Un monde de technologies centrées sur l’utilisateur

nickbiltonbookA l’occasion de la parution de son livre I Live in the Future & Here’s How It Works (Je vis dans le futur et voilà comment il fonctionne), Nick Bilton, ancien chercheur en design pour les laboratoires de R&D du New York Times, et l’un des principaux auteur de l’excellent Bits, le blog technologique du journal, a publié une stimulante tribune pour synthétiser les enjeux de sa vision sur l’avenir du storytelling.

« Si vous prenez votre smartphone et que vous cliquez sur le bouton pour vous localiser sur votre application cartographique, vous verrez apparaître un point au milieu de l’écran. C’est vous ! Si vous commencez à marcher dans la rue dans n’importe quelle direction, tout l’écran va se déplacer avec vous, peu importe où vous alliez. Il s’agit d’un changement radical par rapport au monde du papier, où les cartes et emplacements sont basés autour des lieux et des sites et non sur vous ou votre emplacement. Dans le monde de l’imprimé, les gens ne vont pas au magasin pour dire : « Oh, excusez-moi, puis-je acheter une carte de moi ? » Au lieu de cela ils demandent une carte de New York ou d’Amsterdam ou du métro. Vous et moi ne sommes pas visibles sur ces cartes. Les cartes sont des endroits dans lesquels il nous faut nous insérer.

Mais le monde numérique a changé cela. Désormais, nous sommes toujours au centre de la carte, et c’est un endroit très puissant où être.

Quand les gens veulent savoir comment le monde des médias doit réagir face à l’internet, la meilleure façon de comprendre les changements radicaux en cours est de reconnaître que le consommateur de divertissement et d’information est désormais au centre. Et ce centre change tout. Il change votre conception de l’espace, du temps et du lieu. Il change votre sens de la communauté. Il change la façon dont vous voyez l’information, l’actualité et les données arriver jusqu’à vous.

Désormais, vous êtes le point de départ. Maintenant, le monde numérique vous suit et pas l’inverse. »

J’ai reçu ma propre leçon de ce monde « moi ! maintenant ! » quand des amis se sont arrêtés chez moi avec une jeune cousine. Alors que je leur préparais le café, elle me demanda à utiliser mon ordinateur pour relever des infos. Curieux, je lui ai demandé sur quels sites d’information elle se rendait, m’attendant à l’entendre énoncer CNN, le New York Times ou TMZ, un site de ragot sur Hollywood. Elle leva ses yeux vers moi et me dit « Facebook ». Puis elle se tourna vers l’ordinateur et continua sa lecture. « Je pensais que tu voulais lire les nouvelles », lui faisais-je remarquer. « Ce sont mes nouvelles », répliqua-t-elle.

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Image : Nick Bilton sur la scène de PopTech 2009.

Pour beaucoup dans son groupe d’âge, l’actualité n’est pas définie par les journaux, ou les stations de télévision ou même les blogueurs. L’actualité est ce qui est pertinent pour l’individu et dans son cas, c’est Facebook qu’elle appelait son « fil d’information ». Cela ne signifie pas qu’elle ne voit que des messages banals : elle y reçoit aussi des liens vers des nouvelles grand public, des billets et blogs et tout ce qui se trouve entre. Mais la seule différence est que la façon dont elle reçoit sont information est hyperpersonnalisée.

La génération internet est à la recherche d’expériences personnalisées, des vêtements qu’ils achètent, à la façon et au moment où ils regardent le dernier épisode de Glee. Pour les créateurs de contenus, cela pose un problème : s’ils ne proposent pas une option pour consommer un produit de manière personnelle, de nombreux consommateurs iront le chercher par eux-mêmes – ce que certains appelleraient voler.

Il est vrai que certains volent des films, des séries télé, des livres électroniques et autres accessoires numériques juste parce qu’ils sont là. Mais beaucoup de gens les volent parce qu’ils ne sont pas là, c’est-à-dire pas disponibles légalement en ligne, pas proposés par les gens qui les vendent.

Quand j’étais étudiant, mes amis et moi volions tout le temps de la musique. Bien sûr, on pouvait acheter quelques chansons en ligne, mais le choix était extrêmement limité et c’est un euphémisme que de dire que le processus d’achat était effectivement douloureux. Les mettre dans un appareil numérique nécessitait un diplôme d’ingénieur en informatique et beaucoup de patience.

