Des appareils photos sociaux

C’est Dave Winer qui a lancé l’idée. Il était en train d’attendre un train à Genève quand il a aperçu un homme prenant une photo dans sa direction. Il a alors eu l’idée de lui crier son adresse e-mail pour qu’il lui envoie une copie de l’image. L’idée lui est venue que son appareil photo devrait pouvoir le faire pour lui. « Nos appareils photos devraient pouvoir faire rayonner nos informations de contact. C’est alors que j’ai eu une meilleure idée encore : que se passerait-il si l’appareil photo, alors qu’il est en train de prendre son cliché, envoyait aussi l’image à tous les appareils photos à proximité ? (…) Mon appareil photo ou mon téléphone, tout au fond de mon sac, pourraient être capable de la récupérer. » Est-ce que cela ne changerait pas notre façon de faire du tourisme ? Les photos qu’on ramènerait à la maison seraient aussi celles des autres. Bien sûr, si nous ne voulons pas des photos des autres, on pourrait débrancher la fonctionnalité précise-t-il encore.

Une idée qui, malgré les difficultés techniques qu’elle présente, déclenche quelques réactions passionnées sur les blogs. Pour Thomas Hawk, président de Zoomr, ce que Dave Winer explique c’est que les gens ont un besoin naturel de voir ce qui est pertinent pour eux. Et de suggérer de modifier les appareils photos de Dave en permettant aux gens de diffuser leurs photos sur un site de partage intelligent qui prendrait en compte les données géographiques et temporelles pour développer des rapprochements. Thomas Hawk signale d’ailleurs une start-up, Eye-Fi, qui intègre du Wi-Fi dans une carte mémoire permettant de décharger ses photos directement sur un ordinateur ou sur l’internet. Pourrait-on demain, selon la borne Wi-Fi qu’on utilise pour transmettre ses photos, les étiqueter géographiquement automatiquement, ou va-t-on voir apparaître des GPS dans nos appareils de prise de vues ?

En tout cas, l’idée de rendre nos appareils photos plus sociaux est une idée qui mérite d’être creusée, vous ne trouvez pas ?

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. L’idée est intéressante, mais le transfert de photos d’appareils environnants devrait être demandé (PULL) par l’utilisateur photographié, et non diffusé automatiquement (PUSH). De plus, l’auteur de la photographie devrait être en mesure de refuser le transfert. Parce que si tous les appareils environnants commencaient à nous envoyer leurs photos, on serait rapidement spammés, en particulier dans les lieux touristiques!

  2. Je pense qu’il aurait mieux fait de lui crier son email.
    Rendre nos « appareils photos plus sociaux », me fait hésiter entre rire et pleurer tellement je trouve ahurissant le décalage entre communiquer avec les gens qui nous entourent et laisser les appareils communiquer pour nous.
    Tout cela parce que quelqu’un l’avais pris en photo.

    Et puis franchement, quel intérêt ? J’aime bien prendre des photos, j’essaye de réfléchir avant de prendre une photo, de prendre le temps. Là on me propose des photos toutes faites, celles des autres. C’est top tendance de diffuser des chanteurs qui ne savent pas chanter, des vidéos de gens qui ne savent pas monter ni filmer, maintenant les photos des gens qui sont autour de moi ….quelle pollution.

  3. > > Pourrait-on demain …/… les étiqueter géographiquement automatiquement,
    > > ou va-t-on voir apparaître des GPS dans nos appareils de prise de vues ?
    >
    > C’est presque déjà le cas, si l’on regarde les spécifications du format EXIF…
    > http://fr.wikipedia.org/wiki/Exchangeable_image_file_format

    Mieux encore, ZoneTag de Yahoo Research permet de reconnaitre certains lieux pris en photo pour la taguer en conséquence: http://zonetag.research.yahoo.com/

  4. Il me semble que justement Zonetag reconnait les lieux. Il integre directement comme tag à une photo prise, la ville dans laquelle l’utilisateur se trouve :
    In addition to user-contributed contextual tags, ZoneTag incorporates tags from sources like place and event databases. Theses « canned » tags are served and sorted based on physical location

    http://www.stanford.edu/~morganya/research/chi2007-tagging.pdf

  5. moi je trouve ça marrant comme système, comme expérience, il y a sûrement quelque chose à faire avec ça, mais évidemment attention aux limites.

  6. Tant qu\’on y est, il suffit que la photo soit directement publiée en Wifi et même carrément twittée. Dans le même temps, elle pourrait être aussi géolocalisée sur GMaps ou équivalent. On y est presque !

  7. Cette idée m’en fait venir une autre sur les téléphones portables sociaux : avoir la possibilité de participer à la conversation d’un voisin en train de téléphoner par exemple pour lui dire de baisser un peu la voix ou dire à son interlocuteur que son contact se trouve dans un lieu public et qu’il serait bon d’éviter de parler de sujets confidentiels…
    Je dis ça parce que l’autre jour je me suis trouvé dans cette situation à la caisse d’un supermarché, mon voisin paralit tellement fort que je ne pouvais entendre ce que me disait la caissière, je me suis retourné pour lui dire de baisser le ton, mais le type, dans sa bulle, a continué de plus belle !

