Un téléphone mobile GSM doté d’un seul bouton pour contacter sa famille ou les urgences. Des « maisons vill’âges pour seniors, « résidences intelligentes » truffées de capteurs de fumée, de mouvements, de caméras et de micros leur permettant de bénéficier d’une surveillance médicale personnalisée. Une Machine intelligente autonome (Maia) qui, afin de prévenir la chute des personnes âgées, analyse leur « signature de marche » en parsemant leurs logis de caméras de télésurveillance.

Télésanté 2008Cela fait des années que l’on parle de la télémédecine, sans trop savoir ce qui relève encore du prototype de ce qui se fait en réalité. Télésanté 2008 (.pdf), organisé en mars dernier par le Club des acteurs de la télémédecine (Catel), a réuni, par visioconférence interposée, quelques 700 conférenciers dans 6 pays -dont trois en Afrique.

Ainsi apprend-on que 400 patients souffrant d’hypertension sont suivis par téléconsultation à l’hôpital Georges Pompidou (2700 l’on été en tout depuis 5 ans). Et qu’en trois ans, 3000 avis neurochirurgicaux par télémédecine ont été donnés au profit des 7 hôpitaux civils varois, permettant d’éviter 80 % de transferts inter-hospitaliers. Les économies (en terme de moyens humains, matériels et financiers) réalisées sont d’autant plus importantes que les neurochirurgiens impliqués dans ces téléconsultations, qui représenteraient de 20 à 25 % de l’activité, le font encore « à titre gracieux »

Des « trousses numériques »…

Kit SOSLe Kit SOS, une « trousse d’alerte numérique d’aide au diagnostic à distance », se décline quant à lui de la valisette à la camionnette. Lancé en octobre 2007 et composé d’un ordinateur portable doté de « capteurs biomédicaux« , il se propose « d’offrir à tous, spécialistes de la santé ou non, les technologies de premier diagnostic, jusqu’alors réservées aux seuls professionnels de santé, grâce à la télémédecine » : électro-encéphalogramme, « radiologie de base », biochimie (analyse de sang, d’urine, etc.).

Loin d’être seulement un gadget pour hypocondriaques aisés (la gamme va de 18 500 à 25 000 euros), il s’agit aussi de pouvoir « pallier au manque de personnel soignant et désengorger les services hospitaliers, notamment ceux des urgences (et de) désenclaver les zones isolées (et) rurales ». Kit SOS se plaît d’ailleurs à rappeler que l’idée du projet est né au Sénégal, suite à la première « échographie dynamique » d’une femme enceinte effectuée, de façon expérimentale, par Ghislaine Alajouanine, alors présidente de la Force d’intervention sanitaire satellitaire autoportée (FISSA), .

Dans ce district enclavé à 800 km de Dakar, les premières expériences conduites en 2002 avaient « clairement montré que, sans le diagnostic du spécialiste grâce à la télééchographie, deux à trois de ces femmes en moyenne présentaient un risque sanitaire grave, voire vital, à très court terme pour elles-mêmes et/ou l’enfant qu’elles portent ». Au total, la « force d’intervention composée de « Galavans » (véhicules tout terrain équipés d’installations autonomes de radiologie, de télédiagnostic, mini-laboratoire et de soins » espérait pouvoir « contribuer au sauvetage sanitaire d’environ 600 vies humaines », sur un bassin de 50 000 personnes, lors du tsunami de 2004.

Ghislaine Alajouanine se plaît à rappeler que « les deux causes essentielles de la pauvreté sont l’ignorance et l’isolement », deux maux que les nouvelles technologies, et notamment la télémédecine, seraient à même de combattre. Et, de même que la démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE) participe de la protection de la planète, elle revendique aujourd’hui le concept du Haute Sécurité Santé (HS2), pour « protéger le patrimoine humain ».

…aux vêtements anti-infarctus…

Le futur de la télésanté, selon Pierre Traineau, directeur du Catel, interviewé par Ouest France, se jouera entre télédiagnostics et télésurveillance, robots (pour opérer à distance), et téléphonie mobile (« on peut tout faire avec : prendre des photos d’une plaie, réaliser une vidéo, et les transmettre, et même discuter en visioconférence ! »).

Autre piste prometteuse : les capteurs introduits dans l’environnement, ou encore les vêtements : « il est aujourd’hui possible de détecter un infarctus chez une personne trois-quart d’heure avant qu’elle ne s’en rende compte. Aux États-Unis, 1 500 personnes bénéficient de ce service ».

