Les Français veulent tracer les OGM, les Anglo-saxons les « malades », et la Chine les Chinois

A qui profite la traçabilité ? Du point de vue industriel, les gains sont d’abord et avant tout d’ordre logistique. Mais qu’en est-il des consommateurs, et de la confiance qu’ils accordent (ou non) aux produits qui leur sont proposés, et donc à leurs fabricants, et distributeurs ?

Le code à barres a 30 ansPeu connue du grand public, GS1 (Global Standard, « 1 » pour unique et universel) fédère quelque 30 000 entreprises en France (et un million dans le monde). Sa mission : accompagner « l’émergence de standards internationaux qui optimisent les échanges d’informations entre l’industrie et le commerce et simplifient la vie quotidienne des consommateurs« , et donc les codes-barres, étiquettes radiofréquence (RFiD) et autres EDI (Echange de données informatisé).

Dans une étude sur « la traçabilité perçue par les consommateurs des 5 continents » (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Australie, Afrique du Sud, Brésil, Chine et Russie), GS1 et l’éditeur de logiciels Trace One ont interrogé un échantillon représentatif de 4344 internautes, révélant les écarts de culture, et de perception, autour de cette notion de « traçabilité« .

La différence entre aliment et médicament ? Le dosage…

Ainsi, Français, Russes et Brésiliens s’intéressent tout particulièrement à l’alimentation, et plébiscitent la traçabilité de la viande, des produits laitiers, de la mer, frais et surgelés. La traçabilité des OGM est elle aussi considérée comme prioritaire par 66 % des Brésiliens, 59 % des Français, 55 % des Chinois, mais seulement 36 % des Britanniques, et… 19 % des Américains.

Les Anglo-saxons, moins sensibles à la notion de traçabilité alimentaire, plébiscitent plutôt la traçabilité du courrier, mais aussi et surtout celle des « personnes dépendantes ou dangereuses » (65 % des Britanniques, 57 % des Américains et 58 % des Australiens, contre 43 % des Chinois, 42 % des Français, et… 26 % des Russes).

Comme le résume le Crédoc, dans son analyse (.pdf) de l’étude :

« Pour les Américains et les Britanniques, l’aliment et le médicament se situent sur un continuum, l’aliment est pensé en termes biochimiques et apparaît donc comme un composé ou une association de macro et micro nutriments. Il n’y a plus de différence entre l’aliment et le médicament, si ce n’est une différence de dosage. Par contre pour le Français, le médicament est associé au chimique, donc à l’artificiel, donc au toxique (…) En France, la tradition garantit le bien manger, dans les pays Anglo-Saxon, c’est le choix individuel, sur une base scientifico-médicale. »

Les Français sont plus effrayés que les autres

A la question de savoir qui se portera garant de la traçabilité d’un produit, 73 % des Russes et des Américains citent les fabricants, et 55 % des Français et des Brésiliens les pouvoirs publics. 92 % des Chinois font confiance aux supermarchés, mais seulement 50 % des Français.

Bracelets RFID

Les risques les plus importants ? Le coût (62 % des sondés), les contraintes pour les fabricants (53 %) puis le fait de « vivre dans une société où tout est contrôlé » (51 % de l’ensemble des sondés, mais 60 % des anglo-saxons). Les internautes, étant invités à donner 3 réponses possibles, redoutent également, à 34 %, le fait que « tout sera fiché dans d’immenses bases de données » ainsi que, pour 28 % d’entre-eux, le « climat de peur, de paranoïa » que cela va créer.

Globalement, les sondés sont 60 % à penser que la traçabilité représente des avantages, mais qu’elle devrait être contrôlé, 28 % qu’elle devrait être développé, et 12 % à en être effrayé. Là encore, les différences culturelles se précisent : 28 % des Français se disent effrayés, contre 9 % des Russes, et 2 % des Chinois.

La Chine, championne olympique de la RFiD

19 % seulement des sondés ont entendu parler de la RFiD, encore que les chiffres soient faussés par le taux de réponse des Chinois. En effet, seuls 5 % des Britanniques et des Russes, et 7 % des Français savent de quoi il s’agit, contre… 73 % des Chinois !

Chinese Babies Issued ID CardsLa raison est probablement à chercher du côté du fait que la Chine a décidé de généraliser l’utilisation de puces RFiD dans ses relations commerciales et process industriels (ne serait-ce qu’au regard des scandales, notamment alimentaires, répertoriés ces dernières années), mais aussi, voire surtout, du fait qu’elle a dépensé, l’an dernier, 1,65 milliard de dollars dans le plus grand projet RFiD recensé à ce jour dans le monde : doter 300 millions de Chinois de cartes d’identité RFiD, à l’approche des JO de Pékin.

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