Quel avenir pour les EPN ? (2/3) : devenir des structures de développement de projets

« Les EPN doivent être pensés non pas pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils pourraient apporter dans un écosystème, un territoire. Nous avons besoin de contextualiser les services proposés », explique Didier Paquelin directeur du programme de Recherche Aquitain sur usages et le développement des dispositifs numériques. « Les EPN doivent quitter leur posture d’acculturation du numérique pour devenir les accompagnateurs des dynamiques territoriales. » Mais cela suppose d’adapter leurs missions, de trouver de nouveaux modèles économiques aux EPN et de réinventer leurs métiers… comme commencent à le faire certains.

Sortir des EPN ?

Les choses changent autour de la médiation numérique, comme le montrait le bilan des assises de la médiation numérique qui se tenaient en septembre 2011 à Ajaccio, souligne Elisabeth Le Faucheur Joncour, responsable de projets au service internet et expression multimédia de la ville de Brest. Les médiateurs sortent des espaces et s’engagent sur du développement local. Ils vont à la rencontre des partenaires du quartier pour créer des liens et accompagner ces acteurs dans la mise en place de leurs actions. A Kérourien, l’un des quartiers de Brest, l’animatrice du Papi local s’est rapprochée de structures d’insertion pour les accompagner à développer de nouvelles actions, comme les petits déjeuners emplois. « Les animateurs doivent sortir de leurs espaces, faire connaître leurs compétences pour accompagner d’autres acteurs locaux afin de faire des choses ensemble. »

Aujourd’hui, tout ne se passe plus dans les Papis, souligne encore Elisabeth Le Faucheur Joncour. Beaucoup d’autres acteurs de l’éducation, du social, de l’insertion font de la médiation numérique. A Brest, un infirmer d’un hôpital psychiatrique a lancé des ateliers à destination de personnes ayant des troubles psychologiques pour les aider à développer l’expression personnelle. « Personne d’autre que lui ne connait son public. C’est lui qui saura construire ses ateliers. Par contre, il a eu besoin d’aide pour faire de la vidéo et héberger des contenus. Deux associations brestoises sont venues l’accompagner pour cela. Il est nécessaire pour les animateurs de sortir de leurs murs, d’apprendre à monter des projets avec des partenaires. »

« Longtemps, les acteurs du social ne se sont pas intéressés à l’internet. Ils s’y sont intéressés seulement depuis peu, quand Pôle Emploi a supprimé ses offres papiers », estime Elisabeth Le Faucheur Joncour. « On a vu alors naître une demande forte venant de groupement d’entraides, des Restos du Coeur… pour accompagner leurs publics. Car accéder aux services publics demande des habiletés et que le numérique est un support intéressant pour travailler l’estime de soi, redonner confiance aux gens. »

Une situation qui génère la colère de Philippe Cazeneuve, qui, sur son blog, appelle les acteurs de l’acteurs de l’accès public à se mobiliser sur cette question : « Les médiateurs-trices numériques se retrouvent à suppléer les salariés de Pôle Emploi, sans aucune formation ni encadrement, en dehors de toute convention, sans outils d’évaluation de leur travail et donc sans possibilité de valorisation de leur action. »

« La fonction de médiation est plus que jamais d’actualité… mais elle doit être assurée autrement, pas forcément par des lieux spécialisés dans la médiation numérique », nous explique encore Philippe Cazeneuve. « En fait, on se rend compte que la fonction de médiation numérique se banalise et que la fonction d’animateur multimédia doit évoluer. Dans les bibliothèques, c’est de plus en plus un bibliothécaire qui assume cette fonction. Dans les centres sociaux, c’est un travailleur social qui assume la fonction numérique de l’insertion professionnelle… Ce qui faisait la spécificité de ce travail doit trouver d’autres terrains. Il faut désormais monter et animer des projets. Mais il n’y a pas encore beaucoup de territoires où l’on se rend compte qu’on a besoin d’animateurs du territoire numérique… »

« Les espaces multimédias devraient pouvoir se repositionner en arrêtant de répondre aux demandes pour ouvrir et proposer de nouveaux champs d’intervention. Mais cela nécessite de sortir des espaces. D’aller chercher les gens qui n’y viennent pas. Ouvrir à la fonction de lieu de débat, car le numérique pose beaucoup de questions de société et on manque d’espaces pour en discuter. La médiation, ce n’est pas seulement la formation et l’initiation : la possibilité d’exercer un regard critique est essentielle », estime Philippe Cazeneuve

L’une des solutions est de développer des projets. D’aider les animateurs d’EPN à sortir de leurs espaces pour créer des projets avec des habitants et d’autres partenaires. Les appels à projets multimédias que soutien la ville de Brest depuis 2003 participent au renouvellement de l’activité des EPN qui s’intègrent à l’activité ordinaire des lieux où ils sont installés, rappelle Elisabeth Le Faucheur Joncour. Reste que la dynamique prend du temps. Mais le programme brestois montre à la fois qu’il est possible de toucher des publics plus variés, d’élargir les thématiques et d’utiliser le numérique comme un terreau pour la coopération.

