Limites et espoirs des systèmes de gestion de l’information personnelle

A l’occasion de la conférence CHI 2008 sur les interfaces hommes-ordinateurs, qui vient de se tenir à Florence (Italie), Luca Chittaro (blog), professeur en science de l’informatique à l’université d’Udine, a publié plusieurs passionnantes interviews de chercheurs dans Nova, le supplément innovation du journal Sole 24 Ore, rapporte Putting People First.

Dans un premier entretien, Jaime Teevan de Microsoft Research et William Jones, de l’université de Washington, auteurs du Management de l’information personnelle, et animateurs d’un atelier sur ces questions, évoquent les limites actuelles des outils de gestion de nos informations personnelles.

L’information qui était jusqu’à présent surtout conservée sous une forme papier est désormais éclatée sur plusieurs supports, dans plusieurs formats et isolée dans des applications et des objets multiples, expliquent les chercheurs. Une simple action, comme répondre à un e-mail, nécessite une requête qui peut entraîner une cascade d’opérations consommatrices de temps, des processus générateurs d’erreurs qui requièrent d’intégrer l’information depuis une collection distribuée de support : papier, électronique, e-mail, pages web… Au final, il arrive qu’on ne parvienne pas à trouver ce que l’on cherche, même si on est sûr de l’avoir quelque part.

« Dans un monde idéal, tout le monde devrait pouvoir trouver la bonne information, dans le bon format, avec le bon contexte, juste quand on en a besoin. Hélas, on ne vit pas dans un tel monde », ironisent les chercheurs. D’où l’idée de cet atelier qui s’intéresse aux façons dont les gens gèrent, stockent et traitent les masses d’information qui submergent leurs sens et leurs systèmes.

Selon les auteurs, les défis de l’écologie de l’information supposent de dépasser 3 limites :

  • La fragmentation. Nos informations sont dispersées entre différents objets, différents comptes d’accès et différentes applications. Une personne travaille sur plusieurs ordinateurs, dispose de plusieurs comptes e-mail et travaille parfois à différents endroits. Cette fragmentation pose des problèmes pour retrouver l’information (car les gens doivent chercher dans plusieurs endroits ou oublient qu’ils ont une information adaptée en leur possession), ainsi que pour l’organiser et la conserver (la fragmentation force la séparation dans des silos d’informations distincts).
  • La protection. Les gens ont besoin de gérer non seulement l’information à laquelle ils ont un accès direct, mais aussi l’information que les autres peuvent acquérir ou ont déjà. La facilité avec laquelle l’information personnelle peut-être enregistrée et transmise sous forme électronique crée de nouveaux problèmes de respect de la vie privée. Une meilleure protection ne dépend pas seulement de meilleures lois ou de l’amélioration des technologies de sécurité, expliquent les chercheurs, mais dépend surtout d’interfaces utilisateurs qui communiquent clairement sur les préférences de chaque individu et les attentes des organisations qui collectent des données.
  • La gestion. L’étude des systèmes de gestion de l’information personnelle ne peut réussir si on considère seulement la gestion personnelle d’une manière isolée par rapport aux multiples groupes avec lesquels elle interagit. Il faut apprendre à gérer l’information entre les individus et les groupes.

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Plusieurs projets évoqués par les chercheurs tentent de s’attaquer à ces problèmes. TapGlance (vidéo), de Dan Robbins chercheur à Microsoft, aide les gens à interagir avec leur information sur des outils mobiles qui présentent l’information en provenance de différentes sources d’une manière unifiée. Feldspar (.pdf) (video), de Duen Hong Chau, Brad Myers et Andrew Faulring de l’Institut des interactions Hommes-machines de l’université Carnegie Mellon, est un système de recherche qui simplifie les requêtes en utilisant des associations d’idées. Il permet par exemple de faire des requêtes telles que « trouve le dossier qui contient le fichier attaché de la personne que j’ai rencontrée à tel atelier », plus facile à formuler que de retrouver le sujet ou le nom des personnes que l’on a croisées.

A côté de ces recherches, il y a aussi des discussions pour mieux comprendre les défis auxquels les gens sont confrontés quand ils travaillent avec leur information personnelle. Sergey Chernov, chercheur au laboratoire Allemand LS3 travaille à un système d’analyse de logs, ou traces des échanges en ligne (.pdf), pour mieux comprendre et révéler au groupe les interactions entre les gens et leurs informations.

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  1. A mettre également en relation avec le web sémantique, ou plutôt les technologies relatives qui s’insèrent dans des projets très intéressants comme Nepomuk (http://nepomuk.semanticdesktop.org/), un bureau « sémantique »… qui s’attache notamment à conserver des informations qui se perdent trop facilement (« ce fichier était joint à cet e-mail », « ce fichier m’a été envoyé par », etc.).