Communauté savante et Internet

La recherche en sociologie dispose de nombreux travaux de terrain consacrés aux usages scientifiques d’Internet. Ces observations, portant sur des réseaux géographiques, thématiques ou disciplinaires déjà structurés, concernent des populations hétérogènes reliées entre elles par le net ou des groupements de chercheurs poursuivant des objectifs communs. Les chercheurs s’intéressent généralement aux effets de la communication électronique (e-mail, liste de diffusion, groupe de discussion) sur la structure des interactions et le partage des connaissances. Mais la plupart de ces études présentent le plus souvent un caractère synchronique : ce qui exclut de pouvoir suivre, sur une longue durée, l’évolution des pratiques et des représentations liées aux innovations technologiques. La nouvelle étude réalisée dans le cadre du programme d’actions concertées du PNER portant sur « les pratiques émergentes d’une communauté savante face aux nouvelles instrumentations numériques, le cas de la Société Internationale d’Analyse de la Topique Romanesque (SATOR), 1986-2001 » est la première à être réalisée sur la longue durée car cette communauté savante créée en 1986 a toujours intégré les nouveaux outils de la gestion des connaissances dans ses modalités de travail collectif. L’informatique fut d’abord utilisée pour modéliser le codage de l’information et numériser le corpus des « configurations récurrentes d’informations narratives » (topoi) étudiées par la SATOR. La communication électronique a été utilisée ensuite pour faciliter les échanges et enrichir la base de données. Puis, par souci de visibilité, SATOR a créé son propre site ce qui a permis de mettre les ressources en ligne et d’accroître l’accessibilité à un plus grand nombre de chercheurs. Comment ces tournants technologiques ont-ils été vécus par les membres de la SATOR ? Quelles furent leurs incidences sur la vie institutionnelle et l’organisation du travail scientifique ? Quelles conclusions peut-on en tirer pour l’avenir de la communauté et à quelles généralisations peut conduire cette étude de cas ? Voici les principales interrogations que soulève cette investigation en milieu littéraire. Pour y répondre, les auteurs de cette étude effectueront une analyse de traces dans la documentation fournie par la société (actes de colloques, bulletins de liaison, archives de la communication électronique, ressources mises en ligne) et sera suivie d’une campagne d’entretiens qui amènera à interroger les représentants des diverses équipes impliquées, durablement ou momentanément, dans le programme de recherche.
L’info : http://www.le-mag.org/RUB/rubrique/index.asp?id=95
Le PNER : http://www.pner.org
Voir également la première étude sociologique sur la question : Grossetti M., Sauvageot A. et al. « L’usage d’Internet par les chercheurs toulousains », Flux, n° 24, avril-juin 1996, pp. 35-49. Le site de la revue : http://home.worldnet.fr/~olegk/flux/homefl1.html
SATOR : http://www.chass.utoronto.ca/french/sator/
Quelques références pour ceux qui souhaitent aller plus loin :
– Hert P. « Les arts de lire le réseau. Un cas d’innovation technologique et ses usages au quotidien dans les sciences », Réseaux, n° 77, 1996, pp. 37- 65. Le site de la revue : http://www.enssib.fr/autres-sites/reseaux-cnet/ et l’article (Pdf) : http://www.enssib.fr/autres-sites/reseaux-cnet/77/04-hert.pdf
– Paravel V. « Réseaux scientifiques et communication électronique : étude de trois groupes de discussion », in N. Guéguen et L. Tobin (éds), Société, communication et Internet, Paris, L’Harmattan, 1998, pp. 121-138.
– Rosental C. « Les travailleurs de la preuve sur Internet. Transformations et permanences du fonctionnement de la recherche », Actes de la recherche en sciences sociales, n°134, sept. 2000, pp. 37-44.
– Akrich M., Méadel C., Paravel V. « Le temps du mail : écrit instantané ou oral médiat », Sociologie et sociétés, vol. XXXII, n° 2, automne 2000, pp. 153-170.
Le site de la revue : http://www.erudit.org/erudit/socsoc/

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