Pablo Servigne, coauteur du remarqué et remarquable Comment tout peut s’effondrer (voir notre article « Vers l’effondrement : aurons-nous encore un futur ? »), livre pour l’association Adrastia (@adrastiacom), une association qui vise à « anticiper et préparer le déclin de la civilisation thermo-industrielle », une intéressante étude (.pdf) sur l’avenir des villes, très décalée par rapport au discours ambiant.

Cette courte étude a pour but de rompre avec un avenir des villes qui nous est toujours présenté comme une évolution linéaire, qui, en extrapolant notre mode de vie, viserait à devenir toujours plus urbain. En prenant au sérieux les menaces, Servigne souligne que les solutions habituelles (la « smart city », la « ville durable »…) ne sont pas à la hauteur des enjeux. La menace climatique, l’épuisement des ressources… montrent que nous n’aurons peut-être plus les moyens de continuer la trajectoire urbaine que nous avons connue. Pour lui, les solutions esquissées par les prospectivistes tentent de prolonger l’hyper-urbanisation que nous connaissons, sans jamais la remettre en cause. Or les villes actuelles ont un impact immense qui peut-être soutenable, quelle que soit la façon dont on tente de l’améliorer. Pour Servigne les risques sont de plus ordres : fragilité des infrastructures, fragilité sociale et économique… sans compter les menaces externes liées à l’énergie, au climat et à la pollution.

Depuis ces fragilités, Servigne esquisse plusieurs scénarios d’avenir pour répondre à ces menaces. Il rappelle enfin qu’il faut se départir de certaines de nos certitudes pour penser l’avenir, notamment celle qui suppose que la croissance va se poursuivre, que l’énergie sera facile d’accès, que l’énergie renouvelable est une alternative, que notre système politique se maintiendra… L’avenir des villes nécessite de les penser comme des organismes vivants afin d’améliorer leur résilience, car l’avenir des villes sera caractérisé par plus d’imprévisibilité et d’incertitude, estime Servigne. Pour lui, il est nécessaire de nous départir du sentiment d’illimitation… Les systèmes complexes comme les organismes vivants possèdent une échelle et une taille optimale (cf. « Numérique : la taille cet impensé« ), sont soumis à des limites de complexité. Pour Servigne, nous devons faire le deuil « de notre irrépressible besoin de contrôle, de sécurité et de prédiction » du fait de la complexité même de nos sociétés, et être capables de mieux accepter le risque pour mieux le prendre en compte. Nous sommes certainement plus près d’un pic de l’urbanité qui annonce un nouvel exode urbain que le contraire, conclut-il. Et c’est à cela que nous devrions nous préparer.

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