Mettre les EPN en réseau

Il n’y a pas que Brest qui se tourne vers ces solutions…

« La formation et la sensibilisation demeurent des activités de base importante des EPN. Bien sûr, ces espaces ont depuis diversifié les services et les activités qu’ils proposent, mais ce pour quoi ils ont été conçus au départ reste important : il y a toujours besoin d’accompagner les publics les moins autonomes », rappelle Natacha Crimier, chef de projet « Démocratisation des usages des TIC » au Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur (Paca).

« Cependant, les EPN ont sans cesse besoin de renouvellement. Les animateurs doivent être en mesure de proposer des choses nouvelles au public, notamment pour les publics plus autonomes. En Paca ce qui a beaucoup contribué à la diversification et à l’évolution des Erics est certainement la mise en réseau des animateurs, via des rencontres et des ateliers de formation notamment ».

Nombres d’associations travaillent à mettre les animateurs en réseau, comme NetPublic au niveau national, mais également comme Arsenic en Paca, Anis en Nord-Pas-de-Calais, Coraia en Rhône-Alpes, les Pôles ressources numériques locaux de Cyberloire, la plate-forme d’échanges de pratiques « Parcours numériques «  et l’ArtLabo de l’association nantaise Ping… A Brest comme en Paca, des programmes d’appel à projets ont été lancés pour favoriser la mise en réseau et le développement de projets. Mais ces initiatives sont encore loin d’être systématiques.

Pour l’instant, malgré des efforts, la mise en réseau des EPN est encore bien imparfaite. Sur l’Aquitaine, seulement 17 % travaillent en réseau, nous confie Didier Paquelin. « Malgré une politique de réunions régulières en Nord-Pas-de-Calais, il demeure difficile de faire sortir les gens de leurs structures, notamment parce qu’ils ont peu de libertés et de disponibilités. Entre les contraintes de financements publics, les questions de statuts (souvent précaires) des animateurs, les questions institutionnelles (qui les font dépendre de structures multiples) et celles de formation (les animateurs ont plutôt des profils techniques que des profils de médiation de contenu ou de formation), les communautés ont toujours du mal à se structurer », rappelle Emmanuel Vandamme, président de l’association Anis.

« A ce jour, les animateurs demeurent relativement isolés », estime également Philippe Cazeneuve. « Si on trouve quelques formations organisées au niveau régional, il y a peu de dynamiques de réseau. En Corse, la Région envisage de rendre la coopération entre les structures obligatoires pour encourager la coopération. Il n’y a plus de politiques nationales à destination de ces espaces et on se retrouve avec une grande hétérogénéité des structures et des politiques territoriales. Beaucoup d’animateurs n’ont pas de formation diplômante. Très peu se forment ou se déplacent. Ils sont recrutés de manière isolée par des structures différentes et s’il n’y a pas au moins des formations et des rencontres pour échanger, le réseau ne peut pas se construire. C’est le point fort des Erics en Paca. Le réseau fonctionne indépendamment du Conseil régional, notamment grâce à l’association Arsenic, aux animateurs qui se sont structurés en réseau et au Conseil régional qui les y a incités. »

Chaque EPN dépend de la structure qui l’accueille. Les financements sont encore trop souvent atomisés. Si la communauté des animateurs est forte, elle manque encore trop souvent d’organisation. Aucune structure nationale hormis la Délégation aux usages de l’internet n’est venue l’animer, n’a été capable de donner une stratégie, une vision à long terme de son évolution.

« Les animateurs sont de plus en plus des personnes ressources pour disséminer le numérique : ils sont la composante numérique de la médiation sociale comme de la médiation culturelle, venant former les gens tant à utiliser l’internet pour faire de la couture que pour trouver un emploi… Mais ce n’est pas une fonction facile à financer et à organiser », reconnaît Emmanuel Vandamme.

Face aux coupes budgétaires qui s’annoncent, les EPN doivent pourtant s’armer de nouvelles ambitions. Plusieurs pistes de renouvellement sont possibles, encore faut-il que le réseau soit suffisamment structuré pour les saisir.

