Quel « nootropique » pour quel génome ?

Les utilisateurs de nootropiques s’intéressent aujourd’hui à la génomique personnelle, nous apprend Motherboard. Comme le définit l’article, un nootropique est « une certaine quantité de vitamines, de nutriments et de médicaments que les personnes combinent en cocktails… dans le but d’améliorer leur fonction cognitive, leur bien-être quotidien et leur santé à long terme ». Il ne s’agit donc pas (forcément) de « smart drugs » comme la ritaline ou le modafinil…, plutôt ici de compléments et restrictions alimentaires.

Mais comment en effet savoir si un « nootropique » possède les qualités nécessaires à ce qu’on attend et ne provoquera pas d’effets secondaires ? A cette fin, les adeptes se tournent aujourd’hui vers la génomique personnelle.

Pour cela, il faut passer bien sûr par un site d’analyse d’ADN comme, le plus célèbre d’entre eux 23andme, puis ensuite le soumettre à d’autres sites, comme Promethease, Nutrahacker ou DNAFit, qui effectueront une analyse plus spécifique des gènes. Selon Mensal Denton, qui tient le site nootropedia, « Ce n’est qu’avec ces autres outils que les données de 23andMe deviennent réellement utiles, c’est donc un phénomène relativement nouveau », à l’image des nouvelles applications que propose Helix avec sa plateforme d’analyse d’ADN que nous avions récemment évoqué.

Par exemple, cela peut permettre de détecter la présence de gènes provoquant une déficience en vitamine D, ce qui peut amener à conseiller de prendre des suppléments… On peut également apprendre comment son corps métabolise la caféine, et agir en conséquence… Quelqu’un qui la métabolise lentement peut réaliser que la caféine le rend anxieux ou qu’elle peut augmenter son risque cardiovasculaire par exemple.

Des sites comme Vinome proposent ainsi de vous conseiller du vin selon vos particularités génomiques. DNAFit a fait un partenariat avec la chaîne de restaurants britannique Vita Mojo pour proposer des menus personnalisés et adaptés aux résultats délivrés par les tests génétiques.

Est-ce sérieux ? Le professeur Nathaniel Comfort a expliqué au journaliste de Motherboard que : « Si cela permet d’économiser de l’argent en signalant qu’il est inutile pour une certaine personne d’utiliser un supplément particulier, par exemple, je n’y vois aucun inconvénient. Mais dissimulée en arrière-plan, il y a toujours cette idée que vous êtes votre génome. Ce type de pop-science suppose inévitablement plus de certitudes que nous n’en possédons vraiment, car l’environnement, l’humeur, le régime alimentaire et le reste de votre génome affectent tous ces types d’effets métaboliques. »

Ce à quoi Denton réplique que ce genre de service n’est qu’une ressource supplémentaire, à utiliser parmi d’autres…

L’un comme l’autre semblant oublier que ces systèmes favorisent la dissémination d’informations génomiques, donc éminemment personnelles, de service en service. Ainsi que le fait que ces services semblent nous faire glisser, insidieusement, de la gestion du risque à l’injonction comportementale. Pourrons-nous demain manger autre chose que ce qui nous est recommandé ?

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