans le prolongement du B2i à l’école primaire et du cours de technologie au collège, semble être une bonne et incontournable réponse complémentaire.
    Voir :
    Informatique et TIC : une vraie discipline ?
    http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0706a.htm
    Démocratie et citoyenneté à l’heure du numérique : les nécessités d’un enseignement
    http://www.politech-institute.org/review/articles/ARCHAMBAULT_Jean-Pierre_volume_2.pdf

  4. Il me semble que l’outil TIC est fabuleux:
    – pour trouver l’information, à la condition qu’une méthodologie de recherche d’info soit enseignée.
    – pour présenter ses productions, à la condition qu’une méthodologie de présentation des productions soit enseignée.
    – pour organiser ses informations et ses connaissances, à condition que …
    – pour entrer dans du travail collaboratif, à condition que …
    – pour faciliter le travail personnel, à condition que …
    Et à condition que les enseignants soient formés pédagogiquement et que tous les élèves aient accès librement à l’outil.
    La grande absente de tout ceci est dans la dimension pédagogqiue de l’utilisation.

  5. bonsoir,

    la question n’est pas de savoir si les tic améliorent les résultats scolaires dans une école qui est basé sur des références et des savoirs qui n’ont jamais été construit en tenant compte de l’apport des tic et de son corolaire de connaissances non identifiées à nos jours.

    la question est sommes nous prêt à modifier les règles de notre école pour l’adapter à un nouveau paradigme.

    Nous expérimentons au collège de martonne l’usage de la clé usb en place du classeur de technologie.
    http://martonne.net/npds/sections.php?op=viewarticle&artid=146

    Les premiers bilans nous laissent entrevoir une réelle possibilité de remplacer les outils de scripts classiques par leurs pendants numériques…
    Force est de constater que l’efficacité est au rendez vous dans plusieurs domaines, celui de la recherche d’idées, celui de la co-évaluation, celui de la construction collective…

    Mais cette expérimentation nous laisse entrevoir d’autres voies, le numérique nous aide à conserver les traces des élèves créées lors de leur réflexion, en quelque sorte le chemin parcouru avec ses embuches et ses passages à gué… Nous pourrons alors interroger ces traces pour comprendre les blocages et proposer à tout à chacun une remédiation…

    Le métier à venir est dans cette direction et de toute évidence il y a urgence à former un corps de professeurs qui ne sont pas initiés à la lecture des traces et familiarisés à un usage global des tic…

    les tic ont un avenir certain mais dans une autre école !

    patrick RICHARD
    http://www.martonne.net
    http://www.pagestec.org

  6. Le pourcentage des enseignants qui intègrent réellement les TIC dans leur enseignement est minime, même si les politiques, les ordinateurs et les connexions existent dans les établissements…

    Ce qui manque c’est une formation initiale efficace des jeunes enseignants et un renforcement des capacités des enseignants et des cadres en poste.

    Il semble que le corps enseignant soit spontanément et majoritairement technophobe. Nous continuons à fonctionner sur le modèle moyennageux de l’enseignement des « arts libéraux » privilégiant l’épistémé, au mépris des « beaux-arts » et des « arts serviles » domaines de la techné réservée aux couches défavorisées de la société. Les « cartables électriniques » ou les distributions généreuses de portables dans les établissements n’y font rien, l’impact de tout cela reste marginal.

    Les élèves et les familles gèrent cette dimension à domicile comme en catimini, et sans encadrement ni perspective pédagogique. Seuls quelques rares enseignants font spontanément le chemin vers l’intégration des TIC, mais souvent sans réel soutien des responsables.

    Comme nous le voyons dans cette étude salutaire, nous sommes parmi les rares pays dans ce cas de figure. Il était temps de briser les tabous et l’autosatisfaction nombrilique qui nous caractérise. Il n’y a pratiquement pas d’établissements Français qui partcipent à des projets Européens innovants, voir par exemple http://calibrate.eun.org/ww/en/pub/calibrate_project/partners.htm ou http://www.eun.org/portal/index.htm

  7. La formation des enseignants est un véritable problème. Même les professeurs d’informatique sont souvent des profs de compta reconvertis « à la va vite » à l’informatique. Ils n’ont au mieux qu’un cours d’avance sur leurs élèves, et bien sûr n’ont ni maîtrise ni recul sur leur discipline.
    C’est navrant pour nos enfants…