Continuer à répondre aux nouvelles demandes en est bien sûr une, à laquelle les animateurs ont toujours été sensibles. Nombreux sont ceux qui commencent par exemple à mettre en place des formations pour accompagner les usages des tablettes avec lesquelles les gens s’équipent. La demande de compréhension demeure : nombre d’animateurs interviennent ainsi en entreprise, dans les écoles et collèges ou auprès d’association plus pour aider les gens à comprendre les transformations en cours que pour délivrer des formations. Mais cela ne suffira pas. Il est tant que les EPN s’ouvrent à de nouveaux objets. Qu’ils aident les utilisateurs à dépasser la consultation pour les aider à passer à l’action, à monter des projets. Et ça commence à être le cas…

Des structures pour porter des projets

« La Région a encouragé une logique de projets, pour aider les Erics à se positionner comme porteurs de projets, pour les aider à proposer de nouveaux services à leurs publics », estime Natacha Crimier. La dynamique de réseau et l’ancrage sur le territoire local sont deux facteurs qui expliquent peut-être que les EPN se portent mieux ici qu’ailleurs. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de difficultés. « Ils demeurent des espaces en danger, peu visibles, peu reconnus par les acteurs ». Pourtant, parce qu’ils ne sont pas considérés comme des lieux institutionnels, ils permettent aux gens de se l’approprier autrement. Reste qu’il est difficile de mesurer leur valeur ajoutée. « La mesure de la fréquentation seule ne suffit pas. On a besoin de changer d’indicateurs pour mieux prendre en compte ce qui se passe dans ces espaces. La Région travaille beaucoup sur l’évolution du programme Eric et on a constaté qu’il restait un gros travail de formalisation des pratiques et des services. Cette réflexion a été enclenchée par le travail de la 27e Région sur l’avenir des Erics à 10 ans«  (voir également la documentation de la résidence à la Cyberbase de la Seyne-sur-Mer).

« Aujourd’hui, nous réfléchissons plutôt à plus court terme pour mieux regarder ce qui existe et voir comment on va faire demain. Comment accompagner ces espaces à devenir des centres de ressources numériques, les aider à fournir de nouveaux services pour les territoires, à faire émerger et porter des projets ? La logique d’appel à projet qu’on a initié permet de faire saillir des projets qui croisent à la fois les besoins des territoires et les politiques régionales (emploi, solidarité, santé, développement durable…). L’Espace culture multimédia René Char à Digne-les-Bains a ainsi développé des projets pour des publics éloignés du numérique en lien avec la réserve géologique du territoire. Le projet SonoliTIC a initié des installations liées à la découverte du parc naturel. A Hyères, le Centre social Amitié Massillon est un espace qui propose des logements d’urgence pour des familles en grande difficulté. Ils ont déposé un projet développement durable, ont travaillé avec une entreprise qui fabrique des capteurs pour aider les familles en situation très difficile à lutter contre la précarité énergétique dans ces logements. Au Pertuis, l’Eric a accompagné des familles en situation d’illettrisme pour réaliser une cartographie des services publics de proximité. Autant d’exemples qui montrent que ces espaces sont en capacité d’accompagner tout type de public et d’accompagner l’innovation locale. »


Image : La rose des vents, une cartographie des services publics de proximité réalisée par les habitants fréquentant l’Eric du Pertuis.

« D’un côté, les publics en difficulté sont toujours là et on a besoin de travailleurs sociaux et d’écrivains publics pour aider les gens à faire leurs démarches en ligne (dossier CAF, CV…). Mais dans ce cadre, on est plutôt sur des dispositifs d’aide sociale qui doivent intégrer du numérique plutôt que sur des dispositifs de mise en capacitation numérique. De l’autre, on a des gens qui viennent dans ces lieux à la recherche de rencontre, de lien, de reconnaissance… Qui viennent chercher des moyens pour faire les choses ensemble. Le public qui veut apprendre à se servir d’un ordinateur n’est plus là. L’émergence de nouveaux lieux (tiers lieux, coworking space…) renouvellent les formes de médiation », estime Emmanuel Vandamme.

« La Veilleuse à Wazemmes »(blog, un espace qui n’est d’ailleurs pas qu’un EPN, a, lui aussi, été interrogé par la 27e Région dans le cadre d’une résidence) « illustre un autre type d’évolution vers des lieux où les gens peuvent faire des choses ensemble et où le numérique est une part de ce qu’ils peuvent faire au service de ce qu’ils veulent faire. »

les outils de la veilleuse-V2
Image : Cartographie des usages de la Veilleuse qui montre la multiplicité des usages d’un espace… dont le numérique n’est qu’une composante.

« En fait, à mesure qu’il se dissémine dans la société, les domaines d’intervention du numérique ne cessent de s’élargir. Le numérique touche désormais tous les champs d’action. Il y a dix ans, on expliquait aux gens comment ça marche, on leur montrait comment se servir d’un navigateur, aujourd’hui, on a plutôt tendance à présenter un site de covoiturage ou un réseau social local et à montrer aux gens comment les utiliser et y participer. Les usages se sont élargis et transformés », conclut Emmanuel Vandamme. « La salle informatique n’est plus un espace qui fait rêver. D’ailleurs, le plus souvent elle est vide. Désertée. » Il est temps de passer à d’autres formes.

