De l’épée à la charrue – Robot Futures

Sur son blog, l’anthropologue Lucy Suchman (Wikipedia) revient sur l’annonce du récent échec de Boston Dynamics (l’un des projets robotique de Google/Alphabet) qui a vu ses robots quadrupèdes (les modèles LS3 et BigDog) retoqués par l’armée américaine, notamment du fait du bruit de leurs moteurs (voir l’article de Numerama). Un autre de leur robot (le modèle anthropomorphe bipède, Atlas) semble également dans la tourmente, puisque la société américaine vient d’annoncer qu’il pourrait être désormais adapté du terrain de guerre à l’espace domestique (voir l’article du Guardian qui illustre ce changement d’affectation en montrant Atlas passer le balai ou l’aspirateur : une affreuse musique d’ascenseur remplaçant les bruyants moteurs pour mieux nous en vendre l’idée). Un changement d’affectation qui permet à l’anthropologue de se moquer des échecs répétés de l’automatisation qu’on nous vend pour le combat ou la santé, avant de nous les vendre, quand ils n’y réussissent pas, pour la maison, l’un des bastion les plus résistants à toute forme d’automatisation. Le passage de l’épée à la charrue est souvent bien plus faussement pragmatique qu’on ne le pense. 

Or, on sait, rappelle Lucy Suchman, que les robots fonctionnent bien seulement dans la mesure où leurs environnements peuvent être conçus pour répondre à leurs capacités. Ce qui n’est pas le cas des espaces domestiques. Si Roomba, le robot aspirateur a su faire entrer le mouvement aléatoire dans les espaces domestiques, les mouvements répétitifs et contingents sont bien plus difficiles à automatiser (pensez aux mouvements à faire pour remplir un lave-vaisselle par exemple). Les difficultés de la robotique à accomplir des tâches domestiques pourrait surtout nous enseigner bien des choses sur la complexité des activités humaines les plus ordinaires. 

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