La 27e Région @la27eregion) publie une intéressante synthèse signée d’une jeune sociologue, Cécilia Barbry, consacrée à un nouveau modèle de management des politiques publiques. « L’evidence-based policymaking (EBPM) consiste à élaborer les politiques publiques à partir de la preuve (evidence) de ce qui marche, plutôt que de ce que les politiciens pensent être la meilleure solution. » Cette volonté d’inscrire les politiques publiques sur des faits est un moyen de dépolitiser les politiques publiques, explique Cécilia Barbry dans la première partie de sa synthèse. « L’EBPM est basé sur une approche linéaire et rationnelle des politiques publiques. C’est-à-dire que, dans l’idéal, le décideur public observe un problème, recherche des solutions potentielles, les compare, et la solution qui fonctionne le mieux est ensuite appliquée. » Ce qui suppose de mieux partager les solutions, comme le propose le réseau des what works centers soutenu par le gouvernement britannique depuis 2014 ou l’Alliance 4 Useful Evidence.
Dans une deuxième partie, la sociologue revient sur les limites de ces politiques. Si le modèle théorique semble idéal, dans le concret, implanter des solutions n’est pas si simple, rappelle Cécilia Barbry en pointant longuement et par le détail tous les problèmes que porte l’EBPM. L’EBPM ne s’annonce pas comme une « solution miracle » permettant d’apporter des réponses simplistes et naïves à des problèmes extrêmement complexes. Mais elle semble un outil de plus pour tenter de toujours mieux armer les politiques publiques…
MAJ : Pour la vie des idées, le sociologue Jules Simha montre que l’expérimentation sociale semble finalement avoir peu de rapports avec la rationalisation de l’action publique. L’évaluation et la caution scientifiques relèvent plus d’une légitimation politique qu’autre chose.