Hubert Guillaud

Retrouvez le dossier Quel avenir pour les EPN ?

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  1. Je suis d’accord avec cet article qui montre la nécessité pour les EPN de sortir de leurs champs « traditionnels ». C’est chose faite pour le département des Deux-Sèvres depuis 2010. Les médiateurs numériques de la collectivité sont aujourd’hui devenus des acteurs sociaux, et contribuent pleinement aux actions d’insertion, aux actions sociales et collectives. A la fois partenaires et initiateurs ils agissent auprès des publics en difficulté dans tous les domaines via les usages numériques. par ailleurs, et pour répondre à la demande croissante des publics sur les territoires, un réseau départemental de bénévoles a été mis en place en lien avec le secteur associatif. A ce jour 30 bénévoles sont en cours de « formations » ou de labellisation « Solid’rnet » afin de se doter de méthodes, d’outils d’animations. Ce sont les médiateurs numériques du CG qui les accompagnent. Un projet de formations-conférences communes sur 3 ans est en cours de réflexion. Il est également nécessaire de penser médiation numérique et reconfiguration des territoires. Interpeller les élus locaux sur cette mission qu’ils ne connaissent pas bien. La situer comme un outil de promotion et de développement local.

  2. En 2001-2002, employé au service administratif de la (petite) mairie de Daoulas (FInistère, près de Brest), j’étais chargé (entre autres choses) du suivi de l’espace Cybercommune avec son animateur. J’avais initié localement un collectif pour valoriser les 4 EPN Cybercommunes créés sur le territoire de la communauté de communes.

    La question d’alors, qui agitait les forums nationaux des animateurs, reste d’actualité : qu’est-ce qu’un EPN ? quel statut pour l’animateur ?

    Les réponses ne sont pas forcément uniques, mais permettaient d’aborder les CIRCONSTANCES de la création des EPN : programmes de subvention d’équipement et « emplois-jeunes ». Les collectivités territoriales et certaines associations ont saisi l’occasion pour monter leurs EPN. Mais comment les pérenniser ? Cette question-là n’a été évoquée que devant l’urgence de la fin des « emplois-jeunes », et beaucoup d’EPN ont alors fermé, les premières questions (les craies questions) n’ayant pas eu de réponse.

    Qu’est-ce qu’un EPN ? Divers formats, divers environnements, divers financements… Mais où est l’analyse des besoins ? Où est l’analyse de l’intérêt général ? Sans objectif politique, il n’y a pas d’action politique. Il n’y a que du bricolage et de la militance basique. On peut, certes, structurer le travail : notre collectif a rejoint l’action du Pays de Brest, qui a reçu un écho plus politique, avec la création d’un centre de ressources pour soutenir tous les EPN de son territoire (mutualisation de moyens, assistance…) qui a débouché sur les appels à projets (qui fonctionnent toujours heureusement).

    Quel statut pour l’animateur ? Le débat de 2002 était « animateur ou formateur » ? Parce qu’on en était toujours à la vision de la « fracture numérique ». Mais celle-ci devait s’effacer. J’avais alors essayé de faire comprendre cette perspective inévitable. Quel statut pour les animateurs, et donc quel avenir dans les collectivités (quel conventionnement pour les associations) ? Depuis 10 ans, le paysage des EPN a été modifié. Les grandes collectivités portent des EPN avec un projet politique « de ville ». Certaines petites collectivités ont un projet local (« l’animateur doit sortir de son EPN »). Et un « ronron » s’est installé dans le confort de certaines habitudes. Mais celles-ci sont aujourd’hui menacées par la rigueur budgétaire. Tout simplement parce que l’analyse des besoins n’a toujours pas été menée, que la place des EPN dans le paysage des services publics (territoriaux ou associatifs) n’a toujours pas été définie.

    Ce que je redoutais il y a 10 ans s’est produit : les territoires sont desservis de manière inégale ; le public est traité de manière inégale ; il n’y a pas de volonté de mener une véritable politique supra-locale pour apporter au public les services dont il a besoin ; il n’existe aucune régulation spontanée…

    Tout comme pour la couverture en téléphonie mobile, il existe des « zones blanches ». Mais personne ne prend la mesure de ce que cela implique. On constate l’intérêt (ou le désinterêt) des EPN quand ils existent. On ne constate pas le manque là où il n’existe pas.

    Ma charge de travail ne m’a pas permis de poursuivre dans ce travail. Vers 2002, l’ADULLACT se posait une question qui me semblait pertinente, mais je n’ai vu aucune réponse arriver depuis : qu’en est-il de la « ruralité numérique » ? Où en est l’égalité entre les territoires ? Où en est l’intérêt général ?

    Qui s’est saisi de cette question ?