Facebook-Edvige, les rapprochements hasardeux

Dans une tribune parue dans Libération et intitulée « Edvige-Facebook, les liaisons dangereuses », l’avocat Vincent Dufief situe sur le même plan le fichage policier préventif qu’opère le fichier Edvige, et le dévoilement volontaire d’informations intimes par les internautes sur leurs blogs ou sur des « sites sociaux » tels que Facebook :

« Grave constat que celui d’une génération qui, appâtée par la facilité avec laquelle on peut exister grâce à Internet, sacrifie volontairement une liberté aussi importante que sa vie privée. N’était-ce pas la période propice pour lancer Edvige, sachant que l’opinion publique était comme anesthésiée ? »

Pourtant, la concomitance entre Edvige et Facebook, la similarité de certaines des informations (notamment les préférences politiques) qu’ils exploitent, ne suffisent pas à démontrer leur équivalence. Edvige est la dernière manifestation en date d’une tendance policière aussi ancienne que les fiches cartonnées et qui saisit chaque occasion pour grignoter du terrain ; les pratiques sociales sur l’internet émergent et s’approfondissent depuis un petit nombre d’années et fournissent aux individus des moyens nouveaux d’affirmer qui ils sont, d’étendre et d’exploiter leurs réseaux relationnels, de bâtir leurs projets. Edvige stocke par principe de soupçon, sans nous demander notre avis ; les individus en réseau font des mêmes informations « sensibles » (et de bien d’autres qui le sont souvent moins) un usage stratégique, pour se construire eux-mêmes dans la relation aux autres, pour apparaître au monde sous un jour qu’ils auront au moins partiellement choisi.

Du point de vue qui compte, celui des individus, de leur liberté et de leur autonomie, tout oppose donc les deux démarches !

Mais on ne peut voir ces différences si l’on se contente de sacraliser l’idée de « vie privée », dans une définition historiquement datée et géographiquement située (en Occident).

L’article de Vincent Dufief exprime en fait la perplexité de ceux qui tentent d’assurer la protection de la vie privée (telle qu’elle est définie, pour simplifier, dans la loi « Informatique et libertés » de 1978) face à la disjonction entre les principes qu’ils défendent et les pratiques sociales réelles. Ce phénomène de disjonction est tellement constant qu’il a reçu un nom, celui de « privacy paradox » (paradoxe de la vie privée) : alors qu’ils s’affirment, enquête après enquête, de plus en plus inquiets du fichage numérique généralisé, les individus connectés divulguent sans cesse plus librement, voire plus joyeusement, les informations qui les concernent.

Pour de nombreux militants ou spécialistes, cela ne peut ressortir que de l’inconscience ou de la tromperie : l’ado de 15 ans qui est, selon Vincent Dufief qui se trompe sur ce point, l’utilisateur type de Facebook, ne peut pas savoir à quoi il s’expose, d’autant qu’il n’a pas lu des conditions d’utilisation en effet illisibles.

Et si, au contraire, il le savait fort bien, sans avoir besoin de lire le manuel ? Et si, à l’époque des réseaux, l’enjeu était de passer d’une approche de la vie privée conçue comme une sorte de village gaulois – entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de déborder de ses propres frontières – à la tête de pont, que l’on défend certes, mais qui sert d’abord à se projeter vers l’avant ?

Il n’y aurait pas alors de « paradoxe », mais un changement profond du paysage, des pratiques, des aspirations, auquel nous ne savons pas encore répondre.

Si tel était le cas, alors nous devrions repenser assez profondément l’édifice juridique et politique qui relie la « vie privée » aux libertés individuelles et collectives. Pour ce faire, les spécialistes et militants issus de la tradition « informatique et libertés » doivent à la fois informer (voire alerter) les nouvelles pratiques, mais aussi s’y intéresser sincèrement, ce qui n’est pas suffisamment le cas. En appelant les pratiques à rejoindre les concepts, plutôt qu’au dialogue entre les deux, on se condamne vraisemblablement à l’inefficacité.

Esquissons quelques pistes qui pourraient émerger de ce dialogue.

