Le streaming modifie-t-il les goûts musicaux ? – IRMA

Romain Bigay pour l’IRMA (le Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles) livre un très bon dossier sur la transformation de nos pratiques d’écoute de musique.

En France, 93 % des consommateurs de musique le font en streaming, écoutant en moyenne 17 morceaux de musique par semaine. Le comportement des consommateurs de musique en ligne est différent du comportement des consommateurs de musique sur support, notamment du fait de pratique de recherche et de skipping, c’est-à-dire le fait de passer d’une morceau l’autre, qui se pratique plutôt en fin de journée, contrairement à l’écoute de playlists qui se pratique quand nous sommes plus occupés.

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Plus qu’une fragmentation de l’écoute musicale – où les singles ont repris toute leur place rappelle Sophian Fanen pour Libération – , les chercheurs montrent une fluidification et une éclectisation, des styles écoutés, des supports, des modes d’écoutes. "La portabilité de la musique entraîne une plus grande musicalisation du quotidien".

Dans les discours, “les adolescents parlent de la musique comme d’un moyen de réguler leurs émotions et leurs souvenirs, alors que leurs parents parlent plus volontiers de la musique de leur époque comme un élément constitutif de l’identité de leur génération” (mais c’est peut-être là une conséquence de la reconstruction a posteriori d’un discours sur la musique, notamment pour disqualifier les pratiques des nouvelles générations).

La musicalisation du quotidien, la diversification des modes et supports semble entraîner une approche plus expérientielle de la musique, en fonction de l’humeur ou de l’activité, qui favorise à son tour la diversification et qui voit exploser une grande offre de services. A l’éclatement des modes d’écoute répond l’éclatement des modes de recommandation et de découverte (humains, professionnels ou amateurs, collaborative, algorithmiques, aléatoires…) plus complémentaires que concurrents.

Tout l’enjeu reste d’augmenter la description du contenu pour le faire correspondre aux données des utilisateurs et mieux exploiter les catalogues, à l’image de Soundytics, qui analyse les propriétés acoustiques des morceaux pour ouvrir de nouveaux champs de similarités. 

Sur la question de la musique signalons également que Spotify vient de commettre une rapide étude sur la façon dont elle se diffuse sur la planète (mais sans livrer d’explications)… 

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