Ma collecte illégale de musique (music Heist) a pris fin brutalement en 2003, lorsqu’Apple a ouvert son magasin de musique en ligne, iTunes. Avec un simple clic, je pouvais télécharger, transférer et écouter un album entier ou une seule chanson. L’ensemble de la transaction ne prenait que quelques secondes. Et comme la seule façon de la faire en un clic était d’acheter la musique, je me suis mis à la payer.

J’ai de toute évidence beaucoup de compagnie. Depuis que l’iTunes Store a ouvert il y a 7 ans, les consommateurs y ont téléchargé plus de 10 milliards de chansons. Il est important de comprendre que ce qu’ils achètent n’est pas seulement le contenu. Dans de nombreux cas, c’est l’expérience qui compte le plus. Avec iTunes, je ne paye pas que la musique, je paye également pour l’expérience.

Pensez à un récent livre ou un journal que vous avez acheté. Si je vous avais dit que j’allais vous vendre ce contenu sur des Post-its, seriez-vous toujours prêt à payer pour cela ? Probablement pas, car l’expérience de lecture serait pénible. Lorsque vous achetez ces produits analogiques, vous payez pour l’ensemble du paquet. Vous payez pour une expérience.

Les livres, les journaux, les CD ne se sont pas traduits en quelque chose d’aussi important dans le domaine numérique pour ce client « moi au centre ». Les fournisseurs de divertissement et de contenus veulent que le public paye, mais le web a dépouillé l’utilisateur de l’expérience originale qui le liait au produit. Sans surprise, les gens ne payeront pas le même prix pour du contenu en ligne.

Les gens qui vendent du divertissement et de l’information pour la vie vendent en fait bien plus que cela. Ceux qui réussiront vendront de nouvelles expériences numériques et réussiront à inciter les gens à acheter l’ensemble du paquet, et pas seulement quelques mots ou quelques sons.

Et cela se joue dans toutes les batailles actuelles des entreprises pour le contrôle des dispositifs de salon, de téléphonie mobile ou de lecture électronique. Apple, Microsoft, Amazon et Google ne sont pas seulement en guerre pour contrôler votre télévision ou votre téléphone. Ils veulent prendre possession de l’écosystème tout entier qui finira peut-être par apparaître et qui connectera notre façon de tout consommer.

C’est ce que j’appelle le « 1, 2, 10″. Ces chiffres simples représentent la distance d’un écran de vos yeux. Les téléphones cellulaires et les livres électroniques sont à environ un pied de vous quand vous les tenez entre vos mains. Les écrans d’ordinateur sont à deux pieds de vous. En moyenne, la télévision est 10 pieds plus loin. Et le contenu finira automatiquement par vous suivre d’écran en écran et de place en place.

Cette version de l’avenir joue un rôle dans le débat autour de la mort des livres ou des journaux et le périphérique qui les remplacera. Mais la réponse est simple : ce n’est pas un écran qui remplacera votre journal ou votre émission de télévision. Ce sera tous les écrans. Lorsque cela se produira, le business du storytelling sera encore plus flou. Les lignes qui séparent un journal papier d’un journal télévision, un film d’un livre, s’estomperont d’autant plus que nous regarderons ces histoires sur des écrans à 1, 2 ou 10 pieds de nous…

Quand cela arrivera, nous verrons encore plus de personnalisation de l’information, du divertissement et de la publicité. Par exemple, si je lis un journal à 16 heures à Brooklyn, le contenu que je verrais reflétera le moment de la journée (avant l’heure du diner), le lieu (ce qu’il y a à proximité) et plus encore. Le fil de nouvelles que je lis devra également être assez intelligent pour savoir ce que j’ai déjà lu ce jour-là et ce que je n’ai pas lu. Il devra tenir compte des histoires recommandées par mes amis et de ce qui est en cours de discussion sur mon réseau social. Plus importants encore, ces systèmes devront le faire sans que j’aie à les instruire ou à leur dire quoi que ce soit.

A l’heure actuelle, cette expérience est un voeu pieux. Beaucoup de ces dispositifs ne sont pas encore entièrement connectés à Internet. La télévision, par exemple, est toujours sur un réseau câblé. Mais quand toutes ces expériences se déplaceront sur un même réseau, l’internet, ils pourront facilement commencer à parler les uns avec les autres. Et quand cela se produira, la société propriétaire de cet espace pour le consommateur, en offrant un flux continu de contenus personnalisés, possédera une expérience sans faille et sans effort – et c’est quelque chose pour lequel les consommateurs seront prêts à payer. »

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