Comment s’exprime la dépression

La dépression se manifeste-t-elle par un usage spécifique du langage ? C’est une question à laquelle des chercheurs de l’université de Reading ont cherché à répondre, nous explique un article de The Conversation, relayé par Discover Magazine. Pour cela, ils ont utilisé une analyse logicielle des différents témoignages, journaux intimes, discussions en ligne, etc. de personnes atteintes par cette maladie. Jusqu’ici, précise l’article, on procédait plutôt manuellement, mais les machines permettent de saisir en quelques minutes des détails qui restent invisibles à des lecteurs humains.

Sur le contenu, rien de surprenant, les émotions négatives y sont le plus largement exprimées. Mais les découvertes les plus intéressantes se portent sur le style d’écriture, par exemple l’usage des pronoms : la personne dépressive utilise bien plus des pronoms à la première personne du singulier, comme « je », « moi », « le mien » et beaucoup moins à la seconde ou troisième personne.

Autre caractéristique, peut être encore plus importante : l’usage de mots ayant un caractère d’absolu, rejetant toute forme d’ambiguïté : « complètement », « absolument », « totalement », etc. Ce genre d’adverbe est 50 % plus fréquent sur les forums de discussion traitant de la dépression que sur des forums portant sur d’autres sujets. Et sur les sites parlant du suicide, cette proportion atteint les 80 %. Ce qui laisse à penser que la dépression tend à faire voir les choses de manière manichéenne, en noir et blanc.

Les chercheurs ont découvert à ce sujet une chose curieuse. En analysant les textes issus des forums rassemblant des personnes guéries, sorties de leur état dépressif, ils ont découvert que si les mots trahissant des émotions négatives n’étaient pas supérieurs à la moyenne, et que ceux exprimant des sentiments positifs étaient même en augmentation, l’usage des mots « absolus » restait très important. C’est vrai aussi pour les pronoms. Ce qui pose la question de la cause et de l’effet : en effet, précise l’article ceux qui sont passés par des épisodes dépressifs auront tendance à en connaître de nouveau. Se pourrait-il, se demande l’auteur, que certaines habitudes de pensée présentes même en l’absence de symptômes, puissent jouer un rôle dans la survenue du mal ?

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