La protection « par défaut » de certains éléments de la vie privée, qui demeure nécessaire, pourrait se compléter de dispositifs de « maîtrise », plus complexes et mouvants, qui permettraient aux individus – dans des limites à redéfinir – d’organiser à leur manière ce qu’ils veulent défendre, ce qu’ils veulent exposer et ce qu’ils sont prêts à négocier. Au lieu de les pousser à se cacher, ces dispositifs aideraient par exemple les individus à négocier ce qu’ils vont laisser savoir d’eux-mêmes (et en échange de quoi), mais aussi se déguiser, à mentir de manière crédible, à disparaître momentanément, ou encore à dissimuler l’information pertinente sous des masses d’informations aléatoires. A organiser stratégiquement l’opacité, plutôt qu’à la considérer comme acquise.

Les protections collectives publiques, qui restent elles aussi indispensables, se complèteraient également d’outils collectifs destinés à « surveiller les surveillants » (à commencer par l’Etat), à dénoncer publiquement les pratiques délétères – jusque, pourquoi pas, aux class actions. Plus sûrement que l’action publique, c’est la pression des internautes qui a récemment contraint Facebook à renoncer à certains projets d’exploitation des informations personnelles dont il dispose.

Cette nouvelle architecture associant protection et maîtrise « active » n’émergera pas toute seule. Il y a des recherches à entreprendre, des idées à explorer, des innovations à tester ou promouvoir, des débats à mener. Mais il faut s’engager sur ce chemin.

Daniel Kaplan

Ce billet est issu des travaux (en cours) d’un groupe de travail « Informatique & libertés 2.0 ?« , réuni dans le cadre du programme « Identités actives » de la Fing.

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0 commentaires

  1. Le « privacy paradox » me semble un joli paradoxe – un peu creux comme beaucoup de paradoxes – qui oppose tout de même 2 réalités qui n’ont rien à voir. Notre fichage généralisé et notre appétence à trouver des modalités d’échange avec d’autres. Comme tu le dis Daniel, d’un côté, on parle d’une information sur nous que nous ne maitrisons en rien, de l’autre d’un système où nous avons des moyens d’action. C’est, me semble-t-il, un peu comme comparer le spam et le mail et dire, parce qu’ils nous arrivent tous deux dans nos boites aux lettres, que c’est la même chose. Paradoxe facile…

  2. Hubert, je suis d’accord, mais ce n’est pas moi qui ai créé cette expression. Peut-être en effet le paradoxe n’en est-il un que pour les spécialistes du sujet (il ne l’est pas pour les utilisateurs), et parce qu’on se fixe sur la nature des données (dans les deux cas il s’agit de données personnelles potentiellement sensibles) et pas sur la motivation et le sentiment de contrôle.

  3. Je ne suis pas convaincu, vraiment pas. Je crois plutôt que c’est avec des «si..» que l’on fait des rapprochements hasardeux. Sans doute les orientations des deux démarches sont inversées, mais la seconde fait le lit de la première.

    Voir à ce sujet le dernier billet d’Affordance :
    Bureau d’enregistrement des anomalies numériques publiques.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2008/09/bureau-denregis.html

    Ou, par ailleurs, un extrait d’un compte-rendu d’une réunion récente à laquelle j’avais assisté :
    «D’un côté mon collègue de l’université de Montréal, Pierre Trudel, insistait sur l’autodiscipline, la nécessité de préserver la transparence et la possibilité d’accès aux informations, trop d’encadrement risquant d’être « liberticide ». De l’autre, le représentant français de la CNIL rendait compte de l’avis unanime du groupe de travail des 29 membres de l’Union européenne sur les problèmes posés par la collecte des données privées par les moteurs de recherche.

    Opinion on data protection issues related to search engines, 00737/EN WP 148, adopté le 4 Avril 2008. Pdf

    Un certain nombre de propositions sont faites dans ce document, dont celle, centrale, d’obliger les moteurs à ne garder pas plus de 6 mois les données privées collectées. La vieille Europe, qui dans son histoire a pu mesurer le danger de l’utilisation par des États totalitaires de listes permettant de classer les personnes, n’a à l’évidence pas eu beaucoup de mal à se mettre d’accord sur ce document de 29 pages. L’Amérique du nord, qui développe des industries fondées sur la traçabilité des comportements, souligne au contraire les déplacements qui s’opèrent dans la notion de vie privée et insiste l’inéluctabilité de la publicisation d’une part plus large de ce qu’on appelle encore aujourd’hui la vie privée et donc sur l’évolution des comportements et des mentalités. (..)

