PlusLongueLaVie.net : « Le quotidien des aînés : habitat et mobilité »

Qu’est-ce qu’un design du « chez soi » favorisant la connectivité pour accompagner la communication, la sociabilité, et la mobilité de la personne âgée ? A l’occasion d’un atelier sur l’habitat du programme PlusLongueLaVie.net de la Fondation internet nouvelle génération, retour sur l’impact des nouvelles technologies dans le quotidien des séniors.

Qu’est-ce que le design et les technologies peuvent apporter au bien-être, au confort, et au « vivre durablement » à domicile ?

Cette troisième conférence Plus longue la vie, sur le thème de l’habitat, a permis d’explorer les différentes manières d’habiter le domicile : prenant en compte le bien-être physique et psychique et l’attachement au « chez-soi » ; le besoin de confort et de fonctionnalité pour pouvoir faire vivre ensemble plusieurs générations ; et enfin la prévention des risques dans les situations de dépendance et d’isolement.

Le psychosociologue Elian Djaoui, responsable de formation à l’Institut de formation sociale des Yvelines et auteur de l’ouvrage Intervenir au domicile, a explicité la part d’histoire personnelle contenue dans le domicile : à travers les objets amassés, jusqu’aux plus insignifiants, et leurs aménagements, leur mise en scène ; à travers les habitudes et les manières de vivre ritualisées marquant une forme de relation au temps ; enfin à travers les différentes formes de liens développés avec l’extérieur. L’investissement psychique de l’habitat oblige à beaucoup de prudence dans la manière d’intervenir au domicile, et d’introduire des solutions technologiques de soutien. Il est indispensable que la personne âgée garde une forme de maîtrise, de choix sur ces dispositifs d’aide (humains comme technologiques), afin de ne pas les vivre comme une violation de l’intimité, une remise en question de son identité, ou une gêne dans les modes de sociabilité. Les déménagements vers des domiciles plus fonctionnels, plus adaptés, s’ils sont opérés brutalement ou sans concertation suffisante, peuvent d’ailleurs engendrer ou accélérer des pathologies de dépression ou de démence chez la personne âgée, en raison même du lien identitaire et affectif de la personne à son domicile.

Une vieille cuisine

Ces constats questionnent en outre la part de fonctionnel et d’esthétique des nouveaux objets introduits dans le quotidien de la personne âgée. L’utilité fonctionnelle intrinsèque des objets ne suffit pas à générer l’usage, l’appropriation, et encore moins l’attachement de la part des usagers. Gérard Laizé, directeur du VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) a rappelé que l’objet doit recouvrir des signes d’amabilité, faire appel aux désirs, aux sens. Cela est particulièrement vrai concernant le design de mobilier à destination des publics âgés où la recherche de confort et d’utilité prévaut. Au regard de la diminution des espaces de vie, et de modes de vie de plus en plus intergénérationnels (les jeunes tardant à quitter le nid familial, un aîné pouvant être accueilli en situation de dépendance chez un de ses enfants, etc.), Gérard Laizé a mis en avant l’idée de mobilier intergénérationnel c’est-à-dire un mobilier valable pour tous, et prenant en compte les différents usages possibles. Au-delà des aspects de fonctionnalité, utiles pour tous, le design for all (c’est-à-dire la conception de produits, de services ou d’environnement qui soient utilisables par le plus large éventail possible d’usagers, sans nécessité d’adaptation ou de conception spéciale et malgré la diversité des situations rencontrées par les utilisateurs) peut-il garder sa part de séduction, créer des résonances, des attirances pour des individualités aux âges et aspirations différenciés ?

Avec la présentation de Régis Décorme, du laboratoire Gerhome du Centre scientifique et technique du bâtiment, ce sont les situations de dépendance, de fragilité et d’isolement qui ont été explorées : comment les technologies (aux potentialités larges : capteurs ultra-sensibles environnementaux et de mouvements, système intelligent de modélisation et d’analyse des anomalies) peuvent-elles participer à la prévention des risques, à des systèmes de télé-alarme « discrets » et fiables ? Dans ces systèmes technologiques de surveillance, ce sont les potentialités des technologies qui sont testées avant tout. Reste un travail important à mener en lien avec les médecins et les usagers eux-mêmes (ou leurs représentants), de définition des besoins, d’adaptation des services, de tri des fonctionnalités). Il s’agit aujourd’hui de faire converger une logique de l’offre de services et de potentialités technologiques à une logique de besoins et d’acceptabilité.

Amandine Brugière

Billet originellement publié le 25 novembre 2008 sur le site PlusLongueLaVie.net.
Image : cc kj.

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