Biotronik

Biotronik propose de son côté un système de télécardiologie permettant aux cardiologues de connaître, à tout moment, sur l’internet, par fax, e-mail ou SMS, la situation cardiologique de leurs patients, mais aussi de surveiller l’état de leurs implants et donc de détecter d’éventuels problèmes de déplacement, d’isolation, ou de déconnexion, mais aussi d’envoyer un électrochoc afin d’éviter le risque de mort subite d’origine cardiaque due à la fibrillation ventriculaire.

Biotronik est loin d’être la seule société à proposer ce type de défibrillateur implantable, qui existe depuis 1980. Le Figaro rappelait ainsi qu’en France, « 6500 patients à haut risque de mort subite sont équipés d’un (tel) «petit bijou technologique» ».

Incontinence - Medtronic« Leader mondial du stimulateur cardiaque », Medtronic propose d’autres types d’implants délivrant des chocs électriques : neurostimulation afin d’empêcher le signal de la douleur d’atteindre le cerveau, pour les patients souffrant de douleurs chroniques, « stimulation cérébrale profonde » des victimes de la maladie de Parkinson, ainsi qu’un pacemaker de l’incontinence pour soulager les troubles urinaires et fécaux.

MedtronicDans sa vision pour 2010, Medtronic estime que les « produits implantables à base de microprocesseur » vont « radicalement transformer les systèmes de santé au cours de ce nouveau siècle », pour trois raisons :

  • 1. La participation de plus en plus active du patient et du consommateur comme acteurs de décision : (…) éduqués par l’abondance des informations qu’ils obtiennent via l’internet, les gens exigent aujourd’hui de jouer un rôle plus important en ce qui concerne la gestion de leur propre santé ainsi que celle de leurs proches. (…) Ils prendront davantage leurs responsabilités pour une meilleure gestion de leur santé et assumeront probablement une responsabilité financière plus importante.
  • 2. La révolution informatique du 21e siècle va transformer la façon dont les médecins effectuent leurs diagnostics et traitent leurs patients souffrants de maladies chroniques. De nombreux produits possèdent d’ores et déjà la capacité de fournir des informations nombreuses et pertinentes qui lient déjà ces patients à leurs spécialistes (…) et vont transformer certaines méthodes de travail des médecins ainsi que le suivi de leurs patients.
  • 3. L’exercice optimisé de la médecine combinera à l’avenir les interventions chirurgicales traditionnelles avec de nouvelles thérapies basées sur l’utilisation des courants électriques, les traitements biologiques et l’emploi des techniques les plus innovantes de l’informatique.

… au chausson de surveillance de bébé

BBA DAPrésenté comme un dispositif léger et moins invasif que les outils de monitoring classiques, BBA, le chausson « qui surveille bébé », vise quant à lui à favoriser le « rapprochement mère-enfant par le contact peau à peau en limitant les dispositifs filaires ». Sa « semelle électronique », reliée par radiofréquence à des dispositifs d’alertes portatifs, mesure le pouls, la fréquence cardiaque, ainsi que l’activité des nouveaux-nés afin de « prévenir les risques de retournements ».

Comme le reconnaissait Pierre Traineau à Ouest France, « ces nouvelles potentialités font peur à de nombreux citoyens, mais aussi à des professionnels. Mais les avantages sont réels et cela mérite réflexion ».

D’autant que, comme le remarquait le député (UMP) Georges Fenech, auteur d’un rapport parlementaire sur le bracelet électronique, ce type de dispositif « de confort » a aussi des incidences psychologiques, mais aussi politiques, qui vont bien au-delà de ce qu’ils sont censés faciliter :

« J’ai entendu des condamnés à la surveillance électronique dire : «J’en ai marre, je préfère retourner en prison.» C’est très lourd à porter psychologiquement, beaucoup plus lourd que l’enfermement… La nature humaine est ainsi, on ne peut pas rester sous surveillance en permanence, avec le risque constant d’enfreindre ses obligations. Psychologiquement, le condamné ne peut plus se soumettre. Ce n’est pas une question de souffrance ou de torture morale, nous ne sommes pas sur ce registre, mais de capacité, pour un individu normalement constitué, à supporter sa situation. Dans une prison, il y a une prise en charge, il y a des surveillants qui rappellent la loi, le règlement. Avec la surveillance électronique, le condamné doit s’autodiscipliner. A un moment, il ne sait plus gérer cela. »

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