    Bien des évènements du numérique peuvent se lire au travers de cette dialectique entre deux mondes. Il n’est pas surprenant que les anciens se rebiffent devant les insolences des nouveaux et qu’inversement ces derniers s’impatientent des frilosités des premiers. L’idéal serait de pouvoir allier l’audace et la sagesse, en effaçant l’ignorance et la sclérose. En attendant, il y a eu au moins un point d’accord unanime dans la journée : l’urgence de mettre en place une vigoureuse action éducative pour que la génération qui vit l’émergence d’un nouveau média n’en subisse pas à terme les dangers d’une utilisation imprudente du fait de son incapacité à l’oubli.»
    voir ici :
    http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/2008/05/18/483-nouveau-et-vieux-mondes

  4. Je ne comprend pas bien la comparaison entre Edvidge et Facebook.

    Facebook: l’individu décide de son plein grès de rendre publique certaines informations personnelles (et de fait non privée)

    Edvidge: l’état enquête et réuni des informations privées sans que l’individu ne soit consulté

    Je comprend le questionnement soulevé dans cet article, mais je considère que l’on est VICTIME d’Edvidge, alors qu’avec Facebook, c’est différent.

    A noter : Edvidge est condamné par de grandes organisations défendant la liberté. Facebook ne fait pas de vague de ce coté là.

  5. Pas d’accord avec toi, Daniel, sur le caractère hasardeux de ce rapprochement, même si tu as raison de soutenir la nécessité d’un changement de posture et d’une nouvelle architecutre favorisant la maîtrise.
    J’ai tendance à suivre le raisonnement de Vincent Dufief. Nous ne sommes pas dans le monde de Bambi, mais dans un contexte de rapports de force dans lequel une partie substantielle des citoyens et usagers ne comprend pas ce à quoi elle est exposée et comment les informations qu’elle livre aujourd’hui peuvent être exploitées demain.
    Je crois volontiers que de nouvelles barrières sont chaque jour enfoncées faute d’une opinion publique suffisamment résistante; et que Facebook est l’un des lieux de désarmement de nos vigilances, qui amène à un autofichage. Heureusement que notre république est au-dessus de tout soupçon, qu’elle n’a jamais croisé de fichiers ni procédé à des écoutes téléphoniques, que banques et employeurs ne font aucune discrimination en fonction de l’état de santé, de l’origine, des préférences politiques ou sexuelles. Heureusement que les acteurs du commerce et des services sont, eux aussi, irréprochables. Et que les robots qui lisent nos e-mails pour nous proposer de la publicité sont contrôlés efficacement par des dragons de vertu.
    Notre législation informatique et liberté va jusqu’à protéger les individus contre leur propre crédulité ou contre les influences qu’ils peuvent subir, parce qu’elle est née de l’inquiétude face au trafic possible de données de santé, face aux risques encourus par les personnes âgées ou vulnérables. La culture des libertés individuelles s’y est plutôt enrichie qu’appauvrie, et il y a eu des périodes de prise de conscience. Facebook contribue, en constituant une norme de socialisation, à faire reculer cette conscience puisque nous nous y auto-fichons. Dès lors qu’il y a fichiers informatiques et réseaux, il y a un rapport du fort au faible où le faible ignore ou sous-estime souvent sa faiblesse, et la puissance de calcul et l’ingéniosité dont il est la proie. Edvige nous rappelle qu’il y a lieu d’être vigilants, et ne doutons pas que Facebook et les autres formes de notre mise en ligne personnelle faciliteront la vie des edvigiles de demain.
    Je pense résolument qu’il y a d’abondants gisements d’innovation pour tous ceux qui veulent proposer aux citoyens et usagers les outils de leur maîtrise.
    Et qu’en tout cas, ce type de « controverse » est bien nécessaire aujourd’hui.

  6. Edwige relève de l’antique « perspective spatiale », celle relative aux concepts de territoire, de nation, d’ordre public…

    Facebook relève d’une « perspective temporelle » née il y a deux siècles qui trouve aujourd’hui comme points de fuite les serveurs de Google, Facebook et autres.

    Ce qui rend Edwige et Facebook comparables est précisément cette notion de perspective, ce qui permet de discuter des caractères de légitimité des représentations sociales qu’ils mettent en place.

