Dans la grande famille des CivicTech (les technologies au service de la citoyenneté, cf. « CivicTech : la démocratie a-t-elle un modèle économique ? » et « Les innovations démocratiques en questions »), on connaissait déjà les GovTech (technologies de gouvernement, c’est-à-dire les plateformes au service des autorités pour assurer leur développement numérique à l’image des plateformes de consultations citoyennes comme le propose Cap Collectif) et les PolTech (les technologies politiques, qui regroupent plutôt des outils au service de la politique, allant des plateformes de mobilisation comme Change.org aux logiciels de gestion de la relation militante, comme NationBuilder)… Il va désormais falloir compter sur le renouveau des outils de lobbying via des outils de gestion des relations gouvernementales (Government Relationship Management, faisant référence aux outils de gestion de la relation clients, CRM), nous apprend Politico, tels Fiscal Note, GovPredict, Bloomberg Government ou Quorum

Ces outils qui visent à « automatiser Washington » agrègent une multitude de données, allant de projets de loi aux comptes Twitter ou Facebook des députés et de leurs équipes pour surveiller ce dont bruisse la capitale américaine, permettant de surveiller sujets et personnes et de mieux les cibler. Ces logiciels sont capables d’analyser des millions d’informations pour tenter d’en tirer du sens. Ils analysent les projets de loi, des documents réglementaires, l’historique des votes, identifient ceux qui les soutiennent et leurs relations…

Comme l’explique Tim Hwang, le PDG de FiscalNote dans une interview pour Entrepreneur  : « Nous regroupons les lois, les règlements et les documents gouvernementaux de milliers d’organismes fédéraux, étatiques et locaux. Nous utilisons l’intelligence artificielle pour les structurer et les normaliser, puis nous fournissons des flux de données personnalisés aux entreprises pour prédire ou montrer comment le gouvernement peut avoir un impact sur leurs activités. Nous offrons des outils aux équipes juridiques et aux lobbyistes pour travailler sur les problèmes qui touchent ou impacteront leurs entreprises » (voir également la vidéo promotionnelle de FiscalNote qui permet de saisir un peu son fonctionnement). Rien de moins.

Ces outils d’analyse de données commencent à avoir à leurs actifs leurs premières réussites, souligne Bloomberg en revenant par exemple sur l’utilisation par Wallmart d’un de ces outils pour lutter contre un projet de loi qui allait à l’encontre de ses intérêts. Des outils d’analyse de données, très coûteux, qui se présentent comme un complément du lobbying traditionnel, venant encore un peu mieux armer ceux qui avaient déjà le plus de moyens pour défendre leurs intérêts. Des outils qui posent des questions quant à l’inflation et l’automatisation législatives, qui semblent ne plus pouvoir être pilotées autrement que via des outils d’analyses automatisés… A se demander, comme le pose une conférence organisée par l’université de Pennsylvanie, si nous n’allons pas vers un gouvernement pour les gens, par les robots ?

Reste que dans cette question de l’automatisation de la vie politique, la réponse n’est peut-être pas si univoque. Face au développement de techniques de spamming, comme celles qu’a connues la FCC lors de la mise en discussion de la question de la neutralité au printemps dernier (le site de discussion de la FCC a reçu quel que 22 millions de commentaires largement automatisés, comme le pointaient Le Monde ou Wired), ce sont les outils de FiscalNote qui ont permis d’en fournir une analyse.

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