Comprendre la ségrégation urbaine dans sa dynamique

Le Groupe des dynamiques humaines du Media Lab du MIT vient de publier une carte interactive des inégalités pour la ville de Boston, premier volet d’un Atlas des inégalités qui vise à cartographier la réalité des inégalités des plus grandes villes américaines. Cette cartographie utilise des données provenant de téléphones mobiles à partir desquels les chercheurs ont inféré les revenus des utilisateurs afin de créer une mesure de l’inégalité sociale des lieux que les habitants de Boston fréquentent. L’idée des chercheurs était surtout de regarder au quotidien où s’accomplit la ségrégation et où s’accomplit la mixité sociale. Quels sont les endroits qui brassent les publics selon leurs revenus, quels sont ceux qui les séparent ?

Bien souvent, les gens de niveaux sociaux différents ne fréquentent pas les mêmes bars, magasins et institutions. Où s’inscrivent les inégalités dans les lieux où l’on passe tous les jours ? Pour Esteban Moro, directeur du programme de recherche l’enjeu est de cartographier les décisions individuelles au plus fin pour regarder comment elles façonnent le monde réel afin de permettre d’agir et d’intervenir sur le comportement humain, explique-t-il à CityLab.

Les chercheurs ont utilisé les données de connexion anonymisées de téléphones mobiles de milliers d’habitants et les ont découpés en 4 grands niveaux de revenus selon les revenus moyens des quartiers où ils passaient leurs nuits. Ensuite, ils ont compilé les données de 30 000 lieux (restaurants, gares, musées, bureaux, cafés…) et ont déterminé pour chaque lieu la part de visiteurs de chaque catégorie de revenu, ce qui leur a permis de construire un indicateur de ségrégation sociale. La carte interactive de Boston présente donc les lieux où la diversité – et l’inverse, où l’homogénéité sociale – est la plus grande. Parmi les lieux les plus « égalitaires », on trouve les musées et les aéroports, alors que les écoles, en revanche, sont les lieux où la ségrégation sociale est la plus forte.


Image : capture d’écran de la carte de Boston qui montre les lieux où la ségrégation sociale est la plus forte (en rouge) et ceux où la mixité sociale est la plus équilibrée (en bleu).

Le profil économique d’un lieu n’est pas homogène selon le niveau de revenu d’un quartier, mais dépend de la diversité de profil économique de ses visiteurs. Deux bars à quelques mètres de différence peuvent ainsi présenter des profils de visiteurs complètement différents. Pour Moro, la ségrégation sociale n’est pas uniquement liée à l’endroit où vous vivez, mais également à ce que vous faites.

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