    Visiblement, l’un et l’autre posent problème, mais à ma connaissance personne n’a jamais fait de reproche à Wikipédia en matière de vie privée bien que ses serveurs stockent aussi beaucoup de données personnelles… Si c’est le cas, c’est que les modèles de l’Etat et de l’entreprise capitaliste vivent des crises de légitimité. Et ces crises ne sont peut-être rien en comparaison avec celles qui pourraient émerger des nouveaux modèles de représentation sociale issus de la « perspective numérique » qui tend à se mettre en place avec l’Internet des objets, les nano- et biotechnologies (je sais DK, tu n’est pas d’accord sur le dénomination de cette perspective 😉 )

    Bref, comment combattre l’enfermement promis par tout cela, par exemple :
    1) justement par la mise en « perspective » et la pédagogie…
    2) par la dérision, cf. le Club des Naturistes Numériques de Facebook 😉
    3) par l’invention de nouveaux modèles de représentation sociale aussi légitimes que possible en regard de la troisième perspective (le terrain des deux premières est mort, ce n’est même plus la peine de s’y intéresser, cf. GAME OVER, changeons l’Internet. http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40935 )

  7. A mon humble avis, le rapprochement Facebook / Edvidge / Wikipédia n’est pas valable. Edvidge n’est pas du tout une problématique informatique. Si ce fichier était réalisé sur papier, le problème du fichage resterai le même. Par contre les problématiques de Facebook comme celles de Wikipédia sont liées à la dimension donnée par internet.

    Il y a pourtant bien un lien entre Facebook et Edvidge, mais il n’est pas évoqué dans cet article 😉

  8. A JM Salaun (message personnel : et j’écris cette réponse depuis… Montréal !) : Mais c’est précisément au dialogue auquel tu fais allusion que j’appelle.

    Je pousse sans doute le bouchon un peu loin en disant que l’ado Facebookien (ou plutôt Myspacien) sait parfaitement ce qu’il fait quand il dévoile son orientation sexuelle et d’autres informations très personnelles – mais je pense qu’il est également difficile de prétendre qu’il n’a aucune idée de ce que cela implique, pour aujourd’hui et pour demain. Beaucoup d’enquêtes démontrent le contraire.

    Que pensions-nous, nous, adolescents et jeunes adultes, quand nos parents nous expliquaient qu’on ne pouvait pas comprendre les conséquences de nos actes – « Tu comprendras plus tard » ?…

    C’est pourquoi je crois que nous devons à la fois protéger (c’est ou ce devrait être le rôle de lois du type « Informatique & libertés », face par exemple à des dérives graves telles qu’Edvige) ET outiller (techniquement, intellectuellement, socialement…).

    Mais l’outillage dont il est question ne peut plus du tout se limiter à une explication des dangers que l’on court. Il doit être un outillage stratégique, qui permet d’exploiter (voire de détourner ou de retourner) à ses propres fins les systèmes à base de données personnelles. C »est subtil et casse-gueule, mais je crois que dans le cas contraire, nos protections ressembleront vite à une ligne Maginot.

  9. Ok Florence, je développe …

    > »Edvidge n’est pas du tout une problématique informatique. Si ce fichier était réalisé sur papier, le problème du fichage resterai le même. »

    J’entends par la que le problème est de ficher les individus et de les cataloguer pour leur propension à défendre certains points de vue. On catalogue ainsi les individus notamment selon leur idées politiques et religieuses, mais aussi leur orientation sexuelle, leur adhérence à des mouvements alternatifs … a mes yeux, cela met en danger les libertés individuelles.

    « Par contre les problématiques de Facebook comme celles de Wikipédia sont liées à la dimension donnée par internet. » Les clubs d’amis et les potins ont toujours existé, mais placé sur internet leur intérêts et inconvénients prennent des dimensions hallucinantes. Quand les piliers d’un bar traitent leur maire d’alcoolique, c’est grave … mais quand il le font sur le web, cela peut avoir des conséquences imprévisibles !

    « Il y a pourtant bien un lien entre Facebook et Edvidge, mais il n’est pas évoqué dans cet article » … je ne développe pas volontairement cette idée. Il y a un lien, c’est vrai mais cet article est pour moi une simple polémique et je ne veux pas étoffer cette polémique avec des arguments que je juge valable … Désolé pour le manque de partage sur ce point, mais je pense que comparer Facebook et Edvidge tel que c’est fait ici peut nuire aux mouvements qui entendent lutter contre Edvidge. C’est comme comparer de la drogue dure avec de l’alcool : on se dirait alors « bon si c’est pas plus dangereux que de l’alcool, c’est pas bien grave ». Hors la création du fichier Edvidge est très grave. Très très grave.