  8. @Patrick: Lol, et pourquoi pas une mini-bombe EMP pour désactiver les gadgets des gens agaçants dans un rayon de 10 mètres tant qu’on y est! 😉

  9. Salut,

    j’étais la semaine dernière avec Ayman Shamma http://research.yahoo.com/~shamma à Washington pour une conférence, et il m’a montré une démo de zonetag sur son mobile. Le téléphone est géolocalisé par les cellules GSM et propose automatiquement les tags correspondant aux photos flickr du même endroit GPS. En gros c’est similaire au collaborative filtering à la delicious…

    A propos de Dave Wiener, j’ai diné avec lui juste avant son passage à genève lors de la conférence ReBoot. Cette conférence danoise proposait de nombreux talks sur ces sujets là et autres caméra wifi, flickr-enhanced, géolocalisées, sociales, etc… La force de wiener c’est d’être sous les spotlights, bref d’être socially connected. Lors de cette conférence, il était présenté comme un demi-dieu, ayant révolutionné la manière dont les gens communiquent désormais dans le monde, un peu comme Tim Berners-Lee…

    C’est intéressant de voir quelle est la place pour ce genre de profils, qui récupèrent des idées qui sont développées par d’autres puis s’en attribut l’autorité (aux deux sens du terme). L’auteur moderne n’invente pas, il diffuse le concept. Peu importe le travail des personnes avant lui, le consommateur-geek s’identifie à cette personne qui est sous les spotlights. Bien des antécédants existent, je pense par exemple à Steve Jobs vs Alan Kay…

    Pour alimenter la discussion sur les capacités sociales des caméras, à la même table que Wiener et moi il y avait aussi l’excellent designer allemand Sascha Pohflepp qui présentait justement une caméra qui permet de prendre une photo prise par les autres http://www.blinksandbuttons.net/buttons_en.html et également de nombreux services de toothing comme par exemple http://wiki.roomwareproject.org/FlickrPickr qui diffuse sur flickr les photos des appareils dans la même cellule bluetooth. Pas très dur de faire le lien, plus dur de le rendre accessible au grand public, et c’est là que des gens comme Wiener ont une position unique.

    Bref, toutes ces idées sorties des brainstormings et autres conférences sur l’innovation sont très répandues… Oui, demain il y aura des ordinateurs partout, et tous les objets et êtres vivants seront connectés avec une adresse ipvXXX et on pourra se téléporter… Une fois qu’on a dit tout ça, qu’est ce qu’on en fait ? En architecture, souvent les gens distinguent les archis qui parlent de ceux qui construisent. Les plus légitimes sont ceux qui peuvent faire les deux. Dans le domaine des technologies, j’ai l’impression que c’est l’inverse…

    Un autre exemple criant de la tension entre pouvoir médiatique et réalité technologique est la fascination qu’entretiennent les journaux français pour les labos américains comme le Medialab du MIT ( je pense entre autres à internetactu 😉 Cette orientation m’étonne lorsque je vois l’excellent travail de la recherche européenne sur ces mêmes sujets (ERCIM par ex). Bien sur, les chercheurs européens communiquent moins, notamment en anglais, et c’est peut-être une de leur faiblesse mais il pourrait être intéressant parfois de les détailler également en parallèle de ces recherches anglophones.

  10. A travers cette volonté de partage, je vois une volonté d’exister. Une existance de fiction à l’image des personnages publicitaires.

    Je m’explique. Le monde idéal, et ses habitants, propagé par la publicité (tous médias confondus) nous forgent une image mentale d’un modèle de vie et d’existance. D’autant plus que, comme un héros ou un despote narcissique, un certain don d’ubiquité est possédé par ces avatars publicitaires. Ainsi, ceux-là et ceux-ci, en s’imposant au monde réel, nous font croire qu’ils sont aimés car présents à tous.

    Propager non pas notre image, mais notre action d’image au corps défendants d’autrui, c’est aussi montrer notre présence vivante, notre existance. On pourrait aussi crier: « Je suis là! » ou nous essayer à la trompette sur les quais de gare – par exemple ceux de Genève où chaque jour je suis.

    Déjà l’expo tous photographes! du musée de l’Elysée apportait des éléments de réponses. Je relate mon expérience de cette exposition sur mon site: http://marcol.ch

    Cela pourrait, bien sûr, s’assimiler à du spamming, non? Ou alors presque à du eye-dating?

    Mais un artiste, dès qu’il rend publique son art, existe au monde et non plus uniquement pour lui-même. Dès lors je ne suis pas étonné qu’une pareille action soit proposée par Dave Winer.

  11. Je découvre Zurfer, un projet de Yahoo Research comme ZoneTag qui permettrait de répondre à bien des interrogations de Dave Winer. Zurfer géolocalise seul les photos depuis l’antenne où est relié votre téléphone mobile. Il suffit d’envoyer la photo que vous avez prise pour qu’elle soit géolocalisée. Bien sûr, sur le même principe, vous pouvez accéder aux photos d’autres contributeurs envoyés depuis la même antenne…