Les secrets bien gardés du revenu universel – Ouishare

Pour Ouishare, Diana Filippova revient superbement sur les contradictions du revenu universel, l’idée qui semble fédérer des courants politiques inconciliables. En soulignant combien les modalités d’applications des uns et des autres en font un projet à multiples facettes, où les propositions des uns n’ont rien à voir avec celles des autres.

“Plus on tardera à mettre en avant les différences fondamentales entre les propositions de revenu universel formulées par ces courants idéologiques distincts, plus le consensus autour d’un projet politique deviendra bancal. Car la meilleure façon d’étouffer une réforme, c’est de mettre un point d’honneur à en faire un projet consensuel : il sera alors timide, incohérent, inefficace, et à force de vouloir satisfaire tout le monde, il décevra tout le monde.”

Il est temps de briser le consensus politique de façade autour du revenu universel. Il n’y a rien de commun entre la mesure technocratique du revenu de base qui remplacerait les différentes formes de redistribution existantes et une mesure qui défend un modèle de société réellement alternatif qui pose la question de la redéfinition des rapports de production. A LIRE ! 

MAJ : Evgeny Morozov traduit par le Monde Diplo remet à son tour à sa place le revenu universel pour lequel s’enthousiasme pourtant les gourous de la Silicon Valley. Mais avec quel argent financer le revenu universel ? Pas avec celui que les dirigeants des grandes entreprises de la Silicon Valley envoient dans les paradis fiscaux en tout cas, ricane l’iconoclaste Morozov. 

Au Comptoir, David Cayla des économistes atterrés, fustige également l’idée du revenu universel. L’enjeu n’est pas tant de distribuer une allocation universelle à tous que de protéger les emplois les plus pénibles et plus encore de corriger les mécanismes de marchés. Face aux inégalités endogènes que dénonce Piketty dans le Capital au XXIe siècle, on peut agir sur la fiscalité, comme le propose Piketty. On peut agir sur le développement du capital public ou collectif ou par la production de richesses non marchandes comme les services publics. Pour Cayla : c’est “précisément le développement de la richesse non marchande (celle que l’on n’achète pas) qui permet le plus efficacement de lutter contre les inégalités. Ainsi, l’INSEE a calculé que près de la moitié de la consommation effective des ménages les plus pauvres (les 20 % les plus pauvres en revenu) est le produit d’une richesse non marchande : éducation, santé, culture… Cela signifie que pour ces ménages, près de la moitié de la richesse consommée n’est pas achetée. Donner une allocation monétaire, si cela se fait au détriment des services publics et de la sphère non marchande, risquerait donc au contraire d’augmenter les inégalités qui sont produites par notre système économique !”

La Fondation Jean Jaurès publie une note de synthèse sur le revenu de base qui explore 3 scénarios de montant allant de 500 à 1000 euros, se substituant à toute aide… Et qui ne change donc pas grand chose. Une belle illustration de comment les conditions d’exécutions transforment une idée en ce qu’elle n’était pas. 

MAJ : Edouardo Porter du New York Times, lui non plus n’est pas convaincu par le revenu de base. Outre la question de son financement, le risque du revenu universel est de séparer l’assistance des besoins. L’aide fixée devient indépendante des problèmes et ne permet pas d’agir sur eux et le risque est surtout que cette aide s’étiole dans le temps. Enfin, cette solution oublie l’importance psychologique et sociale du travail. Des emplois subventionnés ne seraient-ils pas une meilleure solution ? 

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