  10. Merci aux « Oliviers » ! 🙂 en particulier

    – ocarbone pour cette précision : je comprends mieux le sens de ton propos…l’amalgame amoindri la perception de la gravité, c’est certain !

    – olivier Aubert pour ce complément…faites-vous partie de la quadrature du net et si oui (il me semble bien que oui) quels sont les projets d’engagement et d’action pour ce collectif sur ces questions ? (et oui c’est bien Florence ! 🙂 )

  11. non je n’en fais pas partie mais je soutiens cette cause comme quelques autres. La bataille juridique pied à pied a ses virtuoses. Je n’en fait partie. Je rumine plutôt le coup d’après, si un jour il nous est donné de le jouer.

  12. A Olivier Aubert :Le code de fuite me semble tellement déconnecté de la vie des gens ?…ou sont les gens et leurs vies là dedans ?

  13. Olivier Auber (sans T): aujourd’hui peut-être mais le jour où se créeront sur 23andMe des communautés de personnes partageant les mêmes caractères génétiques, ça va devenir concret, et cela pourra même être compris comme vital! (j’analyse, je n’en fait pas la promotion).

  14. Ah justement JF Marchandise, j’allais y venir : existe-t-il aujourd’hui des outils qui permettent au citoyen lambda de fixer des limites aux « pour qui et pour quoi faire » ?

    Manuel Vila réfléchit dans ce sens
    http://apprendre2point0.ning.com/video/video/show?id=945551%3AVideo%3A29775

    y-a-t-il d’autres pistes, des outils opérationnels ?

    D’accord avec vous sur la dimension information-formation des citoyens en la matière…mais il faut bien avouer que les supports accessibles sont rares en la matière ! Ce n’est pas faute de chercher…Merci d’ailleurs à Manuel Vila de s’être lancé car ça représente un énorme travail !

  15. Certains groupes Facebook ne manquent pas d’humour : « Soulagez l’administration : remplissez vous-même votre fiche Edvige ! »
    http://www.new.facebook.com/group.php?gid=27492194911
    (On est en plein dans le débat !)

    Pour rebondir sur les propositions de Daniel et du groupe de travail, l’initiative de ce groupe Facebook offre matière à des innovations à débattre. Par exemple :
    — un générateur automatique d’erreur dans mon profil Edvige public
    — un coach automatique d’obfuscation me conseillant d’avouer aujourd’hui des préférences sexuelles pour mieux les désavouer demain
    — un générateur quotidien de couleur de peau aléatoire

    Plus largement, la puissance collaborative du web peut conduire aussi à des réalisations intéressantes. Au-delà des cas cités par Daniel (reculs de Facebook, etc.), on peut imaginer sans doute encore bien des choses :
    — faux-profils ‘honey pot » permettant de piéger les organisations indélicates
    — class action virtuelles
    — extension des mécanismes anti-phishing des navigateurs au domaine du respect de la vie privée
    etc.
    Alors ? il y a des amateurs pour bosser là dessus ?

  16. @ Daniel @Charles: pourquoi toujours penser en terme de mesure et de contre mesure technologique. On se croirait dans l’industrie de l’armement!

    S’il se trouvait qu’elles fassent tache d’huile, les initiatives des Naturistes Numériques et des Gentils Citoyens Ligués Pour Faciliter l’Administration d’ Edwige pourraient faire des ravages. Le rire n’est-il pas une arme de destruction massive de la connerie humaine?

  17. Comme quoi Facebook, Edvige, et même les échanges P2P ont un rapport, voyez ce que je viens de recevoir d’un membre d’une association « Parents pour la Société de l’Information et de la Communication » (PSICO) !!!

    Lettre ouverte au Président de la République Nicolas Sarkozy

    Nous nous permettons de nous adresser à vous à la veille de l’adoption par le Parlement de la loi dite ‘Paquet Telecom » pour soutenir votre politique de la manière la plus vigoureuse.

    Etant parents de jeunes consommateurs, nous faisons comme vous le constat que l’Internet devient une zone de non-droit et qu’il convient d’y mettre de l’ordre. Tout doit être mis en oeuvre afin que nos enfants respectent les oeuvres protégées par le droit d’auteur et ne nuisent en aucun cas aux intérêts des artistes, des industries culturelles, des opérateurs de télécommunications et des investisseurs qui sont la source même du progrès économique de notre pays.

    Aussi nous soutenons les mesures promulguées par le projet de loi:

    1 – Mise en place par les industriels et les opérateurs de télécommunication d’une police privée dotée de moyens de surveillance du réseau adaptés à la menace qu’ils subissent.

    2 – Généralisation sur tous les ordinateurs personnels des citoyens français de logiciels d’écoute permettant à cette police de vérifier à distance la légalité des usages.

    3 – Encouragement de la diffusion de dispositifs anti-copie sur tous les produits numériques et pénalisation de auteurs de logiciels qui pourraient permettre de les contourner.

    4 – Rappel à l’ordre des contrevenants par un courriel d’avertissement suivi de mesures graduelles de répression par les agents de l’Etat.

    5 – Pénalisation des auteurs de logiciels permettant éventuellement l’échange non sécurisé d’oeuvres soumises au droit d’auteur.

    En tant que parents responsables, nous avons décidé de nous mobiliser, non seulement pour montrer à nos enfants le bienfondé de ces mesures, mais aussi pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour favoriser leur pleine et entière application. C’est pourquoi, notre association entend:

    1 – Mettre en place une permanence téléphonique pour conseiller et venir en aide aux parents d’enfants contrevenants.

    2 – Editer des manuels en ligne permettant aux parents de vérifier le bon fonctionnement des mesures de protection et d’écoute sur les ordinateurs de leurs enfants.

    3 – Mobiliser nos enfants pour qu’ils fassent connaître les faits délictueux de leur camarades à notre cellule de recoupement de l’information.

    4 – Transmettre les cas constatés aux services de l’Etat, en particulier au service du fichier Edvige pour les enfants de plus de 13 ans.

    5 – Effectuer une veille citoyenne et un suivi sur l’application de la loi afin que, dans le respect de l’Egalité républicaine, tous les contrevenants subissent effectivement les conséquences de leurs actes délictueux.

    Ainsi, nous Parents, unis avec les industriels de la culture et les services de l’Etat, nous réussirons ramener l’ordre sur le réseau et à éduquer nos enfants dans le respect de la Création, de la Culture, du Commerce et du Droit.
    Ainsi nous aurons contribué à ce que la Technologie reprenne la place qu’elle n’aurait jamais du quitter, celle du contrôle de l’application de nos valeurs fondamentales!

    Soyez certain, Monsieur le Président de la République de notre soutien entier et inconditionnel.

    Pour l’Association des Parents pour la Société de l’Information et de la Communication (PSICO), son Président, Adolf Bit-Torride

  18. Bonsoir, j’arrive un peu tard mais c’est la longue traine des commentaires 🙂

    Bref, deux questions « innocentes » :
    – en quoi suis-je assuré que l’Etat n’a pas accès aux données de facebook ?
    – lorsque l’on parle de moi sur le net, facebook ou ailleurs, mes recours sont extrêmement limités, quand il y en a. Dans les collèges et lycées il y a régulièrement des batailles « numériques » entre élèves, question de réputation.

    Du coup, edvige vs facebook semble être le débat pour les néophytes. Si ce n’est pas le bon, il faut alors prendre son blog de pélerin et aller porter la bonne discussion.

    Un a priori absolument pas vérifié me fait dire que la différence entre edvige et facebook reste la validité des informations. Si l’Etat croyait ce qui est inscrit en ligne, il n’a pas besoin de faire de fichiers : tout est disponible (ou le sera).

    A mon avis l »Etat ne peut pas – ne doit pas – croire ce qui est dit sur internet, ne serait-ce que pour des questions d’homonymies. D’où la nécessité discutable de créer un fichier « certifié ».

  19. Je pense pour ma part que les réactions au fichier Edvige » ont montré que la vigilance face au risque de récupération des données personnelles et privées existait bel et bien.
    Pour autant, je m’interroge : ceux qui ont réagi avec vigueur, sont-ils des Facebookien ?

    Je ne crois absolument pas que la rupture entre le coté « volontaire » de diffusion ces données sur facebook et le côté « à l’insu de son plein gré » des données collectées par des fichiers de type Edvige » soit pleinement satisfaisant.

    Facebook et « le fichier qu’on appelait Edvige » ne traduit-il pas une ligne de rupture entre ceux qui ont conscience des libertés fondamentales et les autres ? Si nous avons pu maintenir le navire à flot, n’est-ce pas que partie remise ? Les libertés fondamentales faute de consciences suffisantes ne risque t-il pas de bel et bien sombrer prochainement ?